• 14 décembre 2024 11 h 14 min

Association GEMPPI - SECTES INFOS

Aide aux victimes de dérives sectaires / Informations / Sensibilisation / Formations

Temps de lecture : 141 min.

Le Saint-Siège demande la fermeture des pensionnats tenus par les Hérauts de l’Évangile

Céline Hoyeau, La Croix 13/09/2021… Le Vatican aurait décidé de fermer tous ses pensionnats afin de protéger les enfants et adolescents des risques élevés de violences psychologiques et sexuelles auxquels ils étaient exposés. Une mesure inédite.

Cette décision intervient alors que le Saint-Siège aurait recueilli des « informations » et des plaintes de la part de parents qui avaient confié leurs enfants aux Hérauts. Déplorant une « discipline rigide » et la mise à l’écart des familles, coupées progressivement des jeunes pensionnaires, le Vatican aurait décidé que, pour prévenir des « abus de conscience et emprise », les mineurs « admis à quelque titre que ce soit » parmi les Hérauts ou bien résidant dans leurs maisons, collèges et couvents, retournent « vivre dans leurs familles et à la charge de leurs parents », et ce, avant juin prochain.

3 000 dans le monde – Les Hérauts de l’Évangile sont une communauté ultra-conservatrice fondée en 1999 par un prêtre brésilien, Joao Scognamiglio Clà Dias, dans le contexte de la nouvelle évangélisation, et approuvée officiellement par le Conseil pontifical pour les laïcs sous le pontificat de Jean-Paul II en 2001. Elle s’est donnée pour mission de diffuser le culte marial, en particulier la dévotion à Notre-Dame de Fatima.

Les Hérauts sont du reste une émanation de la Société pour la défense de la tradition, de la famille et de la propriété (TFP), un mouvement brésilien de droite et traditionaliste fondé en 1960 à São Paulo par l’écrivain catholique Plinio Corrêa de Oliveira, qui s’est caractérisé par sa lutte intense contre le communisme et le « progressisme catholique ». Mgr Clá Dias était un ancien membre de TFP dont il a démissionné après la mort d’Oliveira en 1995…D’étranges exorcismes

L’association a fait l’objet d’une enquête du Vatican, lancée en 2017, après la révélation de séances d’exorcisme pratiquées selon un rituel hétérodoxe, au cours desquelles les officiants auraient dialogué avec le diable. Exorcismes dénoncés alors par le journaliste italien Andrea Tornielli, aujourd’hui directeur éditorial du dicastère pour la communication au Vatican.

Le fondateur des Hérauts de l’Évangile, aujourd’hui âgé de 82 ans, a remis sa démission en juin 2017. Que ce soit dans sa version française ou brésilienne, le site Internet des Hérauts le présente dans des termes hagiographiques sans en faire mention.

Toujours est-il que la visite apostolique a mis en cause « des déficiences dans le style de gouvernement, la vie des membres du conseil, la pastorale vocationnelle, la formation des novices, l’administration des biens ». À la suite de cette enquête, en 2019, le pape François a placé la gouvernance de la communauté sous l’autorité d’un commissaire pontifical en la personne du cardinal Raymundo Damasceno Assis, l’ancien archevêque d’Aparecida.

Civitas, cette association de catholiques intégristes qui désinforme sur la pandémie pour tenter de rallier des personnes à sa cause   RTBF, 09 juillet 2021. Par Aline Wavreille et Grégoire Ryckmans.Des affiches et des autocollants de Civitas se sont multipliés dans l’espace public en France et en Belgique pour dénoncer une « dictature sanitaire ». Dans des tracts distribués chez nous, l’association catholique d’extrême droite empile les éléments de désinformation pour tenter de rallier des personnes à sa cause. Analyse du contenu et décryptage des motivations du mouvement Civitas.

Des visuels de l’association catholique Civitas, qui s’affiche comme étant « La voix du pays réel », sont apparus dans différentes communes de Belgique. Il y a d’abord eu des affiches et des autocollants pour dénoncer ce qui est appelé une « dictature sanitaire » mais aussi une « tyrannie démocratique », faisant référence à la gestion de la crise du coronavirus par les politiques.

Le visuel met en avant la figure de Bill Gates, patron de Microsoft et cible numéro 1 des théories complotistes. Mais, élément plus surprenant, les autres acteurs présents sur les affiches placardées en Belgique sont des responsables politiques français : le président Emmanuel Macron, Edouard Philippe et Jean Castex (l’ancien et l’actuel Premier ministre) ainsi qu’Agnès Buzyn et Olivier Véran (l’ancienne et l’actuel ministre de la Santé). Qui est Civitas qui signe le tract ? « C’est la branche politique de l’Eglise de la Fraternité Saint-Pie X« poursuit Manuel Abramowicz, coordinateur du journal RésistanceS. « Ce mouvement religieux catholique a été fondé en 1970 par monseigneur Marcel Lefebvre. Excommuniée de l’Église par le Vatican en 1988 pour pratiques révolues, cette Eglise poursuit seule sa croisade contre les ‘fausses religions’ (juive, musulmane et protestante) au sein d’infrastructures développées dans le monde entier, à partir de sa ‘capitale’ installée à Écône, dans le Valais suisse », lit-on encore dans le journal RésistanceS. Cette Eglise est en rupture avec Rome depuis le Concile Vatican II (entre 62-65) que l’Eglise en question considérait comme trop moderniste…

Marc Fassier et Ingrid, religion d’amour

Bernadette Sauvaget – Libération, 7 juillet 2021. Le curé des Lilas et la musicienne, qui vivent en couple, sont sortis de la clandestinité au grand dam de l’Eglise catholique. « Nous avons été sanctionnés plus sévèrement que lorsqu’il s’agit de prêtres pédocriminels »

Le nombre d’incendies d’églises catholiques canadiennes ne cesse d’augmenter ces dernières semaines, moins d’un mois après la découverte des tombes autochtones anonymes.

Claire Riobé, La Croix 05/07/2021. Au moins une dizaine d’églises ont été incendiées et vandalisées au Canada ces dernières semaines, après la découverte traumatique d’un millier de tombes autochtones anonymes sur les sites d’anciens pensionnats catholiques du pays. Bien qu’aucun lien direct n’ait encore été établi entre les deux événements, huit des dix églises incendiées se trouvaient dans les territoires des Premières nations (peuples autochtones canadiens), en Colombie-Britannique…Depuis le XIXe siècle jusqu’aux années 1960, plus de 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été contraints de fréquenter des écoles gouvernementales canadiennes, dans le cadre d’une campagne visant à les assimiler de force à la société. Ces institutions étaient dirigées en majeure partie par des congrégations religieuses catholiques, sous l’autorité du gouvernement fédéral, mais également par des institutions protestantes, anglicanes ou presbytériennes. D’après les chiffres d’une récente commission fédérale, sur les 150 000 enfants qui ont fréquenté ces pensionnats, 6 000 d’entre eux n’en seraient pas sortis vivants…

Un évêque argentin proche du pape bientôt jugé pour abus sexuels 

Xavier Le Normand, La Croix 08 Aôut 2021. Un procès contre Mgr Gustavo Óscar Zanchetta, accusé de faits d’abus sexuels contre deux séminaristes, se tiendra en octobre en Argentine. Cet évêque est réputé proche du pape François.

Le père Marie-Michel Hostalier renvoyé de l’état clérical 

Céline Hoyeau, La Croix le 16/09/2021. Cet ancien carme, incardiné dans le diocèse de Valence (Drôme) après avoir participé à la fondation de l’école d’évangélisation « Jeunesse Lumière » et cofondé une communauté d’esprit carmélitain, a été condamné par Rome pour des « délits graves sur des adultes »… La décision de son renvoi de l’état clérical a été prise à la suite d’ « informations reçues à l’évêché de Valence » concernant le prêtre « à propos de délits plus graves touchant des adultes » et après « une enquête et un procès menés en lien avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi », selon le communiqué publié le 10 septembre sur le site du diocèse de Valence. Les faits porteraient sur des femmes majeures dans le cadre de l’accompagnement et remonteraient à de nombreuses années. « L’évêque de Valence et toute l’Église diocésaine expriment aux personnes victimes leur douleur, et les assurent de leur soutien », peut-on lire. Incardiné comme prêtre diocésain dans le diocèse de Valence en 2010, après être longtemps resté carme avec le statut d’exclaustration, Marie-Michel Hostalier avait été accueilli en 2018 dans le diocèse de Toulon par Mgr Dominique Rey pour une période ad experimentum d’un an. L’évêque de Toulon avait nommé un assistant ecclésiastique pour l’accompagner, lui et une religieuse, dans son projet de fondation d’une nouvelle communauté qui serait appelée « Communion du Cœur immaculé de Marie ». Mais en juin 2019, un décret du diocèse de Valence adressé au diocèse de Toulon, faisant état d’un « ascendant psychologique » du père Hostalier sur des personnes et d’« actes plus graves » et ouvrant la voie à une enquête, a mis un stop à l’expérimentation. « Dès que j’ai été alerté, explique Mgr Rey, je lui ai demandé de quitter tout ministère ».

Un prêtre arrêté après avoir utilisé l’argent de la paroisse pour financer des soirées gays

PAR DONALD PADGETT – Out.com – 23.09.2021. Un prêtre catholique italien a été arrêté et accusé d’avoir volé plus de 100 000 dollars à sa paroisse, qu’il a ensuite utilisés pour financer des soirées homosexuelles alimentées par la drogue avec son colocataire.

Le père Francesco Spagnesi, 40 ans, a été assigné à résidence après que les autorités ont eu reçu un tuyau selon lequel son colocataire achetait et importait du GHB, une drogue du viol, qu’il vendait ensuite aux invités de ses soirées sexuelles. Selon le Corriere, Spagnesi aurait avoué à ses avocats et a promis de dédommager intégralement les paroissiens dont il a été la victime… En 2017, l’Église catholique a appris que des orgies alimentées par la drogue avaient lieu dans les appartements d’un assistant de haut rang au sein même du Vatican. La police du Vatican aurait reçu des plaintes de voisins concernant des bruits forts provenant de la résidence du secrétaire. La police serait entrée dans l’appartement pour y trouver des hommes engagés dans des activités sexuelles et des drogues. (Deepl traduc)

https://www.out.com/crime/2021/9/23/priest-arrested-after-using-parish-money-fund-gay-sex-parties

Abus sexuels dans l’Eglise : les premières lumières accablantes de la commission française.

7 août 2021. Son président se dit sidéré et bouleversé par l’ampleur et la gravité des témoignages reçus. Chargée d’établir les faits sur les abus sexuels commis dans l’Église en France depuis 1950, une Commission vérité d’un genre nouveau – non étatique – recueille depuis plus d’un an des témoignages et planche sur les réponses à apporter aux victimes… « Je suis frappé par la dévastation intérieure que provoque un abus sexuel commis par un clerc », constate Antoine Garapon, en charge, avec trois autres commissaires de la Ciase, du groupe de travail Victimes, responsabilité, réparations. Chaque mot de Jean-Marc Sauvé est mûrement pesé. Ce haut fonctionnaire français, vice-président du Conseil d’Etat entre 2006 et 2018, préside la Commission indépendante des abus sexuels dans l’Église (Ciase) depuis le 13 novembre 2018…

Face à la multiplication des scandales d’abus sexuels dans l’Église à travers le monde, les pays ont en effet « procédé par vagues » explique Astrid Kaptijn, professeure de droit canonique à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, et membre de la Commission. À l’initiative du gouvernement ou de l’Église catholique, plusieurs commissions ont vu le jour en Irlande (2009), en Belgique (2009), aux Pays-Bas (2010), en Australie (2012) ou encore en Allemagne (2013) … L’autre tâche de la Ciase consiste à écouter les nombreuses victimes.… A ce jour, France Victimes a reçu 5.000 appels et 1.500 questionnaires… La Ciase n’a qu’un rôle consultatif. Cependant, « nous serons obligés de nommer les actes : ce qui relève de l’agression sexuelle ou d’actes plus graves, comme le viol », souligne Sauvé, qui se dit sidéré et bouleversé par l’ampleur et la gravité des témoignages reçus. Des recommandations sont données aux victimes de crimes non prescrits : « Les articles 434-1 et suivants du code pénal nous oblige, comme toute personne en ayant connaissance, à dénoncer les crimes et un certain nombre de délits, en particulier de mauvais traitements ou d’agressions sexuelles sur mineurs », indique-t-il… La Commission doit rendre son rapport fin 2020 à la Conférence des évêques de France et Conférence des religieux et religieuses de France. Ce rapport sera public.

Source : Abus sexuels dans l’Église : les premières lumières accablantes de la Commission française. 27 AVRIL 2020 PAR CLÉMENTINE MÉTÉNIER, POUR JUSTICEINFO.NET

https://www.ccmm.asso.fr/abus-sexuels-dans-leglise-les-premieres-lumieres-accablantes-de-la-commission-francaise/

Qui sont les religieux mis en examen pour avoir incendié des antennes-relais ? 

Arnaud Bevilacqua, la Croix, 21/09/2021. Deux religieux d’un couvent lié à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, situé à Villié-Morgon (Rhône), ont été mis en examen, la semaine dernière, pour s’en être pris à des antennes-relais par opposition au déploiement de la 5G.

L’Église catholique de Pologne reconnaît avoir abusé de 368 enfants entre 2018 et 2020

Monika Scislowska – Associated Press à Varsovie, Le Devoir 28 juin 2021. Dans son plus récent rapport sur les agressions sexuelles commises sur des enfants, l’Église catholique de Pologne reconnaît que 292 membres du clergé auraient abusé de 368 garçons et filles entre 2018 et 2020…Le précédent rapport de l’Église, portant sur les années 1990 à 2018, avait identifié 382 agresseurs soupçonnés d’avoir abusé de 625 victimes mineures. Les noms de 42 agresseurs sont apparus à nouveau dans le plus récent rapport.

https://www.ledevoir.com/monde/europe/614310/l-eglise-catholique-de-pologne-reconnait-avoir-abuse-de-368-enfants-entre-2018-et-2020?fbclid=IwAR0abMcaLE3h7msumia9aWNOtgm4E8AHd0G6Wg9eX1xHJOFvGhVliT_PYF4

Lutte contre les abus sexuels : Les Nations unies adressent une lettre au Saint Siège

23 juin 2021 – Plusieurs experts des Nations unies ont rédigé une lettre adressée au Vatican dans laquelle ils remettent en cause les actions mises en place par l’Eglise catholique pour protéger les enfants contre les abus sexuels…Ils reconnaissent toutefois « avec satisfaction » quelques avancées du côté du Saint-Siège dont l’abolition du « secret pontifical dans les cas d’abus sexuels » ainsi que « les premières poursuites engagées devant le tribunal pénal du Vatican pour abus sexuels et dissimulation »… La lettre se termine par dix observations pour lesquelles les signataires sollicitent la « coopération » du Saint-Siège « pour tirer au clair » les cas portés à leur attention.

Les experts souhaitent également que des mesures adaptées soient mises en place « pour mettre fin aux violations présumées et prévenir qu’elles ne se reproduisent » ce qui devrait envoyer un « signal clair à tous les membres de l’Eglise catholique que ces violations ne seront plus jamais tolérées ». Camille Westphal Perrier – https://www.infochretienne.com/lutte-contre-les-abus-sexuels-les-nations-unies-adressent-une-lettre-au-saint-siege/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=lutte-contre-les-abus-sexuels-les-nations-unies-adressent-une-lettre-au-saint-siege&goal=0_bb2f45a91d-d8a8bd2066-109470697&mc_cid=d8a8bd2066&mc_eid=cc27b1ded4

Paray-le-Monial : quand des catholiques intégristes s’opposent aux vaccins Covid-19 devant un vaccinodrome.

 Le Bien Public – 02 mai 2021 -Une quarantaine de membres de l’association Civitas, mouvement d’extrême droite et catholique intégriste, sont rassemblés devant le vaccinodrome de Paray-le-Monial ce dimanche. C’est une mobilisation étonnante que relaient ce dimanche nos confrères du Journal de Saône-et-Loire. A Paray-le-Monial, une quarantaine de catholiques intégristes de l’association Civitas se sont rassemblés ce 2 mai devant le vaccinodrome de la ville saône-et-loirienne. Dénoncer la  »dictature sanitaire ». Une action pour montrer leur opposition à la vaccination mais aussi pour lutter contre la « dictature sanitaire » et défendre les « libertés fondamentales, face aux mesures imposées par le gouvernement ». Cette mobilisation a été encadrée par les gendarmes mais n’a pas provoqué de trouble puisque ce centre de vaccination est fermé le dimanche.

Tours : une psychologue scolaire condamnée

La Nouvelle République, 05 Juin 2021 – Une psychologue scolaire « voulait exorciser un élève »

Tribunal Correctionnel de Tours – Elle tentait de faire adhérer des élèves à ses croyances. Une psychologue scolaire a été reconnue coupable, jeudi, par le tribunal correctionnel Tours et condamnée à 1.000 euros d’amende. Elle devra verser les sommes de 500 et 886 euros aux deux élèves qui s’étaient constitués partie civile pour les différents dommages qu’ils ont subis. Un vrai « soulagement, pour la mère de l’un d’eux. Ils sont enfin reconnus comme victimes et vont pouvoir commencer à se reconstruire ». Entre le 29 juillet et le 15 novembre 2019, la psychologue scolaire avait notamment conseillé à la maman d’un garçon de 12 ans de l’emmener voir un curé tourangeau pour qu’il « l’exorcise de ses maux ». Après avoir interdit à son fils de la revoir, la mère du petit garçon retrouve dans son sac d’école, de la littérature religieuse, des médailles de saints par dizaines, des pierres « miraculeuses ». Très marqué par cette période, le garçon est toujours suivi par un psychologue, deux ans après les faits : « Les menaces de malheurs qu’elle faisait planer sur notre famille s’il parlait de leurs échanges l’ont beaucoup tourmenté », explique sa mère. Soigner la bipolarité sans médicaments

  À un autre élève de troisième soigné pour bipolarité, la psychologue aurait conseillé d’arrêter tout traitement médicamenteux. Les parents avaient fait appel à la Miviludes, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires, pour débloquer la situation. « C’est grâce à eux que notre parole a eu un poids face à l’inspection académique et au rectorat. Avant, personne ne nous prenait au sérieux, alors que tout le monde savait », souligne l’une des mères d’élève.

Début du procès tant attendu des légionnaires du Christ

Par Miguel Perlado -13 mai, 2021 – Proceso (Mexique), Irene Savio, 13.05.2021 – Cinq hauts représentants des Légionnaires du Christ – la congrégation fondée par le Mexicain Marcial Maciel – seront assis sur le banc des accusés à Milan à partir de ce jeudi 13 mai, accusés de tentative d’extorsion et d’entrave à la justice : ces accusés auraient négocié des accords de confidentialité depuis 2013 pour protéger l’ancien prêtre Vladimir Reséndiz Gutiérrez, déjà condamné par la justice italienne. Entouré d’une grande attente de la part des associations de victimes et d’anciens légionnaires, en raison des répercussions qu’il pourrait avoir, un procès sans précédent doit s’ouvrir ce jeudi 13 à 11 heures à Milan, dans lequel sont accusés cinq hauts représentants des Légionnaires du Christ, l’organisation catholique mexicaine discréditée. Le procès est historique car jamais auparavant en Italie des membres de cette organisation n’ont été mis sur le banc des accusés pour leur gestion d’un cas d’abus. Les cinq prévenus – dont certains sont des citoyens mexicains – sont accusés de tentative d’extorsion et d’entrave à la justice…Toutefois, la nouvelle de l’ouverture du procès, dont la première audience ne sera probablement consacrée qu’à des questions de forme et servira à fixer la date de la prochaine audience, intervient après un flot incessant de victimes qui, depuis que l’affaire Reséndiz Gutiérrez est connue, ont décidé ces dernières années de révéler les abus subis, tandis que le nombre de celles qui envisagent une nouvelle action en justice contre l’organisation a également augmenté. Un exemple en est la récente plainte déposée devant un tribunal du Connecticut aux États-Unis par cinq hommes et une femme qui ont dénoncé, les 14 et 15 avril, avoir été abusés dans des écoles de la Légion du Christ du New Hampshire et de Rhode Island dans les années 1990, alors que les victimes n’avaient pas encore atteint l’âge de la majorité.

(Deepl traduc) https://www.hemerosectas.org/legionarios-cristo-99/

La Légion du Christ fait l’objet de nouvelles plaintes pour abus sexuels

DAVE COLLINS – AP News – 26 avril 2021 – HARTFORD, Conn. (AP) – La Légion du Christ, un ordre catholique romain disgracié par des abus sexuels commis par son fondateur et d’autres membres du clergé, fait face à de nouvelles allégations d’abus sexuels sur des enfants dans des procès intentés ce mois-ci dans le Connecticut, où elle est basée. Cinq hommes et une femme ont poursuivi l’ordre devant un tribunal fédéral les 14 et 15 avril, affirmant avoir été victimes de crimes sexuels lorsqu’ils fréquentaient des écoles gérées par la Légion du Christ dans le New Hampshire et le Rhode Island dans les années 1990 alors qu’ils étaient enfants.                                        

 (Deepl traduc.)      https://apnews.com/article/nh-state-wire-lawsuits-religion-sexual-abuse-by-clergy-07f4d475c6ca611518e8d9c5b3f9c8e9

Abus de faiblesse, harcèlement moral : Mgr Lafont et l’Église de Guyane en pleine tourmente 

La Croix 06/04/2021, par Héloïse de Neuville. Le Vatican a ouvert une enquête canonique vendredi 2 avril pour vérifier des accusations portées contre Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne de 2004 à octobre 2020. Perturbée par ces affaires, l’Église de Guyane qui attend la nomination d’un nouvel évêque, souffre de divisions et d’une perte de crédit moral auprès des fidèles. Ce dimanche 18 octobre 2020, le commissariat de Cayenne reçoit, dans la soirée, un appel déroutant. Au bout du fil : Mgr Emmanuel Lafont. Celui-ci se plaint d’être menacé physiquement par un jeune sans-papiers qu’il héberge à l’évêché. Quelques minutes plus tard, les forces de l’ordre arrivent sur les lieux et arrêtent José (1), un Haïtien de 27 ans. Mgr Lafont porte plainte contre le jeune homme pour « vol avec violence sur personne vulnérable et dégradation ». Une enquête préliminaire est ouverte par le procureur de Cayenne le lendemain. Dans la foulée, une confrontation est organisée entre les deux protagonistes : leurs déclarations sur les circonstances de l’altercation et la nature de leur relation divergent radicalement. Le jeune Haïtien affirme que l’évêque l’hébergeait à l’évêché et l’aidait à obtenir des papiers en échange de relations sexuelles. Ce que l’ecclésiastique nie farouchement. Libéré après une journée et demie de garde à vue, José, alors en situation irrégulière, attendra d’obtenir l’asile pour porter plainte à son tour contre Mgr Lafont « pour abus de faiblesse »… Plusieurs laïcs, hier engagés dans l’Église, reconnaissent avoir jeté l’éponge. « Depuis l’arrivée de Mgr Lafont, j’ai vu le diocèse se dégrader spirituellement. Beaucoup de catholiques ont rejoint les évangéliques, en pleine expansion ici », soupire Romaine Assard, directrice de Radio Saint-Gabriel, l’antenne catholique locale.

Abus chez Marie-Jeunesse : les témoignages se multiplient

Présence – Par François Gloutnay – 15.02.2021- Québec -Canada-

Demande de recours collectif – «De nombreuses personnes ont vécu, dans Marie-Jeunesse, de graves problèmes psychologiques, spirituels et physiques, parfois durables.»

Julie Tanguay, 34 ans, a relu plusieurs fois le message qu’elle venait de rédiger sur «l’année assez noire» qu’elle a vécue, jeune adolescente, au sein d’une maison de la Famille Marie-Jeunesse (FMJ)… «J’ai perdu toutes ces années de ma vie parce que mon engagement n’était pas vraiment libre», ajoute de son côté Sophie. «Et c’est aussi ce que Pascal Perron dit dans le recours collectif. Il n’était pas vraiment libre de s’engager parce qu’il y avait la pression de Réal en arrière. Beaucoup de jeunes ont vécu cela, tout comme moi», ajoute Sophie…Tous les problèmes viennent du fait que «la communauté a influencé ces jeunes en leur disant que leur vocation était d’être religieux alors qu’ils n’avaient même pas conscience de ce que cela voulait dire». Elle y voit de la «manipulation psychologique et affective».

Valérie Carrier n’est pas d’accord. Elle reconnaît certes que «c’est exigeant, la vie communautaire». Mais elle a vécu son année Pentecôte comme «un défi qui l’a fait énormément grandir»… Joseph croit que la communauté qu’il a fréquentée durant une année ne mérite certainement pas d’être aujourd’hui ostracisée. Ce que Marie-Jeunesse propose comme idéal «est extrêmement noble». Ce que ses membres souhaitent, c’est d’«adhérer de façon concrète au message de l’évangile»…

Le problème, dit-il, en appuyant sur chacun des mots, «c’est le fondateur».

Dans le document déposé à la Cour supérieure afin d’introduire l’action collective, Réal Lavoie, ordonné prêtre après la fondation de Marie-Jeunesse, est qualifié de gourou. «C’est un terme assez fort mais je trouve que l’étiquette est plutôt bien choisie», n’hésite pas à lancer Joseph.

«Cet homme-là est un pervers narcissique», estime-t-il. Qui s’est pris à son propre piège. «À force de parler du bon Dieu, à force de le prôner, il a fini par se prendre pour lui, littéralement.»

«Par sa personnalité très narcissique, il a fait en sorte que ses désirs et ses volontés propres ont pris le dessus sur l’idéal évangélique poursuivi par la communauté. Il a profité de la vulnérabilité, de l’innocence et du manque d’expérience des jeunes, sous prétexte qu’il les aimait beaucoup», déclare Joseph, cette fois en élevant la voix… Elle aussi qualifie le fondateur de Marie-Jeunesse «d’être narcissique, manipulateur»…«Contrairement à ce que des évêques ont pu faire dans des cas d’abus sexuels, Mgr Cyr, lui, n’a pas voulu garder le silence», dit Joseph. «Il a voulu mettre sur pied une commission pour que la vérité se fasse. C’est tout à son honneur. J’admire son audace», dit-il.

Sophie n’est pas d’accord.  L’archidiocèse doit reconnaître sa responsabilité. «On aurait dû nous protéger. On était si jeunes. L’erreur du diocèse est de ne pas avoir vu que Réal commettait des abus spirituels. Nous, on ne pouvait pas le voir parce qu’on était trop jeunes. On était à l’âge où on a plein d’idéaux, où l’on est passionné, où l’on donne tout.»

Julie Tanguay va plus loin. «L’archidiocèse de Sherbrooke connaissait très bien la situation à l’intérieur de Marie-Jeunesse. Beaucoup de personnes ont témoigné de leurs expériences à des responsables de l’archidiocèse. C’était très connu.» Selon elle, l’Église avait «tous les outils pour intervenir et faire en sorte que des changements soient opérés et que ces abus ne se produisent plus».

Elle reconnaît que, dans l’Église catholique, on fait aujourd’hui «beaucoup pour prévenir les abus contre les enfants». Mais elle déplore son «inaction pour toutes les autres formes d’abus».

«Ce qui me heurte le plus, c’est l’inhabilité de l’Église catholique à réagir. À être honnête, tout simplement. On sait qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Alors faisons en sorte que nos bottines suivent nos babines.»…

Répondant auprès des médias pour la Famille Marie-Jeunesse, le père Jean-François Pouliot indique que «Réal ne peut commenter pour laisser le processus judiciaire suivre son cours». Réal Lavoie n’était pas prêtre lorsqu’il a fondé la FMJ en 1982. Il a été ordonné le 14 mai 2005 et il est incardiné dans l’archidiocèse de Sherbrooke. «Actuellement, il est interdit de ministère, tout comme n’importe quelle personne visée par des allégations», indique Eliane Thibault. Elle ajoute que puisque «le dossier est devant les tribunaux, l’archidiocèse de Sherbrooke n’accordera aucune entrevue à cet effet. Nous laissons la justice suivre son cours.» Quant au nouveau chancelier de l’archidiocèse, l’abbé Francis Gadoury, «il n’accordera aucune entrevue en lien avec cette affaire». De 2016 à 2018, l’abbé Gadoury a été le serviteur général de la FMJ.

*Prénom fictif, pour préserver l’anonymat.                  

http://presence-info.ca/article/abus-chez-marie-jeunesse-les-temoignages-se-multiplient

163 cas traités par la cellule des dérives sectaires dans l’Église

Céline Hoyeau, La Croix 14 juin 2019 – Pilotée par Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne,

la cellule chargée des dérives sectaires dans l’Église a dressé, mercredi 12 juin, un bilan de son travail depuis sa création en 2015. Depuis sa création en novembre 2015, la cellule des dérives sectaires au sein de l’Église catholique a traité 163 cas. Ces cas sur lesquels elle a été saisie concernent des groupes se réclamant de l’Église catholique (de guérison, charismatiques, ou encore traditionalistes), des communautés (aussi bien nouvelles qu’anciennes), des congrégations religieuses, des mouvements et individus (13 prêtres), selon un bilan présenté à la presse mercredi 12 juin, peu avant la diffusion d’un documentaire sur l’emprise et l’abus sexuel, au siège de la Conférence des évêques de France à Paris…

La famille monastique de Bethléem poursuit son chemin de rédemption

Golias, 4 février 2021 – Fondée en 1950, la famille monastique de Bethléem a annoncé, dans un communiqué de presse du 5 janvier 2021, la mise en place d’une cellule d’écoute indépendante. Son but, précise la prieure générale Sœur Emmanuel, est « de faire œuvre de justice et de réparation pour les personnes qui ont été blessées au sein de notre Famille ». Cette communauté compte environ 550 sœurs réparties dans 29 monastères et 15 pays. C’est suite à une visite apostolique qu’a commencé l’examen de conscience de cet institut religieux de droit pontifical, de son nom l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno : la famille monastique de Bethléem. Il faut dire que les témoignages de dérives, quant à la gouvernance et à la mécanique d’aliénation ne manquaient pas de se répandre sur les sites des associations contre les dérives sectaires. Après plusieurs alertes lancées par Golias dès les années 2000, c’est l’enquête de La Vie, en 2001, « Des gourous dans les couvents »1, qui focalise toutes les attentions sur cette communauté. Mais c’est le témoignage éprouvant de Fabio2, recueilli en 2014 par l’Envers du Décor, qui fait toute la lumière sur les déviances théologiques de la Famille de Bethléem. Cet ancien supérieur vient de passer vingt-quatre ans dans la communauté et en a dressé une analyse minutieuse et critique. Dans l’article de La Vie, Françoise dévoile la manipulation subie par sa fille, par l’intermédiaire de supposés messages de la Vierge Marie. Treize ans plus tard, Fabio détaille l’emprise en expliquant l’ascendant de la prieure générale. En elle « la Vierge est présente « in persona », personnellement », et « aucune autre voie « spirituelle n’a droit de cité à Bethléem ». Une vie aussi à deux faces « un niveau apparent, en conformité avec l’Église, et un niveau secret, caché. En fait, il s’agit d’enseignements aspergés de fondamentalisme marial : on propose de vivre « en, avec, par Marie ». Conséquence ou hasard ? Une visite apostolique débute en mai 2015 pour évaluer toutes ces accusations. Elle a pour conséquence la démission de Sœur Isabelle, la prieure générale, et l’envoi par Rome d’une « feuille de route » contenant de nouvelles orientations pour conduire la réforme des constitutions. Un volume de plus de 900 pages qui aurait été modifié3 par Sœur Marie, la fondatrice de la Famille de Bethléem et ses assistantes à partir de 1988, entre la reconnaissance pontificale de la communauté et la remise de ce texte constitutionnel pour validation au Vatican. Mais, visiblement, « l’important, aux yeux de l’Église, était que le nombre total des chapitres demeure inchangé ! » précise Fabio dans le récit de son histoire. Sandrine Plaud – 

Crises dans les communautés nouvelles : trois livres pour comprendre

La Vie – Sophie Lebrun,  le 18/03/2021 – À la suite des révélations en cascade concernant les abus dans des communautés nouvelles et la mise en cause de certains fondateurs, trois livres mettent en lumière les mécanismes à l’œuvre…Luigino Bruni, bibliste, économiste et éditorialiste pour le quotidien italien L’Avvenire, aurait pu regarder la communauté à laquelle il appartient – les Focolari – faire face à un scandale d’abus en son sein sans rien dire. Mais l’homme a voulu être utile à son mouvement, qui vient d’ouvrir une commission d’enquête indépendante après la démission de toute sa direction française, en osant regarder en face les « maladies » qui peuvent atteindre les « organisations à mouvance idéale ».  Croisant une analyse des structures économiques et une réflexion autour des « lois » contenues dans la Bible, Luigino Bruni scrute les charismes et la manière dont ils doivent être constamment vivifiés et questionnés pour ne pas se figer et engendrer des « idoles » corrosives dans les communautés charismatiques…  La journaliste de La Croix, Céline Hoyeau, travaille depuis longtemps sur les communautés nouvelles. Dans son ouvrage La Trahison des pères (Bayard), son analyse se porte particulièrement sur ces fondateurs dont la face sombre se révèle ces dernières années.  Marie-Dominique et Thomas Philippe, André-Marie van der Borght, Éphraïm, Thierry de RoucyJean Vanier et une dizaine d’autres : la liste fait froid dans le dos. Ils étaient le « printemps de l’Église », décrypte celle qui confie avoir forgé sa foi dans ces communautés aujourd’hui remises en cause. Dans ce XXe siècle marqué par une sécularisation de la société dès les années 1920, deux guerres mondiales, un concile, une révolution sexuelle, ils ont été perçus comme des « prophètes ».

 Persuadés d’être les « sauveurs de l’Église », ils ont construit leur communauté sur un appel venant des croyants et conforté à leurs yeux par Dieu qui leur a envoyé des « signes » ; ils ont d’ailleurs cherché à se faire conforter par les « mystiques » de ce siècle, dont Marthe Robin, et ont érigé leur structure dans l’optique de recruter largement… Dominique Waymel, sœur apostolique de Saint-Jean, se saisit, elle, d’une grande question qui dérange : que peut signifier cette expression du credo – « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique » – dans un tel contexte ? Elle développe dans Une Église sainte ? Repères dans une période troublée (Salvator), préfacée par Anne-Marie Pelletier, une réflexion historique et théologique précieuse… 

À lire : La Destruction créatrice. Affronter les crises dans les mouvements et communautés, Luigino Bruni, Nouvelle Cité, 18€.
La Trahison des pères, Céline Hoyeau, Bayard, 19,90€ (en librairie le 24 mars 2021).
Une Église sainte ? Repères dans une période troublée, Dominique Waymel, préface d’Anne-Marie Pelletier, Salvator, 15€.

Ardèche – Projet de basilique à Saint-Pierre-de-Colombier : la justice confirme la suspension des travaux

Le Dauphiné, 05 02 2021 – Le projet est porté par de la Famille missionnaire de Notre-Dame dans le village ardéchois de Saint-Pierre-de-Colombier. Dans une ordonnance communiquée ce vendredi 5 février, le juge des référés du tribunal administratif de Lyon a rejeté le recours de la Famille missionnaire de Notre-Dame qui porte un projet de basilique (ou centre spirituel) dans le village ardéchois de Saint-Pierre-de-Colombier. Autrement dit, les travaux demeurent bien suspendus, conformément à la décision la préfecture de l’Ardèche dans son arrêté du 15 octobre dernier. Pour l’Etat, une telle suspension du chantier de « construction d’un ensemble immobilier de 19 400 m2 », pour un coût estimé à 18 millions, était nécessaire le temps de mener une étude environnementale plus approfondie. L’objectif est alors rappelé par le juge des référés : « Démontrer l’absence de tout impact résiduel négatif significatif sur les espèces protégées présentes sur le site qui fait partie du parc naturel régional des Monts d’Ardèche. » – La Famille Missionnaire a la possibilité de faire appel de cette décision.

Le nombre de victimes de pédocriminalité dans l’Eglise de France depuis 1950 pourrait atteindre   » au moins 10 000″, selon une commission indépendante

France Info 02 03 2021 – Une estimation encore provisoire, alors que ses travaux doivent être rendus fin septembre.

Un chiffre qui fait froid dans le dos. Le président de la commission indépendante qui enquête sur la pédocriminalité dans l’Eglise de France depuis les années 1950 a jugé, mardi 2 mars, que le nombre de victimes pourrait atteindre « au moins 10 000 ». Une estimation encore provisoire, alors que ses travaux doivent être rendus fin septembre.

La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) avait initialement estimé le nombre de victimes à « au moins 3 000 », en juin dernier, une estimation issue de l’exploitation d’un appel à témoignages mis en place en juin 2019 via une plateforme d’écoutes téléphoniques. Mais cet « appel à témoignages ne rend certainement pas compte de la totalité et il est possible que ce chiffre atteigne au moins 10 000 », a déclaré à l’AFP Jean-Marc Sauvé, le président de cette commission, après avoir fait un point d’étape de ses travaux devant la presse. « La grande question qui se pose à nous : quel pourcentage de victimes a-t-il touché ? Est-ce que c’est 25 % (des victimes) ? 10 %, 5 % ou moins ? », a-t-il interrogé. « Cela fait partie des travaux qui sont en ce moment en cours au sein de la commission », a-t-il ajouté, précisant que le chiffre de 10 000 serait encore affiné. En juin, Jean-Marc Sauvé, avait également estimé à 1 500 le nombre d’agresseurs, mais il n’a cette fois pas avancé d’estimation. La Ciase, mise en place en 2018 par l’épiscopat et les instituts religieux après plusieurs scandales, a d’autres travaux en cours (recherches sur différentes archives, entretiens, étude sur un échantillon de population générale). Elle a prévu de remettre son bilan et ses préconisations fin septembre.

Le diocèse de Lyon indemnise quatorze victimes de Bernard Preynat 

Malo Tresca, La Croix, le 20/02/2021 – Analyse – Selon une information dévoilée vendredi 19 février, quatorze victimes de l’ancien prêtre Bernard Preynat, condamné pour agressions sexuelles sur mineurs et insolvable, ont été indemnisées par un fonds exceptionnel du diocèse de Lyon. Sept autres, pour qui les faits ne sont pas prescrits, attendent de l’être aussi. C’est une première pour l’Église catholique de France…

Alerte au «faux prêtre» catholique de La Seyne-sur-Mer

Youna Rivallain, La Croix le 22/01/2021 … Depuis quelques semaines, un dénommé « père Laurent » officierait dans un crématorium, se disant prêtre, voire évêque catholique. Supercherie, dénonce le diocèse de Fréjus-Toulon, qui a donné l’alerte dans un communiqué de presse diffusé mardi 19 janvier sur son site Internet. « Nous avons été alertés par la Communion Saint Lazare, notre service de pastorale du deuil, qui voyait passer un homme inconnu vêtu d’une aube dans les couloirs du crématorium », raconte Yves-Marie Sevillia, directeur de cabinet du diocèse de Fréjus-Toulon. Inconnu ? Pas de tous. Car le père Laurent n’est autre que Laurent Lenne, chanteur, imitateur, ex-candidat de la téléréalité     

« Secret Story », et désormais « évêque président de l’Église apostolique et œcuménique de France », comme il le dit sur les réseaux sociaux. Originaire du Brésil, cette église schismatique est apparue en France dans le Tarn en 2019. À l’époque, l’archevêque d’Albi avait déjà mis en garde contre cette organisation…L’Église apostolique et œcuménique se dit aussi membre de la très petite Communion des Églises anglicanes libres et du Conseil international des Églises communautaires (ICC) qui rassemble 500 millions de chrétiens, mais dont l’Église catholique ne fait pas partie. La dénomination de Laurent Lenne insiste sur son caractère ouvert et inclusif, dit accueillir « les divorcés-remariés, les personnes LGBT » et accepte le mariage des prêtres et le sacerdoce féminin. Implantée en France depuis seulement un an et demi, elle compte déjà sept paroisses en France et en Belgique, dont à La Seyne-sur-Mer, « cathédrale » de cette dénomination…

Le fondateur de Palmar de Troya a excommunié le pape Jean-Paul II et le roi Jean-Charles Ier.

SOURCE : Contrainformación.es – Clemente Domínguez Gómez a été le fondateur de l’Église chrétienne des Carmélites de la Sainte Face, mieux connue sous le nom d’Église de Palmar, une division hérétique de l’Église catholique qui nomme ses propres papes, évêques et prêtres et qui est considérée par de nombreux experts comme une secte, comme le raconte Javier F. Ferrero dans Contrainformación.es. Domínguez est né à Séville le 29 avril 1946. Il est le fruit d’une enfance et d’une jeunesse difficiles, ayant reçu une éducation catholique très sévère depuis l’enfance, et marquée par la fuite du domicile de son père et, selon la confession de sa propre mère, par des facultés mentales perturbées. Il était comptable avant de se lancer dans l’aventure sectaire avec Manuel Alonso Corral, son « secrétaire d’État ». Le 30 mars 1968, quatre jeunes filles (Ana García, Rafaela Gordo, Ana Aguilera et Josefa Guzmán), âgées de 12 et 13 ans, ont déclaré que la Vierge Marie leur était apparue dans la propriété de La Alcaparrosa, à un kilomètre du village d’El Palmar de Troya, dans la province de Séville. Clemente Domínguez a visité le lieu attiré par les miracles et certains stigmates supposés et visions mystiques l’ont rendu protagoniste et ont conduit à l’oubli des quatre filles. « Mes enfants, vous êtes à la place des plus grandes apparitions du monde. Ce lieu sacré est toujours entouré par la cour céleste, car il est préparé pour le salut du monde » (supposé message de la Vierge à Clemente Domínguez le 6 janvier 1970). Dominguez, qui n’était même pas prêtre, a été ordonné évêque le 11 janvier 1974 de façon valide mais illicite selon le droit canonique, par l’archevêque vietnamien Pierre Martin Ngô Đình Thục, et a fondé l’Ordre des Carmélites de la Sainte Face. Un an seulement après sa nomination comme évêque, l’ordre fondé par le « visionnaire » avait déjà assez d’argent pour acheter une ferme de 15 000 mètres carrés en dehors d’El Palmar de Troya. Une basilique pas très modeste avec 12 tours de 40 mètres de haut chacune y était encore construite. Alors qu’il se trouvait à Santa Fe de Bogotá, il a affirmé avoir eu une vision surnaturelle, l’apparition du Christ et des apôtres Saint Pierre et Saint Paul, dans laquelle ils le nomment pape et indiquent que les cardinaux du futur conclave sont des communistes, des maçons et des athées. Il s’est proclamé pape (le « pape Grégoire XVII ») le 6 août 1978, à la mort de Paul VI. Grégoire XVII a commencé son pontificat avec force. D’un trait de plume, il condamne la messe moderne et instaure la messe tridentine. Il commence à publier des documents papaux qui canonisent des personnages tels que Christophe Colomb, Carrero Blanco ou Franco tout en excommuniant Jean-Paul II et Jean Charles Ier. Il a immédiatement été excommunié par l’Église catholique. En 1988, l’Église palmaire a obtenu sa légalisation en tant qu’entité religieuse. Cependant, elle a été contrainte de supprimer le mot « Pape » dans ses statuts, et d’en faire le « Chef de l’Ordre des Carmélites de la Sainte Face ». Au cours des années 1990, il a été accusé d’avoir abusé sexuellement de certains prêtres et religieuses de son ordre. Ce sont les prêtres de la secte eux-mêmes qui l’ont dénoncé, comme le père Tobias, qui avait quitté l’Ordre et dénoncé des abus sexuels 20 ans plus tôt. En 1997, Dominguez a reconnu ces abus et a demandé pardon. Enfin, Clemente Domínguez Gómez est décédé en 2005, à l’âge de 58 ans.

(Deepl traduc.) – Boletín electrónico de información sobre el fenómeno de las sectas y la nueva religiosidad. Nº 803 –09.01.2021 – Red Iberoamericana de Estudio de las Sectas (RIES)

Ancien nonce* condamné : le Saint-Siège « prend acte » de la décision des juges

* représentant du Pape

La Croix – Loup Besmond de Senneville (à Rome), le 18/12/2020. Le Vatican a affirmé vendredi 18 décembre son « respect pour les autorités judiciaires françaises », après la condamnation de l’ancien nonce Luigi Ventura en France à 8 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles. Trois jours après la condamnation par la justice de son ancien représentant en France, le Saint-Siège a « pris acte », vendredi 18 décembre, de la décision des juges français. « Le Saint-Siège a pris acte de la sentence prononcée contre S.E. Mgr Luigi Ventura », peut-on lire dans un communiqué de quelques lignes. « L’avocat du prélat a réaffirmé son innocence. Le Saint-Siège confirme son respect pour les autorités judiciaires françaises, avec lesquelles Mgr Ventura a toujours manifesté une volonté de collaboration », poursuivent les auteurs du communiqué. Mgr Luigi Ventura a été condamné, mercredi 16 décembre, à 8 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur quatre jeunes hommes. Au cours du procès, qui s’est tenu à Paris, les quatre hommes ont expliqué avoir subi des « mains aux fesses » de la part de l’homme d’Église. Vers un appel ? En plus de la prison avec sursis, celui qui fut nonce en France entre 2009 et 2019 a été condamné à verser à ses victimes 23 000 € comprenant les dommages et intérêts et les dépens…Mais le communiqué du Vatican ne précise pas que le nonce, dont – fait rarissime — l’immunité diplomatique avait été levée par le Saint-Siège, s’acquittera bien de cette somme. Car l’immunité levée par Rome permettait au nonce de comparaître devant une juridiction mais pas d’exécuter sa peine.

Abus : L’Église catholique perd son appel à garder secrets les noms des auteurs de sévices

Nz Herald 26 Nov, 2020.  L’Église catholique a perdu sa tentative de garder secrète l’identité des auteurs et des personnes accusées de dissimuler les abus lors de la prochaine audience de la Commission royale d’enquête sur les abus de pouvoir. L’audience, qui débutera lundi à Auckland, permettra d’entendre des survivants d’abus historiques dans le cadre de soins confessionnels, et les processus de réparation qui ont suivi. L’Église catholique – dans une demande soutenue par l’Église anglicane et l’Armée du Salut – a déclaré qu’elle avait demandé des ordonnances de non-publication parce qu’elle n’avait pas eu assez de temps pour contacter les personnes qui seraient nommées, et les familles des personnes aujourd’hui décédées… »Certains survivants attendent depuis 65 ans d’être entendus, et cette demande de dissimulation de noms associés à d’horribles abus sexuels leur a causé une énorme inquiétude. »

Lors de l’audition contextuelle de l’année dernière, les églises avaient accepté d’être ouvertes et transparentes et de se concentrer sur les victimes et les survivants tout au long du processus, a déclaré M. Heasley.

« Cette demande n’avait aucun sens, c’est le même vieux livre du secret et des dissimulations ».

La représentante de l’Eglise catholique Catherine Fyfe a déclaré qu’ils avaient demandé des ordonnances provisoires de non-publication parce qu’il aurait pu y avoir des conséquences traumatisantes pour les membres de la famille qui auraient pu ne pas savoir que ces personnes seraient nommées, et ne l’entendraient que par les médias…- La Commission royale d’enquête sur les mauvais traitements infligés aux enfants, aux jeunes et aux adultes vulnérables placés en institution de 1950 à 1999. Elle peut également examiner les expériences de maltraitance ou de négligence en dehors de ces dates. – En novembre, 2277 personnes s’étaient inscrites auprès de la Commission royale, dont 1930 ont été définies comme des survivants. Les autres sont des défenseurs des survivants et des membres de la famille des survivants. Les commissaires ont également tenu 578 séances privées…

https://www.nzherald.co.nz/nz/abuse-in-care-catholic-church-loses-bid-to-keep-names-of-abusers-secret/LWKGQPL3PW47HNLL4ADXONJ35Q/

Perpignan. Un ancien curé condamné en appel à 20 ans de prison pour viols sur mineurs

Ouest-France avec NG.- Publié le 22/09/2020. La cour d’assises de l’Aude a condamné en appel un ancien curé de Perpignan à 20 ans de réclusion criminelle pour les viols et agressions sexuelles de trois garçons mineurs. Les faits se seraient déroulés entre 2006 et 2009. Le quinquagénaire avait écopé de quinze années de réclusion en première instance. Il a l’intention de se pourvoir en cassation…

Coups, séquestration, exorcisme forcé… Enquête sur les violences conjugales chez les cathos intégristes

Timothée de Rauglaudre & Jade Serrano –NEON en octobre-novembre 2020

INFO NEON – Nous avons enquêté sur les violences subies par des femmes adeptes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, où des abbés exhortent à « la patience » les femmes battues et interviennent parfois pour les faire revenir au foyer.

« Mon mari m’a giflée, insultée, a brisé plusieurs de mes téléphones, m’a poussée dans les escaliers, m’a cramponné la tête en me la fracassant sur le volant de la voiture. » Elevée dans le milieu traditionaliste de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, Victoire*, 32 ans, a connu une enfance heureuse dans sa famille adoptive. En 2009, à 20 ans, elle épouse un homme un peu plus âgé qu’elle fréquente depuis déjà plusieurs années. Lui aussi est un fidèle de la Fraternité. Tous deux s’installent en Vendée. Selon leurs croyances de fervents catholiques, ils auront six enfants tout au long de leur relation. Pour autant, Victoire vit un calvaire. Après an d’union, son mari, déjà insultant, commence à lui donner des coups : « J’ai déposé une main courante à la gendarmerie de mon village, mais pas de plainte. J’étais encore dans la culpabilité, même si je commençais à réaliser que son comportement n’était pas normal. Il venait de me casser le sternum, c’était très grave. » La police saisit le parquet ; le mari de Victoire est condamné à 18 mois de prison dont 10 avec sursis.

Fondée en 1970, la Fraternité compte entre 150 000 et 600 000 fidèles

Tout le temps de cette union, Victoire se confie à l’abbé R., son directeur de conscience à la Fraternité, c’est-à-dire celui qui sert de confident à la famille. Il l’exhorte à la patience. « Selon lui, je paie pour mes péchés. Mon héritage socioculturel lié à mon adoption est la raison pour laquelle mon mari me bat », raconte-t-elle. Née à Madagascar, la jeune femme noire est adoptée par un couple de Français à l’âge de quatre ans. Le prêtre lui aurait même fait subir deux exorcismes. « Il disait que j’étais bipolaire. »

Société de prêtres traditionalistes attachés à la soutane et à la messe en latin, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X rejette les réformes modernistes du Vatican, y compris la liberté religieuse et le dialogue avec les autres courants chrétiens. Ni excommuniée, ni reconnue formellement par l’Église, la Fraternité est souvent qualifiée d’« intégriste ». Fondée en 1970 par l’évêque français Marcel Lefebvre, elle compterait entre 150 000 et 600 000 fidèles à travers le monde. En France, elle est parfois mentionnée dans la presse pour ses liens avec l’extrême droite, notamment le mouvement politique Civitas, connu pour vouloir « rechristianiser la France ». En 2012 et 2013, Civitas et des prêtres de la Fraternité défilaient côte à côte contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, fustigeant « l’homofolie ».

Chez les Lefebvristes, la télévision est considérée comme le Diable

A cœur du Quartier latin, à Paris, la Fraternité occupe depuis 1977 l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, son bastion parisien. Non loin du parvis de l’église, un bouquiniste vend des livres empreints de la doctrine traditionaliste. Entre la biographie du maréchal Pétain et un ouvrage sur le Ku Klux Klan, une Bible en latin. Chez les lefebvristes, la télévision est considérée comme le Diable. Les adeptes rejettent toute forme de modernité, même dans leur quotidien. D’après son rapport de 2017, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a reçu trente interrogations sur la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, notamment par des proches coupés de membres de leurs familles devenus lefebvristes.

Nous avons recueilli plusieurs témoignages de femmes qui déclarent être victimes, comme Victoire, de violences sexistes couvertes, justifiées, voire provoquées selon elles par la Fraternité Saint-Pie-X, qui n’a pas répondu à nos sollicitations d’interview. En filigrane de leurs parcours douloureux se dessine un système patriarcal de droit divin, diffusé d’après elles par la communauté intégriste dans ses préceptes religieux.

Les violences que subit Victoire de la part de son mari, et qu’elle nous raconte, sont aussi bien physiques que psychologiques ou économiques. Il lui interdit de travailler, et en vient même à brûler ses chéquiers, lui reprochant de « ne pas savoir gérer l’argent du couple ». Elle raconte qu’en 2017, l’homme lui aurait cassé une seconde fois le sternum. Victoire prend ses six enfants sous le bras et s’enfuit en voiture. Réfugiée dans un centre social, elle reçoit des appels de l’abbé R., qui la menace d’être excommuniée de la Fraternité. Il la convainc de revenir au foyer. « J’étais sous l’emprise de son charisme, de son vocabulaire ecclésiastique et évangélique. » Six mois plus tard, elle parvient tout de même à quitter définitivement son mari, par l’entremise de l’abbé R. qui le convainc d’aller vivre un temps chez sa belle-sœur. « J’allais enfin être libérée de mon bourreau. Pour la première fois, il quittait notre foyer avec un sac d’affaires. » Mais la Fraternité Saint Pie X, elle, n’en a pas fini avec Victoire…

« Pour eux c’était normal, c’était mon père qui décidait pour moi »

Un jour, d’après le récit de la jeune femme, son père et un de ses frères lui rendent visite dans sa résidence étudiante. Ils la font monter dans la voiture, lui prennent son téléphone et son ordinateur. Elle restera, durant cinq mois, séquestrée dans le couvent des dominicaines de Fanjeaux, dans l’Aude, alors géré par un prêtre de la Fraternité, l’abbé S. « Je n’imaginais pas qu’ils puissent en arriver là, pourtant je suis issue du même milieu. Le prêtre était au courant que j’étais là contre mon gré, pour eux c’était normal, c’était mon père qui décidait pour moi. »

Ses courriers sont filtrés ; elle ne peut sortir qu’accompagnée d’une sœur. Grâce à la famille de sa mère, elle parvient à quitter le couvent. Depuis, elle a coupé les ponts avec le milieu traditionaliste, malgré les lettres de son père la menaçant de se suicider, l’accusant d’avoir trahi la famille. « On doit faire un choix. Rester et respecter les règles ou partir. » …

Les pratiques sexuelles autorisées sont décrites dans un manuel

Dans sa jeunesse, elle est coupée de « l’esprit du monde », c’est-à-dire tout ce qui est extérieur à la Fraternité, selon les enseignements auxquels elle assiste au prieuré. Elle doit se cacher pour écouter, à la radio, de la musique moderne, considérée comme « diabolique ». C’est par les cercles traditionalistes qu’elle rencontre son époux à l’âge de 20 ans, en 1987. Un mariage arrangé qui signe pour elle le début de l’enfer.

Elevée dans un cocon coupé du monde extérieur, Marie est encore une jeune femme « naïve » lorsqu’elle apprend à connaître son mari : « Ne connaissant pas les hommes, je ne me rendais pas compte à quel point, sexuellement, on était à la limite de l’agression ou du viol. »

Sybille a commencé à fréquenter la communauté traditionaliste à l’âge de 30 ans, dans les années 2000. « Ça m’a pris des années pour sortir de cette secte, raconte-t-elle. A un moment, je n’en pouvais plus. » Avec sa sœur, elle suit chaque année une retraite spirituelle en Bretagne. Lors d’une de ces retraites, un abbé distribue un manuel où il décrit ce qui est permis ou non dans le domaine sexuel : « Il y avait des détails assez crus. Avec le recul, ils sont assez vicelards, limite obsédés par la question. Il y a des positions autorisées ou non. La femme a interdiction de se refuser à son mari.

Sur le site Internet des éditions de Chiré, proches de la Fraternité Saint-Pie-X, on trouve un document, réédité en 2014 par le site jesusmarie.com, intitulé Sexe catholique : le permis et le défendu. Comme Sybille nous l’a décrit, l’ouvrage est très explicite : « Uriner après l’acte conjugal n’empêche pas la conception. Ce n’est donc pas un péché. Mais si les femmes le font dans une intention perverse, elles peuvent pécher gravement. […] Le droit de demander l’acte conjugal peut se transformer en un devoir de charité, s’il convient de le faire pour éviter au conjoint de graves tentations. […] L’onanisme consiste en ceci que l’homme, après avoir commencé l’acte conjugal, se retire avant l’insémination [du vagin], et répand sa semence à l’extérieur du vase de l’épouse [c’est-à-dire à l’extérieur du vagin], pour empêcher la conception. […] Les époux pêchent mortellement quand ils répandent volontairement la semence à l’extérieur du vase légitime… Car c’est un péché contre nature, donc mortel. »

La violence est quotidienne, des brimades aux coups

Bercée dans ses rêves adolescents du « prince charmant », Marie ferme d’abord les yeux sur le comportement de son mari. Au fil des années, elle finit par se rendre à l’évidence : elle a épousé, selon ses mots, un « manipulateur pervers ». La violence est quotidienne, des brimades aux coups.

Un jour, il la poursuit dans la maison pour lui administrer un coup de pied au derrière. Elle sentira encore la douleur au coccyx au moment de son accouchement. Une autre fois, en 1998, à la suite d’une dispute sur la scolarité des enfants, Marie se retrouve à l’hôpital avec sept points de suture et la joue ouverte. Parfois, elle part une journée entière pour pleurer en cachette. La violence paternelle se porte aussi sur leurs fils, qui se retrouvent à terre, le suppliant d’arrêter.

Aurore, une des filles de Marie, se souvient d’avoir dû nettoyer le sang de son frère de 4 ans sur le mur de la cuisine : « Quand on est élevés là-dedans, on croit que c’est normal. C’est une peur entretenue pour maintenir la sécurité du foyer. » La jeune femme, aujourd’hui âgée de 19 ans, est née et a grandi dans ce milieu traditionaliste jusqu’à ses 6 ans avant de le quitter avec sa mère. « A l’école, on nous enseignait le pardon au sens où les hommes et Jésus ont pardonné à Marie-Madeleine sa prostitution. Les hommes et les abbés sont des figures intouchables et les femmes, forcément pécheresses repenties grâce à leurs pairs masculins. »

Cette vision se traduit jusque dans le style vestimentaire, comme le décrit Aurore, désormais étudiante en graphisme et « sensible aux injustices faites aux femmes ». Celles qui fréquentent la Fraternité doivent porter « des robes bien en dessous du genou », sous peine d’être jugées par les autres fidèles, ne pas se maquiller ni rire trop fort, s’attacher les cheveux. Le pantalon est proscrit.

A l’église, elles doivent se couvrir la tête avec une mantille, un voile noir en dentelle. Cette prescription, issue de la Première épître de Paul aux Corinthiens, livre du Nouveau Testament, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X l’assume pleinement. « Dieu exerce le gouvernement librement, en déléguant son autorité aux hommes, non aux femmes, peut-on lire sur La Porte latine, site internet officiel de la Fraternité. Les femmes, parce qu’elles n’ont pas d’autorité qui leur vienne de Dieu sinon par l’intermédiaire des hommes, doivent se voiler en signe de dépendance sociale. »

Face aux clients de sa ferme, Marie s’efforce de masquer au mieux les bleus et les larmes. « Le conditionnement mental est tel qu’on ne discute pas, la domination est acquise via l’autorité du mari et celle du directeur de conscience qui se retrouve à gérer les couples. Ce sont les prêtres qui interviennent, il n’y a pas de psychologues ou de présence extérieure. »

Elle nous raconte que lorsqu’elle rapporte les coups à l’abbé D., le directeur de conscience de la famille prend systématiquement le parti du père et culpabilise son épouse. Son objectif est d’éviter à tout prix un divorce: «C’est un rappel à la loi de Dieu. On ne sépare pas ce que Dieu a uni »

L’abbé lui propose 15 000 euros en liquide pour qu’elle retire sa plainte

Quant à lui, le médecin traitant de Marie pendant douze ans, traditionaliste, ne signe que des attestations médicales favorables au mari. Lorsqu’elle change de médecin, celui-ci écrit au procureur de la République une lettre, que nous avons pu consulter, dans laquelle il évoque sa rencontre avec deux des enfants du couple, qui « semblent vivre dans la peur d’une certaine violence exercée par le papa ». Après les visites répétées d’une assistante sociale, Marie décide, un beau jour d’août 2006, de partir avec neuf de ses dix enfants…Après le dépôt de plainte, l’abbé B., haut placé dans la Fraternité, commence à lui envoyer des SMS et à lui passer des coups de fil intempestifs. Nous avons écouté des enregistrements des appels. Il propose à Victoire de retirer sa plainte contre de l’argent : « Revenez avec votre mari et je vous déposerai un sac avec 15 000 euros. » Face à son refus, il la culpabilise à nouveau : « Regardez, à cause de vous, votre belle-sœur a fait une fausse couche. » Le tribunal de La Roche-sur-Yon ordonnera à l’abbé R. et au mari de Victoire une interdiction d’entrer en contact avec elle pour une durée d’un an.

https://www.neonmag.fr/coups-sequestration-exorcisme-force-enquete-sur-les-violences-conjugales-chez-les-cathos-integristes-566462.html

Savoie : la police verbalise une messe de la fraternité Saint-Pie X

– Le Dauphiné. Par S.D. – 22 03 20 – Ce dimanche matin, une patrouille de la police aux frontières a contrôlé une messe en cours sur la commune de Saint-Baldoph. Une douzaine de personnes appartenant à la fraternité Saint-Pie X, étaient réunies dans une chapelle du village. Ces derniers ont expliqué qu’ils pensaient être dans les clous au sujet du nombre de personnes tolérées pour un rassemblement religieux. Ils étaient effectivement moins de 20 personnes avec le prêtre mais la chapelle était trop petite pour que les distances de sécurité soient respectées. Selon nos informations, certains participants venaient aussi de villes trop éloignées. Les policiers les ont donc verbalisés.

Chez les chrétiens orthodoxes, “l’épidémie s’arrête aux portes des églises” – Alexandre Lévy. Courier International, 27.03.2020 – La foi protégerait-elle du Covid-19 ? À en croire l’Église bulgare, oui.

Une position largement partagée dans le monde orthodoxe, où la plupart des églises restent ouvertes. Les fidèles continuent de communier et d’embrasser les icônes et les mains des popes. Des églises aux portes grandes ouvertes et des fidèles qui y affluent pour embrasser les icônes, communier en buvant du vin d’une seule et même cuillère tendue par le pope et prier pour la santé, la sienne et celle de ses proches… À quelques détails près, de telles scènes sont encore possibles dans de nombreux pays chrétiens orthodoxes, malgré l’épidémie et les mesures par ailleurs très strictes prises par les autorités séculières des États concernés : Bulgarie, Grèce, Russie, Roumanie, Macédoine, Serbie… “Les épidémies se sont toujours arrêtées aux portes des églises. Là où l’on effectue les sacrements divins, la contagion ne se propage pas”, a ainsi expliqué le 11 mars le métropolite Gavriil, l’un des principaux évêques bulgares, à la radio nationale BNR, appelant les fidèles à venir communier “sans crainte”. Concernant le fait de prendre l’hostie – en fait un peu de vin – avec une seule cuillère, le haut responsable religieux s’est également voulu rassurant : “Aucun danger, et toute l’histoire de notre Église le prouve. Pendant les pires épidémies, les fidèles ont continué à communier de cette façon sans jamais tomber malades”, a-t-il poursuivi, mettant néanmoins en garde ceux dont la foi ne serait pas “suffisamment forte”. “Là, c’est une autre histoire…”

Les prêtres communient à la cuillère partagée, alors que les cas COVID-19 se multiplient en Roumanie

Euronews. Par Kit Gillet – 24/03/2020 – Dimanche, des images de prêtres orthodoxes dans la ville roumaine de Cluj donnant la communion à une longue file de fidèles à l’aide d’une cuillère partagée ont été publiées par une plateforme d’information locale. Ce n’était pas la première fois que de telles images apparaissaient, mais le jour suivant l’imposition par le pays de nouvelles mesures sévères pour tenter d’arrêter la propagation du coronavirus, elles ont touché un point sensible. Comme des millions de personnes dans tout le pays sont restées à l’intérieur pour éviter la propagation du virus, les actions des prêtres semblaient risquer de provoquer le contraire. Un jour après la mise en ligne des images, les autorités ecclésiastiques roumaines ont annoncé une liste de nouvelles mesures. (Deepl traduc)

 

Saône-et-Loire : un membre d’une communauté œcuménique écroué pour des faits de viol et agression sexuelle

Par franceinfo avec AFP – France Télévisions – 18/10/2019. Un frère de la communauté œcuménique de Taizé, située en Bourgogne-Franche-Comté, a été mis en examen pour « viol et agression sexuelle »,a annoncé vendredi 18 octobre le procureur de la République de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Il a été écroué. Cet homme âgé de 48 ans, arrêté jeudi et présenté le lendemain à un juge d’instruction, avait rejoint la communauté en 1989. Selon un membre de la communauté de Taizé, les autorités ont été « immédiatement averties » lorsqu’ils ont reçu le témoignage d’une victime…Une femme avait décrit à un prieur « une forte emprise de la part d’un de nos frères, qu’elle accuse de manipulation et harcèlement, spirituel, psychologique et sexuel ».  Les faits décrits auraient débuté en 2003 et « duré de nombreuses années ».

Au mois de juin dernier, la communauté de Taizé avait déjà dénoncé au procureur de la République de Mâcon cinq cas d’agressions sexuelles sur mineurs commis dans les années 1950 à 1980 par trois frères. Deux des personnes ciblées sont mortes depuis plus de quinze ans.

Les Légionnaires du Christ (Mexico) ont abusé au moins 175 mineurs, selon un rapport interne

Au moins 175 mineurs ont été victimes d’agressions sexuelles de la part de membres des Légionnaires du Christ entre 1941 et 2019, notamment de leur fondateur Marcial Maciel, selon un rapport interne de la puissante congrégation catholique publié samedi.

La Presse, le 21 décembre 2019 AFP. Les actes ont été perpétrés par 33 religieux (prêtres ou diacres), et Marcial Maciel a lui-même abusé de 60 mineurs, selon ce rapport interne qui porte sur une période allant de la fondation des Légionnaires du Christ en 1941 jusqu’au 16 décembre 2019, et qui a été écrit par une commission créée en juin par le supérieur général de la congrégation, Eduardo Robles-Gil… L’institution est depuis plusieurs années en pleine tourmente avec les révélations successives sur des scandales massifs d’agressions pédophiles commises pendant des décennies par des prêtres ou des religieux et souvent couverts par leur hiérarchie dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, au Chili ou en Allemagne. « Dans leur grande majorité, les victimes étaient des garçons adolescents entre 11 et 16 ans », détaille le texte divulgué sur le site ceroabusos.org, qui dépend des Légionnaires du Christ. La congrégation fondée par le Mexicain Marcial Maciel (1920-2008) affirme qu’elle avance dans un processus de « réparation et réconciliation » avec 45 victimes, tout en reconnaissant qu’elle doit encore l’étendre aux autres. Le rapport remarque que 18 des 33 religieux ayant commis des abus font encore partie de la congrégation, mais précise qu’ils ont été écartés des tâches en lien avec le public ou des mineurs. Sur ces 33 personnes, 14 avaient elles-mêmes été victimes des Légionnaires, ce qui met en évidence l’existence de « chaînes d’abus » où « une victime d’un Légionnaire, le temps passant, devient à son tour un agresseur ».  « En ce sens, il est emblématique que 111 des mineurs abusés dans la Congrégation ont été victimes du père Maciel, d’une de ses victimes ou d’une victime de ses victimes », peut-on lire dans le rapport. « Il y a probablement plus d’affaires d’abus que ce dont rend compte le rapport et les statistiques devront être régulièrement actualisées », est-il également écrit.  

Les Légionnaires du Christ, qui possèdent des centres éducatifs dans plusieurs pays, ont pris leurs distances avec leur fondateur, un temps protégé par le Vatican avant de perdre tout crédit.   https://www.lapresse.ca/international/201912/21/01-5254676-les-legionnaires-du-christ-ont-abuse-au-moins-175-mineurs-selon-un-rapport-interne.php

Poursuite judiciaire : L’Église a exercé des pressions sur les victimes pour qu’elles concluent des arrangements injustes . par MICHAEL REZENDES, 22 novembre 2019, NEW YORK (AP) – Deux hommes pauvres du Mississippi qui disent avoir été agressés sexuellement par des missionnaires franciscains ont intenté jeudi une action en justice fédérale

alléguant que des fonctionnaires catholiques les avaient forcés à signer des règlements qui leur donnaient peu d’argent et les obligeaient à garder le silence sur ces allégations. Le procès, intenté à New York, affirme que les responsables de l’Eglise ont rédigé les accords il y a un an pour empêcher les hommes de raconter leurs histoires ou d’aller devant les tribunaux – une violation d’une promesse faite en 2002 par des évêques américains d’abandonner le recours aux accords de non-divulgation, dans le cadre d’un effort pour mettre un terme aux dissimulations des abus sexuels dans l’Eglise. « Les dispositions de confidentialité contenues dans les accords contestés visaient à réduire au silence » les deux hommes « en contradiction directe » avec la Charte de l’Eglise catholique américaine pour la protection des enfants et des jeunes, affirme le procès… Les hommes disent qu’ils ont été abusés à plusieurs reprises par les frères franciscains Paul West et feu Don Lucas alors qu’ils étaient inscrits dans une école primaire catholique à Greenwood, Mississippi… « ils les ont violés et agressés sexuellement, en les obligeant à avoir des relations sexuelles avec eux et en les encourageant à avoir des relations sexuelles l’un avec l’autre « , dit le procès…Comme beaucoup d’autres diocèses, le diocèse de Jackson a publié une liste de prêtres et de frères accusés de façon crédible qui inclut West et Lucas, bien que le diocèse ne donne pas le nom des accusateurs…15000 $ de réparation ont été proposés…Les victimes d’abus sexuels catholiques qui sont représentées par des avocats demandent généralement  beaucoup plus de 15 000 $. En 2006, le diocèse de Jackson, dans le Mississippi, a réglé une poignée de poursuites judiciaires avec 19 victimes, dont 17 étaient des Blancs, pour 5 millions de dollars, avec un paiement moyen de plus de 250 000 $ par survivant. Les règlements plus récents ont été beaucoup plus élevés, y compris un paiement moyen de près de 500 000 $ chacun pour les survivants du diocèse de St. Paul-Minneapolis.

(deepl traduc.)  https://apnews.com/27e562d3935b4c33ab564476f5c4814f?utm_source=Pew+Research+Center

Les abus sexuels dans la communauté Saint Jean, un « système fomenté par le haut » par Stéphanie Gallet – Le Grand Invité, RCF.FR 30.09.19 -Belgique

Sophie Ducrey vit aujourd’hui en Belgique, où à l’âge de 46 ans, elle coule des jours heureux avec son mari et ses cinq enfants. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Elle publie aux éditions Tallandier, un ouvrage intitulé « Etouffée-Récit d’un abus spirituel et sexuel », dans lequel elle revient sur les abus spirituels et sexuels dont elle a été victime au sein de la communauté Saint Jean. Un livre qui vient de sortir, mais que son auteur a essayé de publier en vain pendant des années…
L’histoire débute en 1989. Sophie Ducrey a alors 16 ans. Elle rencontre la communauté Saint Jean. « Je suis fragilisée par les déplacements de mon père tous les trois ans. J’arrive dans un pays que je ne connais pas, je n’ai pas d’amis. J’ai un passé difficile. Je suis en dépression à ce moment-là, et j’ai une très grande soif de liant, d’amitié, et je cherche un sens à ma vie » précise-t-elle… Dans la communauté, elle trouve des liens, des bras ouverts. On la met en valeur. Elle trouve un enseignement profond et solide sur des notions essentielles à la vie. Elle prend rapidement un père spirituel au sein de la communauté. Un lien affectif, trop affectif, se met alors en place… Expliquant la théorie de l’amour d’amitié, très présente au sein de la communauté, et qui a pu occasionner de nombreuses dérives d’emprisonnement spirituel et d’abus sexuels, Sophie Ducret explique que la communauté Saint Jean est un système fomenté par le haut. « Cela n’aurait pas pu continuer sinon » lance-t-elle. Aujourd’hui, son abuseur est toujours prêtre, et toujours en liberté, conclut Sophie Ducrey, témoignant dans son ton, d’un chemin de guérison toujours en cours.    https://rcf.fr/la-matinale/les-abus-sexuels-dans-la-communaute-saint-jean-un-systeme-fomente-par-le-haut?fbclid=IwAR0ZB7iDuAAS5kbbwkXKd07xD2hx6qLZD7Bml_MiLxfEmVnSwJEQEiz459Q

 

Vatican : Deux prêtres renvoyés en justice pour abus sexuels

20 Minutes avec AFP  18.09.19 – Les faits se seraient déroulés dans un séminaire se trouvant dans l’enceinte du Vatican…L’enquête visant les deux prêtres italiens avait été ouverte en 2017 « à la suite d’informations publiées par la presse » pour des faits qui auraient été commis alors que Gabriele Martinelli était séminariste et Enrico Radice recteur du séminaire Pie X, a indiqué le Saint-Siège dans un communiqué.

L’un des deux prêtres renvoyés pour complicité – « Le promoteur de justice du Vatican (équivalent du ministère public) a demandé le renvoi en jugement du père Gabriele Martinelli, sous l’accusation d’abus sexuels qui auraient eu lieu au sein du séminaire Pie X avant 2012, et du père Enrico Radice pour complicité », a ajouté le Vatican… Selon des médias italiens, un jeune séminariste polonais, compagnon de chambre de l’une des victimes, affirme avoir été témoin de dizaines d’agressions sexuelles. Avec deux autres séminaristes, il a dénoncé l’agresseur présumé d’abord en personne à ses supérieurs du séminaire, puis par écrit à des cardinaux.L’affaire avait fait l’objet d’un livre-enquête, Péché originel, signé du journaliste italien Gianluigi Nuzzi et sorti en 2017.

En Australie, l’histoire glaçante de ces prêtres pédophiles qui s’échangeaient des enfants

Par L’Obs, 18 septembre 2019 … Le quotidien australien « The Age » a retracé l’existence de « réseaux » de pédophiles glaçants. Dans une enquête publiée mardi 17 septembre, le journal expose les liens qui unissaient plusieurs prêtres pédophiles dans différents diocèses de l’Etat de Victoria, en Australie, notamment dans les années 1970. Au centre de ces « réseaux », le séminaire de Melbourne, Corpus Christi, où se forment quelque 100 prêtres chaque année. Selon des données de la Commission royale d’enquête sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels, au moins 75 prêtres pédophiles soupçonnés ou condamnés y seraient passés. Dans une déclaration au tribunal consultée par « The Age », un habitant de Melbourne décrit comment il a été abusé de nombreuses fois entre l’âge de 12 et 14 ans, par trois prêtres issus de la formation Corpus Christi locale…Dissimulation de témoignages, orphelin devenu proie… Les exemples exhumés par « The Age » sont multiples et sordides. Selon le quotidien, ces « réseaux » de pédophiles ont commencé à se former dans les années 1960 et ont connu leur apogée dans les années 1970 avant de décliner dans les années 1980. Si leur existence avait toujours été suspectée par la Commission royale d’enquête sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels, les liens de coopération entre les prêtres n’avaient jamais été réellement examinés…Comme le souligne « The Age », l’Eglise en Australie a toujours tenté de minimiser l’existence de ce genre de « réseaux » dans ses rangs. Au point, lorsqu’elle a été interrogée sur le nombre élevé de pédophiles dans une banlieue en particulier dans les années 1970, de plaider la « coïncidence désastreuse »… Fin 2017, la Commission royale avait rendu un rapport accablant sur la pédophilie en Australie. Elle affirmait notamment que 7 % des religieux catholiques du pays avaient fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010. Dans certains diocèses, 15 % des prêtres étaient soupçonnés de pédophilie. Les enfants qui dénonçaient ces abus étaient ignorés, voire punis. Depuis, l’Australie s’est excusé de son traitement parfois indifférent de la pédophilie, et quelques très hauts responsables de l’Eglise australienne ont fait l’objet de poursuites.

Pédophilie dans l’Eglise : 2 000 victimes présumées ont témoigné en trois mois

L’Obs,  20 septembre 2019. La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, créée à l’automne dernier à la demande de l’épiscopat français, a lancé le 3 juin un « appel à témoignages ». Quelque 2 000 appels téléphoniques, mails et courriers en trois mois : c’est ce qu’a reçu la commission chargée de faire la lumière sur les agressions sexuelles commises par des clercs et des religieux sur des mineurs depuis les années 1950, selon un premier bilan de son président Jean-Marc Sauvé. La Commission indépendante sur les Abus sexuels dans l’Eglise (CIASE), créée à l’automne dernier à la demande de l’épiscopat français, a lancé le 3 juin un « appel à témoignages », qui passe notamment par une plateforme téléphonique d’écoute des victimes. Depuis ce lancement, « nous avons reçu 2 000 appels téléphoniques, mails et courriers », a affirmé Jean-Marc Sauvé. « 650 ont accepté de répondre à un questionnaire détaillé [questionnaire pour mineur au moment des faits ou questionnaire pour adulte dit “vulnérable “], de manière très complète. « Seize victimes ou témoins d’abus ont déjà été entendus par la Commission », a-t-il poursuivi. En outre, « une quinzaine de signalements vont être faits aux parquets, pour des faits non encore jugés et manifestement pas prescrits »…

Australie. Ultime appel du cardinal Pell contre sa condamnation pour pédophilie

Ouest-France. 17/09/2019 – L’ex-secrétaire d’État à l’Économie du Vatican aura tout tenté. Le cardinal George Pell a formé, mardi, devant la plus haute juridiction australienne un ultime recours contre sa condamnation pour pédophilie, a annoncé la Haute cour d’Australie. L’Australien, âgé de 78 ans, avait été débouté le mois dernier par la Cour suprême de l’État de Victoria (sud) de l’appel contre sa condamnation en mars à six ans de prison pour l’agression de deux adolescents en 1996 et 1997 dans la cathédrale de MelbourneC’est par deux voix contre une que la Cour suprême de Victoria a rejeté en août l’appel du cardinal australien, qui a toujours clamé son innocence et est actuellement détenu. Rien ne permet d’affirmer que la Haute cour d’Australie, qui est basée à Canberra… Il revient désormais aux plus hauts magistrats du pays d’en décider, dans un processus qui pourrait prendre plusieurs mois.

Caen : le médecin urgentiste suspecté d’abus de faiblesse est relaxé

Christophe Meunier – Le leader et cofondateur de Notre-Dame Mère de la lumière, était poursuivi pour abus de faiblesse sur des membres de cette communauté religieuse. Le tribunal correctionnel de Caen l’a relaxé ce jeudi 11 juillet.  France 3 – Par CM  le 11/07/2019

Le 21 mai dernier, le procureur de la République de Caen requérait à l’encontre d’un médecin urgentiste une peine de deux ans de prison « éventuellement » assortis de sursis. L’homme, âgé d’une trentaine d’année, était poursuivi pour « abus frauduleux de la faiblesse d’une personne par dirigeant d’un regroupement, poursuivant des activités créant, maintenant ou exploitant la sujétion psychologique ou physique des participants ». Membre du « Renouveau charismatique », il avait co-fondé 10 ans plus tôt, avec d’autres étudiants de l’aumônerie de l’université de Caen, l’association « Notre-Dame Mère de la lumière ».  L’église catholique avait rapidement diligenté une enquête canonique sur cette communauté religieuse, suite à des signalements d’autres étudiants de l’aumônerie, créateurs de l’association Tocsin, qui lutte aujourd’hui contre les dérives sectaires. La justice s’est emparée du dossier en 2016. Et a diligenté des poursuites contre le médecin, suspecté d’être un gourou, deux ans plus tard. Entre temps, l’évêque Mgr Boulanger a retiré en 2017 la caution de l’Eglise à Notre-Dame Mère de la lumière. 
Finalement, les réquisitions du procureur de la République n’ont pas été suivies. Le tribunal correctionnel a relaxé Alberto Maalouf, au grand soulagement de l’intéressé et de ses proches. « J’ai le coeur en joie et en paix, la justice a fait son travail. Par respect pour tout ce qui s’est passé, je ne vais pas en dire plus, je vais rester très simple et reprendre ma petite vie quotidienne toute simple« , a déclaré le médecin urgentiste à l’issue de l’audience. Dans ce dossier, une quinzaine de victimes ont été recensées (dont neuf qui ne se reconnaissent pas comme telles). Pour les parties civiles, cette décision rendue par la justice suscite l’écoeurement. « On a vécu un enfer et l’enfer continue. Les victimes ne sont pas du tout reconnues« , a déploré amèrement l’une d’entre elles

BRÉSIL : UNE FILLETTE VIOLÉE SOUHAITANT AVORTER HARCELÉE PAR DES CATHOLIQUES EXTRÉMISTES

Par CNEWS -le 19/08/2020 – De nombreux militants anti-avortement, membres de groupes religieux, ont tenté d’empêcher l’interruption de grossesse d’une jeune brésilienne de 10 ans, violée par son oncle. Bien que très restrictives et vieilles de 80 ans, les lois brésiliennes sur l’avortement permettent ce genre d’intervention, notamment dans le cas d’un viol. L’enfant avait expliqué à la police que son oncle abusait d’elle depuis ses 6 ans, mais qu’elle avait gardé le silence par peur des représailles. L’homme en question, âgé de 33 ans, serait lui toujours en fuite… Prévu dans un premier temps dans un hôpital de son Etat d’Espírito Santo, au sud-est du Brésil, l’avortement de la fillette a dû être organisé 1.500 kilomètres plus au nord, dans la ville de Recife. Le résultat d’une bataille politique et juridique intense, qui avait poussé le premier hôpital à refuser de pratiquer l’intervention. Car à l’arrivée de la clinique de Recife, de nombreux militants anti-avortement et politiciens locaux attendaient la jeune fille et son entourage. Des scènes filmées montrent même ces personnes maltraiter l’enfant et le personnel hospitalier, tout en les empêchant de pénétrer dans le bâtiment. Le lieu de l’intervention avait pourtant été tenu secret, mais un extrémiste proche du président Jair Bolsoraro aurait divulgué l’information. La ministre de la Femme, qui a également la charge de l’Enfance et des Droits humains, a confirmé l’information en prévenant les extrémistes sur les réseaux sociaux. Pour Elisa Anibal, militante féministe à Recife, cet événement montre une triste réalité brésilienne : «Quand vous voyez une fillette de 10 ans être criminalisée pour avoir mis fin à une grossesse résultant d’un viol et parce que sa vie est en danger, cela vous donne vraiment une idée de la progression du fondamentalisme religieux dans notre pays.» Malgré la manifestation qui s’est organisée devant l’hôpital, la jeune fille a finalement pu pénétrer à l’intérieur par une porte dérobée…grâce notamment au soutien des militantes pro-féministes de Recife. Elles se sont massées devant l’hôpital jusqu’à être plus nombreuses que les anti-avortement. Selon le journal El Pais, une fillette est violée toutes les heures au Brésil. Plus d’une fois sur deux, ces jeunes filles ont moins de 13 ans.

Luigi Ventura, ancien ambassadeur du Vatican en France, sera jugé pour agressions sexuelles en novembre

Par Samuel Vivant -Marianne  le 23/07/2020 – L’ancien nonce apostolique est poursuivi pour des faits d’attouchements sexuels survenus entre 2018 et 2019. Le procès aura lieu à la mi-novembre au tribunal correctionnel de Paris, selon une information d’Europe 1 datée du 23 juillet.

Luigi Ventura, ancien nonce apostolique (ambassadeur du Vatican en France) de 2009 à 2019, va être jugé à la mi-novembre par le tribunal correctionnel de Paris, selon une information d’Europe 1. L’italien fait l’objet d’une citation directe pour “agressions sexuelles”. Au total, quatre plaintes ont été déposées. Trois évoquent des attouchements…L’affaire avait éclaté en février 2019. La Ville de Paris avait signalé au parquet qu’un jeune cadre municipal avait rapporté des faits d’attouchements sexuels – des mains aux fesses- lors d’une cérémonie des voeux aux autorités diplomatiques, au moins de janvier de la même année. Dans la foulée, le parquet de Paris ouvrait une enquête. Deux autres plaignants avaient ensuite rejoint la procédure, disant “avoir subi les mêmes gestes” de la part de Luigi Ventura en 2018. Une quatrième plainte a été déposée par un autre homme.

L’Opus Dei confirme la condamnation d’un de ses prêtres par le Vatican pour abus

Inés San Martín – 16 juil. 2020 – CHEF DU BUREAU DE ROME – ROSARIO, Argentine – Par une déclaration publiée jeudi, l’Opus Dei a reconnu publiquement la première condamnation prononcée par le Vatican contre un de ses prêtres pour abus sexuels. « La prélature de l’Opus Dei en Espagne demande pardon et regrette profondément les souffrances causées aux victimes », dit la déclaration. « Nous demandons à Dieu d’apporter le réconfort et la guérison aux personnes touchées ». Le père Manuel Cociña, 72 ans, a été reconnu coupable d’avoir abusé d’un jeune homme, qui avait 18 ans lorsque l’abus a commencé en 2002 en Espagne. La sentence a été prononcée le 30 juin, et le prêtre a eu 15 jours pour faire appel. À l’expiration de ce délai – le mercredi à minuit – la sentence de la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican a été finalisée. Selon la déclaration publiée par l’Opus Dei Espagne, le prêtre a été reconnu coupable de « sollicitation » – utilisation du confessionnal pour demander des faveurs sexuelles – qui, selon le canon 1387 du Code de droit canonique, doit être punie « selon la gravité du délit ». Dans les « cas les plus graves », dit le canon, le prêtre doit être renvoyé de l’état clérical…Le 1er octobre 2018, le prêtre a été restreint dans son ministère pastoral, et il lui a été interdit de parler aux personnes de moins de 30 ans, et limité au centre où il réside.

En décembre 2018, le dossier était à la Congrégation pour la doctrine de la foi, le bureau du Vatican qui traite les allégations d’abus sexuels par des clercs. (Deepl traduc.) https://cruxnow.com/vatican/2020/07/opus-dei-confirms-one-of-its-priests-sentenced-by-vatican-for-abuse/?fbclid=IwAR2JRH3ab0QBoZgEmWpgBbn4IEPclNQ0q6wwBmYnLtQntGh2S4pJHCb6F40

Communauté Saint-Jean – Sous emprise

LE 02/09/2020 – France Culture – A l’âge de 16 ans, Sophie s’est passionnée pour les enseignements de la communauté Saint-Jean. Quinze ans après, elle raconte la perversion et les abus. Brigitte, elle, est tombée sous l’emprise d’un gourou, conseiller conjugal de sa paroisse, à qui elle a fait confiance pendant des années…Elle se lie d’amitié, alors, avec l’un des « frères ». Il me dit qu’aucune philosophie n’en vaut vraiment la peine, à part celle du fondateur de la communauté Saint-Jean, le père Philippe. Lui seul, a compris le sens de la vie, la vérité. Dans la pratique, c’est la fusion : il y a la pensée du père Philippe vers laquelle il faut s’accorder, voire adhérer jusqu’au bout de son être, jusqu’à abdiquer de soi-même. On lui propose de se rendre à Paris, pour rejoindre l’école privée du Père Philippe. Ce qu’elle fait. Petit à petit, Sophie ne pense plus qu’à la communauté, ne parle plus que d’elle. Et c’est lors d’un camp d’été que le frère avec qui elle s’est liée d’amitié, lui parle de la théorie de « l’amour d’amitié ». Il s’agit d’une théorie que peu de personnes pourraient comprendre et qui « passe par des gestes ».  

Je voyais que petit à petit, je perdais ma propre volonté, et que j’étais prête à faire tout ce qu’il voulait, pourvu que je sois dans l’obéissance, dans l’abandon et le don de moi même. C’était la première fois que je touchais un homme et que j’étais dévêtue. La chose la plus facile à faire est de sortir de soi et d’abdiquer, d’attendre que ça passe et d’oublier. Le cerveau fait le mécanisme tout seul. Quand je sors de là, je n’ai rien vécu. Au fil des années, les abus se multiplieront. C’est au bout de quinze ans que Sophie parviendra à parler de ce qu’elle vit à des personnes extérieures à la communauté. 

Brigitte a 68 ans…Dans ses propos, il mélangeait toujours le vrai et le faux. Cela vous perturbe complètement car vous ne savez plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Vous finissez par ne plus avoir confiance en ce que vous faites et vous vous en remettez à lui : c’est cela qu’il recherche. 

Un jour, il propose une séance de « bioénergie » pour aider Brigitte à être bien dans son corps. Je me sentais humiliée, mais je l’ai fait. Lorsqu’on est sous emprise, c’est plus fort que nous : on s’exécute. Bientôt, il prend pour cible son mari et ses fils. Et met tout en place pour que Brigitte s’en éloigne. J’ai commencé à me méfier de tout le monde, et aussi de mon mari. Au moindre accrochage, il s’en servait pour me pousser, progressivement, à demander le divorce. Mon mari ne me reconnaissait plus, mes fils non plus. 

Reportage : Valérie Borst et Elodie Maillot – Réalisation : Anne-Laure Chanel – Merci à Brigitte, maître Picotin, Sophie Ducrey. https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/sous-emprise

Dérives sectaires, deux ans de prison requis contre Alberto Maalouf

Le parquet a requis deux ans de prison avec sursis contre Alberto Maalouf, qui comparaissait mardi 21 mai devant le tribunal correctionnel de Caen pour abus de faiblesse et sujétion psychologique envers 19 personnes. Le délibéré sera rendu le 11 juillet.

Céline Hoyeau, La Croix 24/05/2019 – Le procureur a requis une peine de deux ans de prison « éventuellement avec sursis », assortie d’une mise à l’épreuve de trois ans, et 15 000 € d’amende, ainsi qu’une interdiction d’entrer en contact avec les victimes et de participer à toute vie associative, à l’encontre d’Alberto Maalouf. Ce jeune médecin, président de l’association Notre-Dame-de-la-lumière (NDML), accusée de dérives sectaires, comparaissait mardi 21 mai devant le tribunal correctionnel de Caen pour abus de faiblesse et sujétion psychologique envers 19 personnes. Avec des étudiants de Caen, Alberto Maalouf a lancé en 2008 un groupe dans la mouvance du Renouveau charismatique catholique, organisant des veillées de prière et de guérison, ainsi que des maraudes pour les sans-abris à Caen. Doté d’un fort charisme, le jeune homme, né au Liban et très marqué par un pèlerinage à Medjugorje en Bosnie, a fédéré autour de NDML près de 300 personnes. Quelques-uns, le « noyau consacré », des jeunes professionnels âgés d’une trentaine d’années, ont créé une « communauté nouvelle », prononçant des vœux privés et s’installant dans deux maisons, l’une pour les femmes, l’autre pour les hommes, pour mener une vie ascétique et vivre « comme les premiers apôtres ». Le rayonnement d’Alberto Maalouf s’est étendu aussi au-delà de la Normandie. Élu pendant un temps dans l’instance nationale du Renouveau charismatique, il était l’invité de nombreux rassemblements, comme encore l’été dernier « Open Medj » qui a réuni 1 000 personnes à Medjugorje avec l’association l’Étoile Notre-Dame.

Une enquête canonique en 2016 – Des plaintes d’anciens membres de l’association ont toutefois commencé à remonter en 2011 à la cellule Dérives sectaires de l’épiscopat. Un ancien de NDML et un jeune psychologue, Benoît Lechevalier, ont créé alors l’association Tocsin, « pour aider de façon constructive les autorités publiques et ecclésiales sur la question des dérives sectaires ». En 2015, l’Unadfi a reçu de son côté de nouvelles plaintes et prévenu avec Tocsin la Miviludes, qui a décidé de saisir le procureur de Caen. Du côté de l’Église, l’évêque de Bayeux-Lisieux, Mgr Jean-Claude Boulanger, qui avait confié une lettre de mission à NDML en 2012, avec l’animation de la paroisse de la Sainte-Trinité, a lancé une enquête canonique en 2016. Ses résultats n’ont pas été rendus publics, mais au terme de cette enquête, l’évêque a retiré sa lettre de mission. Dans sa déposition à la police, citée mardi 21 mai, Mgr Boulanger a été très dur à l’encontre du président de l’association, qualifié de « pervers narcissique », de « vrai séducteur », avec « une emprise sectaire sur les membres » de sa communauté, et qui « n’obéissait pas à l’Église » …

Le Vatican jugé pour les agressions sexuelles d’un prêtre : une première en France

Le Progrès Le 06/06/2019 – Le procès aura lieu au plan civil et il ne sera question que d’une demande de dommages et intérêts. Mais c’est une première en France. Un avocat, Me Emmanuel Ludot, a déjà obtenu en 2015 devant une juridiction civile, le tribunal de Nantua, la condamnation d’un ancien prêtre à un euro symbolique de dommages et intérêts pour les agressions sexuelles commises entre 1963 et 1966 sur un adolescent. Les faits s’étaient déroulés au lycée Lalande, à Bourg-en-Bresse où le prêtre, âgé aujourd’hui de 86 ans, était aumônier. Depuis, Me Ludot a engagé la responsabilité du Vatican, en estimant que celui-ci « est responsable des déviations sexuelles des prêtres. Il doit assumer les conséquences du célibat et de l’abstinence qui leur est imposée. » L’avocat estime aussi que le prêtre a été « exfiltré » en Suisse au début des années 1970 avec l’assentiment du Saint-Siège, alors que le comportement de l’ecclésiastique commençait à faire scandale à Bourg-en-Bresse.

Le Nonce apostolique en France bientôt face à ses accusateurs

Par Julie Pietri, le 15 mai 2019 – INFO FRANCE INTER – Mgr Luigi Ventura, représentant du Vatican à Paris, fera face la semaine prochaine à quatre hommes qui ont porté plainte contre lui pour agressions sexuelles… Monseigneur Luigi Ventura bénéficie toujours de l’immunité diplomatique…L’affaire du Nonce a été médiatisée peu après une cérémonie de vœux à la mairie de Paris, le 17 janvier dernier. Lors de cette cérémonie, Mathieu de la Souchère, jeune cadre de la mairie, dit avoir été agressé sexuellement : « … À plusieurs reprises, dont une fois devant témoins, il m’a tripoté de manière très insistante. C’était bien plus qu’une main aux fesses ». Le jeune homme a déposé plainte le 24 janvier. Depuis, plusieurs autres hommes l’ont suivi.

Australie: le cardinal Pell, condamné pour pédophilie, ne fera pas appel de sa peine

RTBF.BE – Belga –  Publié le lundi 27 mai 2019  – Le cardinal australien George Pell, condamné et incarcéré pour pédophilie, ne cherchera pas à réduire sa peine s’il perd en appel de sa condamnation, rapporte l’agence de presse australienne AAP…George Pell, 77 ans, ancien numéro trois du Vatican tombé en disgrâce, a été condamné en mars à six ans de prison pour agressions sexuelles « éhontées » contre deux enfants de chœur, dans les années 60, dénoncées par le juge comme un « grave » abus de pouvoir. Les avocats de l’ecclésiastique ont introduit une demande d’appel de sa condamnation, laquelle sera examinée par un tribunal de Melbourne la semaine prochaine. Mais aucune demande de réduction de peine n’y sera jointe, rapporte AAP. Ses avocats entendent annuler la condamnation ou parvenir à un nouveau procès au motif, notamment, que la procédure présente selon eux une « irrégularité fondamentale« . Trois juges décideront, le 5 juin, d’autoriser ou non George Pell à interjeter appel de sa condamnation. De son côté, le Vatican a également ouvert une enquête interne. 

 

Le scandale des abus sexuels dans les églises en Pologne devient politique

Par Jan Cienski – Politico.eu  05/13/19 – Un documentaire exposant les abus sexuels d’enfants dans l’Eglise catholique romaine de Pologne a fait de la religion une question clé en vue des élections européennes. Le film, « Tell No One », qui montre comment des prêtres violents ont détruit la vie de leurs victimes et n’ont subi aucune conséquence, a choqué le pays majoritairement catholique dans lequel l’église est un acteur politique clé ; sorti samedi soir, il avait été vu plus de 8,1 millions de fois sur YouTube à partir de lundi après-midi. (Deepl traduc.) – https://www.politico.eu/article/poland-catholic-church-sex-abuse-scandal-politics-tell-no-one-film/

 

Arte suspend la diffusion de « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise »

Le monde 30.04.19 – La chaîne franco-allemande Arte a été contrainte de retirer de sa plate-forme de diffusion le documentaire Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise. A la suite d’une plainte en référé d’un prêtre, le tribunal d’instance de Hambourg (Allemagne) a, en effet, décidé le 20 mars de suspendre la diffusion de cette enquête consacrée aux viols commis par des ecclésiastiques sur des religieuses, qui avait fait grand bruit en France et en Allemagne. Selon Fabrice Puchault, directeur de l’Unité société et culture d’Arte France, cité par La Croix, « la personne qui a porté plainte est un prêtre allemand » : « Il n’est pas nommé [dans l’enquête], et le lieu où il exerçait n’est pas mentionné, mais il s’est reconnu et a estimé être reconnaissable par d’autres. Le tribunal lui a donné raison, après une audience à laquelle – pour des raisons qui tiennent à la procédure judiciaire allemande –, nous n’étions pas présents. »  La chaîne risque une amende pouvant aller jusqu’à 250 000 euros, ainsi que deux ans d’emprisonnement, si elle diffuse le documentaire…

Abus sexuels, le diocèse de Baltimore révèle le nom de 23 prêtres accusés après leur mort

La Croix 26.04.19 – Hadrien Genieys (avec National Catholic Reporter). Dans le but de rétablir la confiance avec les fidèles, l’archevêque de Baltimore pérennise la pratique de divulgation des noms de prêtres accusés d’abus dont l’archidiocèse est pionnier. Le diocèse de Baltimore, dans le Maryland, a rendu public, mercredi 24 avril le nom de 23 prêtres accusés après leur mort d’abus sexuels sur mineur. Ces noms viennent s’ajouter aux 103 autres qui avaient déjà été communiqués au public par le diocèse…En 2002, le diocèse fut l’un des premiers du pays à faire ce geste en révélant l’identité de 57 membres du clergé qui faisaient l’objet de sérieuses accusations.

« Trop c’est trop » : face aux scandales sexuels dans l’Eglise, ils renient leur baptême

Par Cécile Bouanchaud, Le Monde 23.05.19 – Exiger son « débaptême » est une réaction de plus en plus commune pour des fidèles « dégoûtés » par l’attitude de la hiérarchie catholique. Quand son fils lui a écrit sur leur groupe WhatsApp que le pape François refusait la démission du cardinal Barbarin, reconnu coupable de non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineurs, « ça a fait tilt » dans l’esprit de Florence. « J’ai envie de vomir », a-t-elle répondu à Romain, en évoquant son « dégoût » de la hiérarchie catholique…L’évidence, ça a été d’adresser au diocèse de Lyon une demande d’apostasie pour renier son baptême, célébré quarante ans plus tôt à l’église de Saint-Luc. « Trop c’est trop », commente la mère de famille dont le frère, qui s’est suicidé en 2010, était une victime présumée du père Preynat, ce prêtre accusé d’agressions sexuelles sur mineurs dans les années 1970 et 1980. Son fils a entrepris la même démarche. « Couvrir les violeurs, refuser de les dénoncer à la justice de l’Etat, oser jubiler à l’idée que les viols sont prescrits : si un enfer existait, comment ne pourrait-il être réservé aux personnes qui commettent ces crimes ? », écrit Romain dans sa lettre demandant son « débaptême »…A l’instar de Romain et Florence, une centaine de personnes ont répondu à l’appel à témoignages du Monde, racontant leur parcours pour ne plus faire partie de la communauté des catholiques. Certains disent avoir « perdu la foi ». D’autres, baptisés enfants, disent ne l’avoir jamais eue. Tous évoquent le sentiment de déréliction ressenti face à l’accumulation des scandales de pédophilie et d’agressions sexuelles frappant l’Eglise. Combien sont-ils en France à se lancer dans cette démarche ? La conférence des évêques de France (CEF), instance nationale de l’Eglise catholique, reconnaît une augmentation des demandes d’apostasie ces derniers mois, sans pour autant apporter de chiffres précis. « Nous ne centralisons pas les demandes de renonciation à la foi catholique adressées aux diocèses », commente Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la CEF.

À Marseille, religieuses et prêtres se font insulter dans la rue

Par  Pierre Saint Gilles – Le Figaro , 05/04/2019 – Identifiables avec leurs habits, les prêtres et religieuses sont victimes d’agressivité, souvent traités de «pédophiles» par des inconnus. François Valty est un ostéopathe réputé à Marseille. Parmi la clientèle de son cabinet, situé dans le quartier de Notre-Dame-de-la-Garde, des religieuses et des prêtres. « Je soigne les corps, mais je suis frappé par la grande détresse de certains de mes patients religieux. » Ces hommes et femmes d’Église se confient au praticien qu’ils savent catholique et fervent pratiquant. Ses mots à lui sont crus : « Ils ont été traités de “pédés” ou de “salopes” par des inconnus croisés dans la rue. Juste parce qu’ils étaient identifiables avec leurs habits de prêtre ou de religieuse… » Si cette agressivité est nouvelle dans le centre-ville bourgeois, elle est établie depuis longtemps dans les quartiers populaires du Nord. Fazia Hamiche, conseillère municipale LR dans les XVe et XVIe arrondissements, explique ce phénomène par le repli identitaire plus que par la montée de l’intégrisme musulman…

PÉDOPHILIE DANS L’EGLISE FRANÇAISE : UNE ANNÉE DE DÉBALLAGES, D’AVANCÉES ET DE VALSES-HÉSITATIONS

France Info 06/01/2019 – Vous avez bousillé ma vie », assène un ancien scout lyonnais. Sur le site de l’association La Parole libérée, des dizaines de victimes du père Bernard Preynat, mis en examen pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts dans les années 1980-1990, témoignent, réclament justice et somment le cardinal Philippe Barbarin de s’expliquer sur ses silences. L’archevêque de Lyon est jugé à partir du 7 janvier pour non-dénonciation d’agressions sexuelles contre des enfants…de nouveaux scandales sont mis à jour, remontant parfois à plusieurs décennies…

Des centaines d’agresseurs présumés nommés publiquement par des dirigeants catholiques au Texas

1er février 2019, Par Associated Press – DALLAS – Les dirigeants catholiques du Texas ont identifié jeudi 286 prêtres et autres personnes accusées d’abus sexuels sur des enfants, un chiffre qui représente l’une des plus importantes collections de noms à avoir été publiées depuis un rapport explosif du grand jury l’an dernier en Pennsylvanie.

https://www.nbcnews.com/news/us-news/hundreds-accused-abusers-named-catholic-leaders-texas-n965716

Pédophilie : l’Eglise reconnaît avoir « détruit » des dossiers

Le Monde avec AFP le 23 02 19 – Un cardinal allemand, proche du pape, a admis, samedi 23 février, que l’Eglise avait parfois détruit des dossiers sur des ecclésiastiques pourtant coupables, à l’évidence, d’avoir agressé sexuellement des mineurs.

« Des dossiers qui auraient pu documenter ces actes terribles et indiquer le nom des responsables ont été détruits ou n’ont pas même été constitués », a déploré le cardinal allemand Reinhard Marx dans un discours…

101 des 152 cas d’abus sexuels commis par des membres de l’Église au Mexique font l’objet de poursuites.

The Associated Press, MEXICO CITY – 6 mars 2019 – Le chef de la conférence épiscopale mexicaine affirme que 101 des 157 cas dans lesquels des prêtres catholiques ont été impliqués dans des abus sexuels ont été remis aux procureurs. Le conseil épiscopal a déjà déclaré que 152 prêtres avaient été retirés du ministère au cours des neuf dernières années pour des délits d’abus sexuels contre « des jeunes ou des adultes vulnérables ».  (Deepl traduc.) https://abcnews.go.com/International/wireStory/101-mexicos-152-church-sex-abuse-cases-prosecuted-61492021

 

Nouvelles accusations d’abus sexuels contre l’église catholique du Chili

EVA VERGARA Associated Press SANTIAGO, Chili – 5 mars 2019 – L’Eglise catholique romaine du Chili, déjà la cible de sanctions du Vatican, a été secouée mardi par une nouvelle allégation d’abus sacerdotal et de dissimulation de haut niveau. Daniel Rojas Alvarez, un homme indigent de 43 ans, est apparu lundi soir sur une chaîne de télévision d’Etat pour dire qu’un prêtre de la cathédrale de Santiago l’avait drogué et violé en 2015. Il a dit que le cardinal Ricardo Ezzati lui avait donné de l’argent lorsqu’il a été informé de l’attaque et lui a dit de ne pas le signaler.

(Deepl traduc.)  https://abcnews.go.com/International/wireStory/accusation-sex-abuse-chiles-catholic-church-61488180

Australie : le cardinal Pell condamné à six ans de prison pour des crimes pédophiles

France info, France Télévisions – 13/03/2019 – L’ancien numéro trois du Vatican avait été reconnu coupable de viol et d’agressions sexuelles sur deux mineurs dans les années 1990. Il est le plus haut représentant de l’Eglise catholique à être reconnu coupable de pédophilie. Le cardinal australien George Pell a été condamné dans son pays, mercredi 13 mars, à six ans de prison pour un viol et des agressions sexuelles contre deux enfants de chœur. Agé de 77 ans, l’ancien numéro trois du Vatican devra passer au minimum trois ans et huit mois derrière les barreaux. En décembre 1996, le prélat avait imposé une fellation à une victime et s’était masturbé en se frottant contre l’autre, alors que les deux garçons de 13 ans s’étaient cachés dans la sacristie de la cathédrale de Melbourne pour y boire du vin de messe …George Pell a toujours clamé son innocence. Sa défense argue que le verdict est « déraisonnable » et qu’il se fonde sur le témoignage de la seule des deux victimes encore en vie, qui plus est sur des faits vieux de plus de deux décennies…

L’Opus Dei a versé 977 000 $ pour régler une plainte pour inconduite sexuelle contre un prêtre catholique éminent.

Washington Post – Par Michelle Boorstein, 7 janvier – La communauté catholique mondiale de l’Opus Dei en 2005 a payé 977 000 $ pour régler un procès pour inconduite sexuelle contre le révérend C. John McCloskey, un prêtre bien connu pour se préparer à la conversion de grands noms conservateurs – Newt Gingrich, Larry Kudlow et Sam Brownback, entre autres. La femme qui a déposé la plainte est une catholique de la région de D.C. qui était parmi les nombreuses personnes qui ont reçu une direction spirituelle de McCloskey par l’intermédiaire du Catholic Information Center, un centre de la vie catholique du centre-ville de Washington. Elle a dit au Washington Post que McCloskey l’avait tripotée plusieurs fois pendant qu’elle allait en consultation pastorale avec lui pour discuter de problèmes conjugaux et de dépression grave. (Deepl traduc.) https://www.washingtonpost.com/gdpr-consent/?destination=%2freligion%2f2019%2f01%2f08%2fopus-dei-paid-settle-sexual-misconduct-claim-against-prominent-catholic-priest%2f%3fnoredirect%3don&noredirect=on

Légion du Christ : le Vatican était informé dès… 1943

La Croix – Paula Boyer, le 04/01/2019 – Selon un cardinal brésilien membre de la Curie, le Vatican disposait depuis 1943 de documents sur l’inconduite du père Maciel, fondateur des légionnaires du Christ. Le Vatican n’en a pas fini avec le scandale de la Légion du Christ, cette puissante congrégation conservatrice qui a été ébranlée dans les années 2000 lorsque les turpitudes en tous genres (abus sexuels et spirituels, abus de faiblesse, double vie, toxicomanie, manipulations diverses, plagiat, infraction au droit canonique, etc.) de son fondateur, le Mexicain Marcial Maciel, ont enfin été révélées au grand jour… Xavier Léger, un ancien légionnaire, qui a créé un blog et un site (1), n’a jamais craint d’affirmer que le but de la visite apostolique était « avant tout de sauver le navire. Pas de faire une véritable enquête ».                                                                                              (1) Exlcblog.info, et Lenversdudecor.org

Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise : une enquête choc contre le Vatican sur Arte

Arte, mardi 5 mars à 20h50, documentaire(96 min, disponible sur arte.tv ) – Le documentaire raconte les viols de religieuses par des prêtres et les efforts déployés par le Vatican pour les étouffer. Par Audrey Fournier et Cécile Chambraud – Alors que vient de s’achever un séminaire inédit au Vatican sur la lutte contre les abus sexuels sur mineurs perpétrés au sein de l’Eglise, l’enquête qu’Arte met à disposition sur sa plate-forme de vidéo à la demande vient encore, s’il en est besoin, nourrir la consternation…Mais Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise est moins une compilation de témoignages que la mise au jour d’un système organisé qui, comme le souligne le commentaire qui ne s’embarrasse pas de circonvolutions, dépasse le viol pour s’apparenter à une forme de « proxénétisme clérical ». Résultat d’une investigation menée pendant deux ans dans plusieurs pays par les journalistes Elizabeth Drévillon, Marie-Pierre Raimbault et Eric Quintin, ce film va bien au-delà de la dénonciation des sévices endurés par les membres des communautés religieuses, pour s’intéresser à la responsabilité du Vatican dans la protection des prêtres violeurs …le documentaire porte une charge particulièrement violente contre le Vatican. Il impute au pontificat de Jean Paul II d’avoir favorisé cette culture de l’impunité… (Le Monde)

Plaintes contre le nonce, la France demande au Vatican de « prendre ses responsabilités »

La Croix, Gauthier Vaillant , le 01/03/2019 – Victimes et gouvernement demandent la levée de l’immunité diplomatique de Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique à Paris, visé par deux plaintes pour agressions sexuelles. Une troisième, pour des faits similaires remontant à 2008, a été déposée au Canada, où le diplomate du Saint-Siège a exercé avant d’arriver en France…Depuis le dépôt de ces plaintes, plusieurs autres personnes se sont manifestées, affirmant avoir elles aussi subi les gestes abusifs du prélat italien : des attouchements répétés sur les fesses, souvent pratiqués lors de cérémonies et réceptions officielles…

Thierry de Roucy déchu de la Légion d’honneur

La Croix. Par Gauthier Vaillant , le 15/11/2018. Il avait reçu cette décoration le 25 septembre 2003, en qualité de prêtre et de fondateur de l’ONG humanitaire Points Cœurs. Il est « exclu de la Légion d’honneur et privé définitivement du droit de porter les insignes de toute décoration française ou étrangère ressortissant à la grande chancellerie de la Légion d’honneur », indique le décret…Fin juin, Thierry de Roucy a été renvoyé de l’état clérical sur décision du Saint-Siège, pour cause de « désobéissance ». Cette décision, exceptionnelle dans l’Église, avait mis un terme à une dizaine d’années de procédures.

En 2011, Thierry de Roucy avait été reconnu coupable d’abus de pouvoir ecclésiastique, d’abus sexuels et d’absolution du complice. Placé sous surveillance de l’Église, il avait par la suite refusé à plusieurs reprises d’obéir à son évêque, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, qui lui demandait notamment de venir vivre dans le diocèse.

 

Un prêtre lanceur d’alerte démis de ses fonctions de juge ecclésiastique par l’Eglise

Nouvel Obs. Par Emmanuelle Anizon. 01.11.2018 Pierre Vignon, le prêtre qui a lancé en août la pétition (100 000 signatures) demandant la démission du cardinal Barbarin, est démis de ses fonctions de juge par les évêques. Pierre Vignon, le prêtre qui a lancé en août la pétition (100.000 signatures) demandant la démission du Cardinal Barbarin (accusé d’avoir couvert les agressions sexuelles sur mineurs du Père Preynat) a appris ce jeudi 1ernovembre qu’il était démis de ses fonctions de juge à l’officialité par les douze évêques de la région Auvergne-Rhône-Alpes…Trublion de l’Eglise, le père Vignon dénonce depuis des mois les atermoiements de l’Eglise sur la question de la pédophilie en France. Il était juge depuis 2002 à l’officialité de Lyon, dont le cardinal Barbarin… est justement le modérateur, c’est à dire une sorte de directeur…Joint par téléphone, Monseigneur Michel, l’évêque du père Vignon, n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Etats-Unis: près de 700 prêtres accusés d’actes pédophiles dans l’Illinois

bfmtv.com 20/12/2018 – « L’Eglise catholique n’est pas capable de faire sa police elle-même ». – FRANCOIS GUILLOT / AFP. Vendredi, la justice américaine a révélé les noms de 700 membres du clergé de l’Illinois accusés d’agression sur mineur. L’ampleur du scandale des prêtres pédophiles ne cesse de croître aux Etats-Unis, où la justice a révélé mercredi que près de 700 membres du clergé de l’Illinois avaient été accusés, sur plusieurs décennies, d’agression sur mineur. La procureure de l’Illinois, Lisa Madigan, avait lancé une enquête en août dans cet Etat industriel du nord du pays, après la publication d’un rapport sur l’Eglise de Pennsylvanie… Depuis, ses services ont épluché les archives des six diocèses de l’Etat et leurs conclusions préliminaires sont tout aussi accablantes. Les diocèses de l’Illinois ont rendu publics les noms de 185 prêtres visés par des accusations sérieuses, mais ils avaient été avisés « d’accusations contre au moins 500 prêtres supplémentaires« , écrit Lisa Madigan… La plupart des cas n’ont pas fait l’objet d’enquêtes appropriées, ou n’en ont pas du tout fait l’objet, ajoute-t-elle, en regrettant que la justice n’ait pas été saisie. « L’Eglise catholique n’est pas capable de faire sa police elle-même », en conclut Lisa Madigan dans un communiqué au ton sévère pour l’institution religieuse… l’archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl, accusé d’avoir contribué à étouffer le scandale, a été contraint de démissionner. Des diocèses ont commencé à publier des listes noires et une dizaine d’Etats ont initié des investigations pour mettre au jour les abus.

Le Cardinal Pell reconnu coupable d’abus sexuel par le tribunal de Melbourne

Christopher White – cruxnow.com 13 déc. 2018 – NEW YORK – Dans une décision qui va sans aucun doute créer des ondes de choc dans le monde entier, le cardinal George Pell, le plus haut responsable de l’Eglise à être jugé pour abus sexuel, a été déclaré coupable mardi par un tribunal de Melbourne…Pell, âgé de 77 ans, est actuellement en congé autorisé de son poste de Secrétaire à l’économie du Vatican.

En juin 2017, Pell a été accusé par la police australienne d' » agression sexuelle historique « , l’obligeant à quitter Rome et à rentrer chez lui en jurant de laver son nom… Pell est un point de référence clé dans le catholicisme anglophone depuis au moins deux décennies, et il a été nommé par le Pape François à son conseil « C9 » de conseillers cardinaux du monde entier en 2013. Mercredi, le Vatican a annoncé qu’à la fin du mois d’octobre, le pape François avait retiré Pell, avec deux autres cardinaux, de son conseil des conseillers. Il a été archevêque de Melbourne de 1996 à 2001, puis archevêque de Sydney de 2001 à sa nomination au Vatican en 2014…La Commission royale a révélé l’an dernier que 7 % des prêtres catholiques ont été accusés d’avoir abusé sexuellement d’enfants en Australie au cours des dernières décennies, et en réponse, l’Église a accepté 98 % de ses 80 recommandations, se prononçant seulement contre la recommandation que l’Église élimine le sceau du confessionnal. En août, le pape François a écrit une lettre au « Peuple de Dieu » dans laquelle il s’est excusé des nombreux camouflages et échecs…Une date de détermination de la peine pour Pell a été fixée à février 2019. Le juge Peter Kidd a déclaré que M. Pell sera placé en détention à cette date, mais qu’un appel interjeté par son équipe de défense est probable.                     (Deepl traduc) 

Les membres de Notre-Dame mère de la Lumière peuvent rentrer chez eux, près de Caen

actu.fr/normandie/caen ,14.12.2018 – Le 13 décembre 2018, le tribunal correctionnel de Caen a levé les scellés qui empêchaient les membres d’une association suspectée de dérives sectaires de rentrer chez eux. Le principal rendez-vous judiciaire est fixé au mardi 22 janvier 2019, devant le tribunal correctionnel de Caen, pour les membres de l’association Notre-Dame mère de la Lumière (NDML), et celui que la justice soupçonne d’être leur gourou, un médecin urgentiste exerçant à Caen…Ce jeudi 13 décembre, le tribunal a statué sur un point précis de la procédure : les membres de cette association pouvaient-ils réintégrer les deux habitations où hommes et femmes vivaient séparément, à Verson et Tourville-sur-Odon, comme plusieurs d’entre eux le réclamaient ? Ces deux maisons étaient placées sous scellés depuis le 5 juin 2018, date de l’interpellation du gourou présumé. S’ils avaient pu récupérer certaines affaires courant octobre 2018, ils étaient, depuis, contraints de se faire héberger « à droite, à gauche »…Contrairement au ministère public, ces personnes ne se considèrent pas comme des victimes. Elles ont d’ailleurs augmenté, « de leur propre chef », selon leurs déclarations, leur participation à la vie de la communauté, versant leurs désormais 50% de revenus, contre 30% auparavant…Le vice-procureur de la République de Caen s’est opposé à la levée des scellés. Considérant les parties civiles comme des « victimes », il a argumenté : « Ces maisons sont un instrument de l’emprise mentale exercée sur elles. C’est là qu’il (le gourou présumé) avait instauré un code de conduite très rigide, avec l’interdiction d’exprimer le moindre désaccord avec lui, ce qui a provoqué la perte de tout esprit critique chez les membres de NDML. » Le tribunal a finalement accédé à la demande des membres de l’association, estimant qu’il n’était « plus nécessaire » de laisser les habitations sous scellés. Ils pourront donc réintégrer leurs pénates.

L’association Tocsin, qui lutte contre les dérives sectaires, a réagi suite à cette décision : Le moment clé de cette affaire sera le procès du 22 janvier 2019 (…) Il faut espérer que ce groupe qui continue ses activités sans son fondateur depuis qu’il est sous contrôle judiciaire ne reproduit pas aujourd’hui les dérives et comportements qui lui ont fait perdre la caution de l’église catholique et ont conduit leur chef devant les tribunaux.

L’Eglise catholique allemande face à ses milliers de victimes d’abus sexuels

AFP,  25 septembre 2018. L’Eglise catholique allemande doit s’expliquer mardi sur les abus sexuels en son sein et dont des milliers d’enfants ont été victimes, sur fond d’appels à briser la culture du silence et de scandales similaires dans le monde entier. Réunie jusqu’à vendredi à Fulda, la conférence épiscopale allemande doit présenter un lourd rapport commandé par l’Eglise il y a quatre ans et qui identifie plus de 3.600 victimes sur la période 1946-2014...Le rapport de 356 pages est un « document accablant de délits cléricaux », résume Der Spiegel qui a eu accès à l’ouvrage. Il fait état d’au moins 3.677 victimes, en majorité des garçons âgés de moins de 13 ans, qui ont été les proies de quelque 1.670 membres du clergé. Les chiffres sont « choquants et probablement seulement le pic de l’iceberg », a réagi Mme Barley.

Car le consortium de chercheurs des universités de Mannheim, Heidelberg et Giessen, qui a réalisé l’enquête, n’a pas eu d’accès direct aux archives des 27 diocèses allemands. En effet, il n’a examiné que 38.000 dossiers et manuscrits sélectionnés et transmis par l’Eglise.

Selon les auteurs de l’étude, l’Eglise a aussi « détruit ou manipulé » pendant des décennies de nombreux documents relatifs à des suspects et « minimisé » sciemment la gravité des faits. « Nous demandons à l’Eglise de s’occuper enfin du problème », s’emporte dès lors auprès de l’AFP Jörg Schuh, porte-parole du centre d’accueil des victimes d’abus sexuels Tauwetter, qualifiant d' »organisation criminelle » une institution qui couvre les crimes commis par ses cadres… « l’étude parle quand même de 4 à 5% du cléricat allemand« , ajoute-t-il…Seul le tiers des suspects a fait face à des procédures en vertu du droit canonique mais les sanctions étaient minimes, voire inexistantes. Ils étaient souvent transférés sans que les fidèles ne soient avertis du danger potentiel pour les enfants ». Pire, pour les auteurs du rapport, rien ne permet de penser que cette thématique « appartienne au passé ». Australie, Chili, Etats-Unis, Allemagne… Partout dans le monde des accusations circonstanciées de viols, d’abus sexuels, de pédophilie et de sévices physiques visent l’Eglise catholique et ses dignitaires…

Pédophilie en Pennsylvanie : des documents accablent le Vatican

LE MONDE avec REUTERS  29 08 18 – Les autorités épiscopales américaines avaient partagé leurs archives secrètes avec des responsables à Rome, selon le procureur chargé de l’enquête. Le Vatican était au courant que des prêtres catholiques de l’Etat de Pennsylvanie dissimulaient les abus sexuels qu’ils commettaient sur des enfants, les autorités épiscopales partageant des archives secrètes avec des responsables à Rome, a déclaré, mardi 28 août, le procureur général de l’Etat de Pennsylvanie. Si les diocèses de Pennsylvanie ont systématiquement nié les accusations d’abus sexuels sur des milliers d’enfants, ils ont secrètement documenté les cas d’abus et ont souvent envoyé les informations au Vatican, a déclaré Josh Shapiro lors d’entretiens donnés à deux émissions télévisées nationales…Dans un rapport de 884 pages, découlant de deux années d’enquête et instruit le 14 août par le ministère public, Josh Shapiro a décrit dans le détail les sévices commis par près de 300 hommes d’église sur une période de soixante-dix ans. Le dossier se fonde sur des archives conservées par les diocèses, des confessions manuscrites notamment, a expliqué le procureur général. « Il y a des exemples spécifiques pour lesquels, lorsque les abus ont eu lieu, les prêtres mentaient aux paroissiens, mentaient aux forces de l’ordre, au public, mais ils documentaient tous les abus dans des archives secrètes qu’ils partageaient souvent avec le Vatican », a-t-il déclaré à l’émission « The Morning Show », sur la chaîne CBS. Dans certains cas, « le Vatican était au courant des abus et était impliqué dans leur dissimulation », a ajouté Shapiro, sans préciser si le pape François ou ses prédécesseurs étaient personnellement au courant. Aucun commentaire n’a été fait par le porte-parole du Vatican…                                        

En Australie, les victimes de pédophilie vont être indemnisées et l’Eglise va payer

Neomag.fr – Par Lina Rhrissi – 6 juillet 2018 – Une commission d’enquête a auditionné près de 8 000 cas de pédophilie impliquant l’Eglise, des écoles, des orphelinats ou encore des clubs de sport… La commission a été lancée en 2012, après les révélations de plusieurs affaires de pédophilie impliquant des prêtres, à l’image de celles entamées aux Etats-Unis et en Irlande. En cinq ans, elle a reçu plus de 68 000 témoignages, que ce soit par courrier, téléphone ou mail, dont près de 26 000 entrant dans son champ d’action. Finalement, 7 981 personnes victimes d’agressions sexuelles quand elles étaient enfants ont été auditionnées à huis-clos tandis que 3 489 institutions ont été mises en cause. Plus de la moitié d’entres elles sont des organisations religieuses, catholiques ou protestantes. Mais on y trouve aussi des écoles, des orphelinats, des clubs de sports ou des organisations de jeunesse… Après la sortie du rapport, l’Eglise catholique et toutes les grandes institutions du pays se sont engagées à cotiser au sein d’une caisse nationale. Pour recevoir leurs indemnisations, les victimes doivent se connecter sur un site internet et télécharger un formulaire de 43 pages… Mais cette indemnisation, plafonnée à 150 000 dollars australiens (soit 95 000 €), est loin d’être la solution idéale. En l’acceptant, les victimes renoncent à saisir le tribunal civil où elles pourraient bénéficier de sommes beaucoup plus conséquentes et obtenir une décision de justice… De leurs côtés, les institutions accusées d’avoir protégé les pédophiles se préparent déjà à passer à la caisse. Dans l’état de Tasmanie, l’Eglise anglicane prévoit de vendre 108 propriétés, y compris des églises, pour indemniser environ 200 victimes. De quoi donner un aperçu de l’ampleur de cette tragédie australienne.                                         

Australie : un archevêque complice d’abus pédophiles échappe à la prison

Marianne Magazine- 14/08/2018  – Condamné en mai dernier à un an de détention pour avoir caché des actes pédophiles, Philip Wilson est l’ecclésiastique le plus haut placé de la hiérarchie catholique mondiale à être reconnu coupable dans une affaire de pédophilie. Philip Wilson purgera sa peine chez lui. C’est la décision qu’a rendue ce mardi 14 août le tribunal de Newcastle, en Australie. L’âge et la santé du prévenu ont été pris en compte par les magistrats pour éviter la prison à l’ancien ecclésiastique de 66 ans, rapporte le juge Robert Stone… En mai dernier, l’ancien archevêque a été condamné pour avoir couvert les actes pédophiles du prêtre James Fletcher dans les années 1970. C’était la toute première fois qu’un ecclésiastique de cette dignité… était condamné dans une affaire liée à des faits pédophiles. Selon le juge Stone, Wilson n’a « témoigné aucun remords ni contrition ». Écroué en 2004 pour actes pédophiles, James Fletcher est lui mort en détention deux ans plus tard, des suites d’un AVC. Philip Wilson a d’abord refusé de quitter ses fonctions en attendant de faire appel de sa condamnation. Il a toutefois cédé aux pressions du gouvernement australien et a remis sa démission au mois de juillet. Au Vatican, tous les yeux restent aujourd’hui braqués sur l’Australie où se joue un autre procès historique…

Chili: 158 laïcs et membres du clergé visés par une enquête pour abus sexuel

La Croix/AFP , le 23/07/2018 – Un total de 158 laïcs et membres du clergé catholique chilien sont visés par une enquête pour abus sexuels sur des mineurs et des adultes, a annoncé lundi le parquet. Parmi les 266 victimes de ces affaires, dont les plus anciennes remontent à 1960, 178 étaient mineures, a précisé le procureur général Luis Torres… »Dans leur grande majorité, les faits dénoncés correspondent à des agressions sexuelles commises par des curés de paroisses ou des personnes liés à des établissements scolaires », selon le communiqué… Le 18 mai, l’ensemble de la hiérarchie de l’Église chilienne a présenté sa démission au pape dans le cadre d’un énorme scandale de pédophilie et d’omerta, un coup de tonnerre qui a fait suite à une série de mea culpa de François adressés au peuple chilien… François a jusqu’ici accepté la démission de cinq évêques chiliens

Orgie sexuelle et drogue au Vatican : le pas très catholique entourage du pape François

Marianne. 11/07/2017…Un haut dignitaire du Saint-Siège, prêtre-secrétaire du conseiller personnel du pape François, a été arrêté fin juin en pleine orgie homosexuelle dans un appartement de l’ancien palais de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a révélé le journal italien Il Fatto Quotidiano. Les policiers, appelés pour tapage nocturne en raison des nombreuses allées et venues des visiteurs du religieux sont en effet tombés sur une dizaine d’hommes en tenue d’Adam, en plein acte sexuel et usage de stupéfiants. Âgé de 79 ans, le locataire des lieux – occupés pendant des années par l’ancien pape Benoit XVI alors cardinal – a été aussitôt embarqué par les fonctionnaires puis envoyé au vert par sa hiérarchie dans un couvent italien. Avant cela, l’intéressé a néanmoins subi une brève hospitalisation en clinique de désintoxication pour supprimer toute trace des paradis artificiels consommés. Selon le site de l’International Business Times, journal économique en ligne qui comprend une édition italienne, le prélat aurait d’ailleurs fait par le passé deux overdoses…Le Pape François aurait d’après Sud Ouest d’ores et déjà demandé la démission de son conseiller personnel après avoir milité en faveur de la promotion de son pieux secrétaire, en voulant le nommer évêque, détaille l’International Business Times …

Notre-Dame mère de la Lumière à Caen : groupe religieux ou mouvement sectaire ?

le 30 Sep 18 – actu.fr – Le président de l’association Notre-Dame mère de la Lumière a-t-il fait de cette organisation un groupement sectaire ?.. L’homme, médecin urgentiste de profession, est jugé pour « abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne, en maintenant la sujétion psychologique ou physique des participants ». Alors étudiant, il avait créé un groupe à l’aumônerie de l’Université de Caen, en 2008. Les membres se réunissaient pour des veillées de prières ainsi que des maraudes auprès des démunis dans les rues de Caen. Exclu de l’Université, le groupe s’était transformé en « Notre-Dame mère de la Lumière ». Une communauté qui possède deux maisons : une pour les hommes, à Verson ; l’autre pour les femmes, à Tourville-sur-Odon. D’anciens membres de l’association, soutenus par l’ADFI, ont alerté les autorités judiciaires et religieuses, au printemps 2016. Après une enquête canonique, l’évêque de Bayeux-Lisieux, Monseigneur Boulanger, a retiré sa lettre de mission à Notre-Dame mère de la Lumière, en janvier 2017. Seize victimes – L’enquête de la police judiciaire de Caen, quant à elle, a abouti au placement en garde à vue du médecin urgentiste à deux reprises en juin 2018…Son avocat, Me Jean Delom de Mézerac, s’était emporté le 23 juillet, quand le médecin avait demandé la levée de son contrôle judiciaire : Il est poursuivi comme un vulgaire gourou de secte. Il n’y a strictement rien dans ce dossier. Ces gens ont décidé un autre choix de vie, ils font partie d’une branche chrétienne reconnue par le Vatican… Le procureur de la République avait de son côté insisté sur la nécessité de « protéger les personnes d’elles-mêmes, comme dans les cas de violences conjugales »…        https://actu.fr/normandie/caen_14118/notre-dame-mere-la-lumiere-caen-groupe-religieux-mouvement-sectaire_18827834.html

Dérives sectaires dans la culture ? Questions autour de l’Office Culturel de Cluny

 France Inter – 28 septembre 2018, par Jacques Monin, Cellule investigation de Radio France.Très bien implanté localement et reconnu par les collectivités pour ses activités culturelles, l’Office Culturel de Cluny est accusé de dérives sectaires par d’anciens membres, et de non-respect du droit du travail, tandis que son fondateur est accusé d’agressions sexuelles… En 1964, le comédien Olivier Fenoy crée une troupe de théâtre à Paris. Il l’appelle Office Culturel de Cluny en hommage à un café du quartier latin appelé Le Petit Cluny. Cette référence religieuse n’est pas anodine puisque dès le départ, l’idée d’Olivier Fenoy, proche des milieux catholiques traditionalistes de l’époque, est de monter un organisme de création et de diffusion culturelle d’inspiration chrétienne. “L’Office culturel de Cluny peut s’inscrire dans ce que l’on appelait les communautés nouvelles, qui se sont développées à partir des années 60, en réaction à mai 68, explique l’historien Olivier Landron, professeur à l’Université Catholique d’Angers, auteur d’une thèse sur les Communautés Nouvelles. Certains évêques, ont alors pensé que par l’intermédiaire de l’OCC, l’Église catholique pouvait ‘évangéliser’ le monde des artistes.”  En quelques années, l’Office Culturel de Cluny accumule les succès. Son fondateur Olivier Fenoy est décoré de l’ordre du Mérite, et devient conseiller au ministère du Temps libre (Tourisme, Jeunesse et Sports).  Surtout, l’OCC parvient à “recruter” une centaine de jeunes chrétiens enthousiastes, souvent de jeunes bacheliers, qui rejoignent l’organisation car ils y voient la possibilité de faire le lien entre leur foi et l’art… En 1972, l’OCC, qui a obtenu l’agrément jeunesse et sport, se lance aussi alors dans l’animation culturelle et ouvre des centres de formation …Proche de l’Église mais jamais reconnue officiellement. Chaque “maison” s’organise selon le même système communautaire : travail en commun, revenus en communs, prières en commun trois fois par jour. En créant la communauté, le fondateur assure vouloir créer des statuts pour obtenir la reconnaissance de l’Église catholique. Durant des années, il négociera avec les évêques de France pour y parvenir. Mais, dès 1981, une enquête canonique émet des doutes… Les soupçons de déviance sectaires sont lancés. Dés 1982, le gouvernement retire l’agrément de l’OCC pour cette raison. L’organisation le récupère en 1990, le perd de nouveau puis le récupère encore en 2002. Chaque fois après de longues procédures judiciaires. En 1995 et en 1999, l’OCC figure dans la liste des rapports parlementaires de lutte contre les dérives sectaires. Cette liste, qui recense 173 groupes, est aujourd’hui décriée mais s’appuyait déjà sur des témoignages de familles qui fustigeaient l’embrigadement de leur enfant au sein d’une organisation au fonctionnement interne douteux. “J’ai fait des stages, on m’a flatté en me voyant sur scène alors j’ai tout envoyé balader pour les rejoindre pensant me consacrer au théâtre, raconte Corinne, une ancienne membre, qui a passé 19 ans au sein de l’Office Culturel de Cluny. Petit à petit, le responsable m’a dit qu’ils faisaient tout un travail avec l’Église, de charte communautaire. Il me disait : ‘On s’engage, il y a des vœux, c’est comme au monastère, cela veut dire que tu es d’accord pour prier avec nous.’ C’est ainsi que j’ai progressivement accepté de faire vœu de chasteté, voeu de pauvreté, et vœu d’obéissance.” A l’OCC, le partage des biens est la règle. Dans chaque centre, il existe un compte commun, où sont versés les revenus de l’association et les rémunérations de chaque membre lorsqu’il fait une prestation extérieure. Officiellement, ce bénévolat et ce partage des biens est un choix librement consenti. Mais d’anciens membres parlent d’un système beaucoup plus contraignant, où le cercle dirigeant fait pression pour obtenir des dons d’héritage et le cas échéant une lettre-type de testament qui lègue tout à l’OCC. Toujours d’après d’anciens “clunisiens”, chaque année, en septembre, une réunion avait lieu en présence du fondateur…Il n’était pas question de remettre en cause ses décisions, sous peine d’être mis en quarantaine, envoyé dans un lieu de prière et parfois même agressé physiquement. ”J’ai vu le chef battre un des garçons, le battre comme plâtre, et on m’avait demandé de me taire, se souvient Corinne… Très peu de vacances. Très peu de sommeil. Beaucoup de nuits blanches. Toujours sur le terrain. Cela agit comme un anesthésiant.”  Vœu de chasteté et accusations d’abus sexuels. Officiellement, tous les « communautaires” faisaient vœux de chasteté. Mais cette règle ne se serait pas appliquée à tous. Dans les années 80 et 90, Olivier Fenoy aurait utilisé son influence pour satisfaire ses désirs sexuels avec de jeunes adultes membres de la communauté ou des étudiants qui y suivaient les formations…“Tous les abus sexuels sans exception étaient accompagnés de délires mystiques, avec une petite phrase évangile : ‘Jean le disciple que Jésus aimait’ ou ‘Je t’embrasse sur la bouche parce que Jésus a fait pareil’, témoigne anonymement Martin, un ancien membre qui dit avoir subi les agressions sexuelles d’Oliver Fenoy pendant plus de 10 ans… Plus je suis sous son emprise, économiquement ou spirituellement, plus il s’autorise à profiter. S’il se trouve devant quelqu’un qui est vraiment engagé, alors là, cela va jusqu’au bout ». En 1996, au sein de la communauté, deux des victimes du fondateur évoquent ces abus. Olivier Fenoy demande alors publiquement pardon et promet de faire pénitence. Le silence retombe ensuite au sein de l’OCC, mais cette affaire provoque le départ d’une quarantaine de membres. Une fois sortis, aucun d’entre eux n’ira en parler à la justice. Il faut attendre février 2018, pour que cinq anciennes victimes décident de parler. Elles le font devant le tribunal de Police de Lyon, pour protéger une ancienne clunisienne assignée en diffamation par le fondateur pour avoir évoqué ces abus. Olivier Fenoy se désiste finalement devant le tribunal et est condamné à payer 2 000 € d’indemnités à l’ancienne membre.  Fraudes à l’Ursaff et non-versement de salaires…L’histoire de l’Office Culturel de Cluny a été jalonnée de nombreux procès, notamment dans les années 80…En 2010, 21 anciens membres de l’OCC décident de saisir la justice pour faire valoir leur droit à la retraite. “Nous nous sommes rendu compte que comme nous n’avions pas reçu de salaires durant les 15 ou 20 ans passés au sein de cette communauté, nous allions toucher le minimum retraite, explique Evelyne Grasset, qui a passé 15 ans au sein de l’OCC. C’était contraire au droit du travail français”.  En parallèle, ces anciens clunisiens s’organisent en collectif pour faire savoir ce qu’ils ont vécu. Ils créent le site internet Les années blanches, très vite contré par un autre site au nom identique tenu par ceux qui sont restés à l’OCC. Le 19 décembre 2017, la cour d’appel de Paris confirme le jugement des prud’hommes et condamne l’Office Culturel de Cluny et son association financière Patrimoine et Développement à verser un million d’euros de dommages et intérêts aux 21 plaignants. Mais difficile pour eux d’obtenir cette somme : l’OCC a été officiellement liquidée en mars 2018 et Patrimoine et développement est en redressement judiciaire…Des témoignages d’anciens membres de la communauté concordent : le fruit de leur travail était réinvesti dans les structures annexes de l’Office Culturel de Cluny. Des structures qui étaient régulièrement amenées à changer de nom et de lieu d’implantation alors que s’opéraient des transferts de fonds vers Patrimoine et Développement, l’association créée pour gérer les biens et les avoirs de la communauté…. En 2010, un autre dirigeant financier, François Destor, quitte l’OCC avec dans sa valise de nombreux documents de Patrimoine et Développement. Ces documents permettent de voir qu’Olivier Fenoy est entouré de solides conseillers financiers et juridiques, mais aussi combien l’OCC et ses satellites sont extrêmement structurés et lucratifs. “Les dirigeants ont profité de l’OCC pour vivre bien sans jamais débourser le moindre centime, raconte François Destor, 25 ans à l’OCC, et président de Patrimoine et développement pendant 10 ans. “C’était complètement fou : d’un côté les membres n’avaient pas de salaire, pas de Sécu et mangeaient chaque jour grâce à la banque alimentaire ; de l’autre, les châteaux, grâce à notre travail de rénovation, prenaient de plus en plus de valeur. Si on ajoute les dons et les legs, il y restait bien 10 à 14 millions d’euros quand je suis parti en 2010.”  Aujourd’hui, Patrimoine et Développement étant en redressement judiciaire, l’OCC dispose d’un fond de dotation également appelé Patrimoine et développement. Certaines activités comme celle du Théâtre de l’Arc en Ciel sont également financées par la Fondation Scène et Cité hébergée à la Fondation de France, et dont le fondateur est un membre historique de l’Office Culturel de Cluny…Les centres de l’OCC bénéficient ainsi de nombreuses subventions publiques : l’association Domino, qui accueille des handicapés à Roqueserières près de Toulouse, compte parmi ses partenaires la Région Occitanie ou bien encore la Mairie de Toulouse. De la même manière, en 2018, le Domaine de Tournefou a reçu pour ses activités 5 000 euros de l’antenne régionale du ministère de la Culture, 2 000 euros de la Communauté de communes, et 5 000 euros de la région Grand Est. En 2015, ce centre a pu construire une extension pour accueillir des résidences d’artistes grâce aux subventions publiques qui finançaient 40 % d’un budget total de 1,5 million d’euros. L’association ATD Quart Monde, qui, de 2000 à 2016, a envoyé des enfants en grande précarité dans des cours et des séjours de théâtre dispensés par l’OCC, a mis fin en 2017 à son partenariat avec les antennes de l’Office Culturel de Cluny.  La liste des personnalités de renom ayant participé aux congrès annuels de l’OCC depuis 20 ans est longue. L’actrice Marie-Christine Barrault ou le sociologue Edgar Morin font par exemple partie du comité de parrainage de ces congrès… Et l’Église dans tout ça ? En 2013, la Conférence des évêques de France a fini par publier un communiqué stipulant que l’Office Culturel de Cluny et les associations qui en dépendent n’ont pas de liens organiques avec l’Église catholique.  Mais tous les évêques ne partagent pas cet avis. Dans certains centres comme celui de Pâlis dans l’Aube, les prêtres continuent par exemple de venir y célébrer des messes. « L’évêque de Troyes par exemple a entendu l’un d’entre nous raconter les abus sexuels subis. Il n’a rien fait.” Se désole Evelyne Grasset, qui a passé 15 ans au sein de l’Office Culturel de Cluny …Contactés, les responsables de l’OCC insistent sur le fait qu’il n’y a pas de prosélytisme dans leurs activités, que leur religion et leur manière de vivre est une affaire privée. Ils précisent également que depuis les révélations d’abus sexuels de février 2018, le fondateur Olivier Fenoy a été écarté.  L’Office Culturel de Cluny n’existe plus puisque l’association a été liquidée ; ou plutôt, a changé de nom et s’appelle maintenant l’Œuvre de Cluny…  

L’Office culturel de Cluny condamné à un million d’euros de dommages et intérêts

LE PROGRÈS  08/02/2018.  L’Office culturel de Cluny, propriétaire du Château de Machy depuis 1993, a été condamné à verser 1 million d’euros de dommages et intérêts à 21 plaignants, qui n’avaient perçu aucun salaire pour leurs activités au sein de l’association.

 C’est la fin d’un feuilleton judiciaire qui aura duré plusieurs années. L’Office culturel de Cluny (OCC), qui exploite le château de Machy depuis 1993 avec sa troupe de théâtre L’Arc-en-Ciel, a été condamné à verser près d’un million d’euros de dommage et intérêts à 21 de ses anciens membres. Pendant plusieurs décennies, ces plaignants n’avaient perçu aucun salaire pour leurs activités au sein de l’association OCC. Ils n’avaient pas non plus cotisé socialement. Certains d’entre eux avaient notamment travaillé au château de Machy, à Chasselay. Ce jugement a été rendu par la cour d’appel de Paris le 19 décembre. Les dommages et intérêts oscillent entre 25 000 et 100 000 € selon les cas.

L’association est sur le point d’être mise en liquidation judiciaire – L’Office culturel de Cluny a été fondé en 1963 par Olivier Fenoy qui, jusqu’à la semaine passée, était directeur de la troupe de théâtre en résidence au château de Machy. Cette structure était spécialisée dans l’animation culturelle et la création artistique avec la production de pièces de théâtre. Ce n’était pas tout : son fondateur avait mis en place une communauté de travail et de vie avec une forte dimension religieuse, sans pour autant bénéficier de la reconnaissance officielle de l’Eglise catholique. « Les Clunisiens faisaient à divers degrés des vœux proches de ceux des religieux », affirmait un ancien membre au journal La Croix. Un rapport gouvernemental, réalisé en 1996, avait pointé certaines dérives sectaires au sein de l’OCC, dont les membres vivaient dans différents lieux à travers la France, comme le château de Machy à Chasselay. Or, depuis leur arrivée au sein de la communauté, ces 21 plaignants avaient travaillé sans aucun salaire, ni cotisations sociales. Certains sont restés trente ans dans la structure. La justice a finalement estimé que ces 21 personnes avaient subi « un préjudice, avec une perte de chance de percevoir une retraite ». « Nous étudions encore la possibilité de nous pourvoir en cassation », a annoncé ce mercredi l’avocat de l’Office culturel de Cluny, Olivier Kress. L’association, placée en redressement judiciaire en 2016, devrait faire l’objet d’une liquidation dans les prochaines semaines.

ZOOM – DE L’OFFICE CULTUREL DE CLUNY À LA TROUPE DE L’ARC-EN-CIEL – Le comédien Olivier Fenoy a fondé en 1963 , à Paris, l’Office culturel de Cluny (OCC), un organisme de création artistique et de diffusion culturelle. Production, mise en scène et création de spectacles font partie de ses compétences. En 1973, la troupe liée à l’OCC prend le nom de “Théâtre de l’Arc-en-ciel”. Elle est toujours en activité au château de Machy. « Dans les années 70 , l’OCC a connu un développement important avec la création de nombreux centres dans lesquelles sa centaine de membres était envoyée pour travailler dans les domaines de l’animation et de la culture », confie un ancien membre, ajoutant que l’association s’était composé un patrimoine « considérable », avec l’acquisition de sites à Paris, Vézelay, Grenoble, Pâlis, Chatressac, Cugnaux et même au Chili et au Québec. Olivier Fenoy a cessé d’être le directeur de l’OCC en 1996. Au début des années 2000, la plupart de ses membres avaient quitté la structure, avant d’entamer des poursuites quelques années plus tard.

L’Arc-En-Ciel – La compagnie théâtrale de L’Arc-En-Ciel, antenne de l’OCC, est toujours présente au château de Machy. Dirigée jusqu’à la semaine passée par Olivier Fenoy, elle abrite en résidence des comédiens. Un festival est organisé l’été et des cours de théâtre sont donnés…

Son avocat l’a confirmé mercredi après-midi : Olivier Fenoy n’est plus le directeur du théâtre de L’Arc-En-Ciel, en résidence au château de Machy. « Il a remis toutes ses charges et s’est retiré complètement de l’Office culturel de Cluny la semaine dernière. C’était sa volonté. »

Mercredi, une audience devant le tribunal de police de Lyon le concernait. Dans le cadre d’une citation directe, Olivier Fenoy poursuivait pour diffamation non publique Martine Poirson, qui a fait partie de l’OCC pendant dix ans. Cette Lyonnaise avait tenté d’intégrer au dossier jugé par la Cour d’appel de Paris une attestation, dans laquelle elle rapportait des faits présumés « d’abus de nature sexuelle, mais aussi de manipulation du fait de sa position d’autorité sur l’ensemble de la communauté ». Des faits anciens, prescrits par la justice, qui n’ont jamais fait l’objet de poursuites. Jugeant le délai trop court pour étudier toutes les pièces du dossier, l’avocat d’Olivier Fenoy a demandé un report de l’audience. Face au refus du tribunal, il s’est désisté et le fondateur de l’OCC a été condamné à verser une indemnité de 2 000 € à Martine Poirson. http://www.leprogres.fr/rhone-69-edition-ouest-lyonnais/2018/02/08/l-office-culturel-de-cluny-condamne-a-un-million-d-euros-de-dommages-et-interets

Un million d’euros saisis chez les Travailleuses missionnaires.

La Croix – Claire Lesegretain (avec Vosges Matin) , le 13/08/2018. Selon le quotidien Vosges Matin, le procureur de la République d’Épinal a récemment fait saisir 950 000 € sur les comptes de l’association qui gère les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée (TMI). Une décision qui intervient dans le cadre de l’enquête en cours depuis 2015 sur les Travailleuses missionnaires qui œuvraient dans l’hôtel-restaurant « L’accueil du pèlerin », proche de la basilique de Domrémy-la-Pucelle (Vosges). La justice reproche à l’association de n’avoir jamais rémunéré ni déclaré les sept ou huit jeunes femmes qui travaillaient au sein du restaurant en y effectuant plus que 35 heures hebdomadaires. L’association payait toutefois le smic et les charges sociales auprès de la Camivac (Caisse d’assurance vieillesse invalidité et maladie des cultes)…La justice a fait une estimation de l’importance des arriérés de rémunérations et de cotisations auprès des organismes sociaux, d’où cette saisie d’avoirs. Celle-ci a été immédiatement contestée par les avocats de la Famille missionnaire Donum Dei qui ont saisi la chambre de l’instruction de Nancy. Les magistrats devraient statuer cet automne sur cette saisie…Étienne Manteaux, cité par Vosges Matin, a considéré que l’association des TMI n’était pas une congrégation religieuse, et que les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée sont « soumises aux règles du travail classique ». Ce que conteste la Famille Missionnaire Donum Dei (FMDD), qui rappelle que, par une lettre du 15 mai dernier, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France (CEF), a affirmé que les TMI « doivent être considérées comme membres d’une congrégation et collectivité religieuse au sens de l’article 1er de la loi du 2 janvier 1978. En conséquence, ils doivent être assimilés à des clercs tels que définis dans la circulaire La Martinière ». Recrutées très jeunes au Burkina Faso, au Cameroun, au Vietnam, aux Philippines ou au Pérou, les Travailleuses missionnaires (créées dans les années 1950) sont des laïques consacrées appartenant à la Famille missionnaire Donum Dei, association reconnue par le Saint-Siège et rattachée au tiers ordre des grands carmes…Des investigations ont été menées par l’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI) : des enquêtes préliminaires ont été ouvertes en 2016 à Lisieux (Calvados), Marseille et Ars-sur-Formans (Ain) pour les mêmes faits, dans d’autres restaurants gérés par les TMI.

En 2016, les parquets de Lisieux et Marseille se sont dessaisis au profit de celui d’Épinal, afin de permettre un regroupement des procédures.

Les jeunes femmes TMI se plaignent rarement. Selon le procureur d’Épinal, toujours cité par Vosges Matin, leur discours est : « On ne touche pas de salaire, on est heureuses, on donne notre vie au Seigneur »…Pourtant la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a comptabilisé huit plaintes déposées par d’anciennes Travailleuses missionnaires, dont la dernière, en juillet 2017, pour « exploitation d’une personne réduite en esclavage ». Après avoir auditionné d’anciennes TMI, la Miviludes avait relevé en 2015 « des éléments qui caractérisent la déstabilisation mentale ». Elle pointait « la diabolisation du monde extérieur, les ruptures avec l’environnement d’origine, l’absence de soins et les atteintes à l’intégrité physique ».En 2014, à la suite d’une cinquantaine de départs et de quinze plaintes déposées à l’association d’Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux et à leurs familles (Avref), cette association avait consacré un « livre noir » aux TMI.

Sentinelle contre les abus sur majeur dans les communautés religieuses

Radio Notre Dame – le 8 mai 2018 par Thibault Lecoq. L’association Sentinelle vient en aide aux personnes majeures qui ont été victimes d’abus dans les communautés religieuses. Elle tenait vendredi 4 mai, la 4e édition  de ces conférences et débats sur le sujet, afin de libérer la parole. Laurence Poujade est la présidente de cette association qui existe depuis 2014 et une ancienne victime d’abus sur majeur…L’association dispose de différents moyens d’actions pour parvenir à ces buts. Il y l’accompagnement des victimes et des familles, et bien sûr la communication et la sensibilisation autour de ce problème.

L’association se place au cœur de la cité car c’est une association citoyenne, hébergée dans la maison des associations du 14e arrondissement…Pour l’étude de la vie religieuse, elle est en partenariat avec l’Institut des Hautes Études du Monde Religieux (IHEMR), afin de mieux cerner les problèmes qui peuvent exister et en parler avec les autres religions représentées et l’Observatoire de la laïcité. Les journées sentinelles servent à discuter des abus sur majeurs avec les personnes impliquées : associations, anciennes victimes, parents, Église, mais aussi les personnes curieuses de ce problème…Ex. Alexia Lecomte, ancienne moniale franciscaine qui s’est fait « renvoyer » de son couvent sans aucun soutien ni aide. Deux membres de l’association ont témoigné d’un cas particulièrement révélateur de la difficulté de faire émerger ces questions : celui d’un membre de leur famille. Selon la famille qui suit la feuille de route du pape François contre les dérives sectaires, la communauté où est cette personne remplit tous les critères d’une dérive. Leurs interpellations à Mgr Planet, l’évêque en charge de la cellule des dérives sectaires dans des communautés catholiques, n’ont pas abouti. En effet, la cette personne est majeure et donc libre de ses choix. Cela pose la question de la pertinence de cette feuille de réflexion si elle n’est pas suivie au moins d’une visite de contrôle par un évêque…Françoise Poujade, a rappelé qu’en 1997 quand elle a voulu interpeller le cardinal Lustiger sur la situation de sa fille, s’est heurtée à un mur de silence. Lors de cette journée, Mgr de Moulins Beaufort, venant à titre privé pour écouter, à bien fait préciser avant son arrivée qu’il ne voulait aucun enregistrement. L’Église doit donc trouver comment en parler et comment agir contre les abus sur majeur.

https://radionotredame.net/2018/vie-de-leglise/sentinelle-contre-les-abus-sur-majeur-dans-les-communautes-religieuses-159867/

Religieuses sexuellement agressées : enquête sur le dernier tabou de l’Eglise

Le Parisien. Vincent Mongaillard. 11 juin 2018. Quelques anciennes religieuses, abusées sexuellement par un prêtre, témoignent. Et brisent un tabou…Si la parole des enfants abusés sexuellement par des prêtres s’est libérée, celle de religieuses dans la même situation reste marginale. Le président de La Parole libérée y voit potentiellement un «énorme scandale».

C’est une religieuse violée par un religieux dans le parloir du monastère. Une nonne subissant les attouchements d’un prêtre dans le confessionnal. Une sœur agressée sexuellement par une autre sœur de sa congrégation. Les faits sont généralement très anciens, vieux de plusieurs décennies… Et donc prescrits. Dans la très grande majorité des cas, les proies se taisent. Quand elles réussissent à raconter leur calvaire, c’est qu’elles ont quitté la vie consacrée. Si la parole s’est libérée ces deux dernières années chez les fidèles qui, enfants, ont été victimes de curés pédophiles, celle de moniales devenues la cible de frères pervers commence à peine à se murmurer. Deux d’entre elles, sorties des ordres, ont accepté de témoigner pour la première fois, dans Le Parisien. Impossible de mesurer l’ampleur de ces drames. La Parole libérée, association d’aide aux victimes d’abus sexuels perpétrés par le clergé, en a recensé quelques-uns. « Mais c’est une évidence que le phénomène est d’une ampleur bien plus grande. Si les sœurs libèrent totalement la parole, ça peut être un énorme scandale ! », croit son président François Devaux. « Des prêtres qui abusent de leur position d’autorité spirituelle pour en profiter sexuellement, cela existe », reconnaît le responsable d’une communauté…La Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), qui fédère les différentes congrégations, promet qu’elle est à l’écoute. Ce lundi à Paris, elle a convié les supérieurs et les supérieures à une « journée de sensibilisation » sur « les abus sexuels », en partie ceux qui ont détruit des innocentes ayant fait vœu d’obéissance, de pauvreté et de chasteté…sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, qui « invite toutes les victimes » à s’exprimer et à « faire remonter la parole du fond du tombeau ».Pourla psychiatre Muriel Salmona, auteure du « Livre noir des violences sexuelles » (Dunod), ce crime à « huis clos » se rapproche de « l’inceste »…«Le pouvoir marqué d’une sorte de sceau du sacré aggrave l’emprise de personnalités perverses », souligne, de son côté, sœur Véronique Margron. « Or,plus l’emprise est forte, moins la parole se libère et donc plus les prédateurs sont sécurisés dans leurs actes », en déduit François Devaux, de La Parole libérée…L’indépendance vis-à-vis des diocèses favorise ainsi la loi du silence.            http://www.leparisien.fr/societe/religieuses-sexuellement-agressees-enquete-sur-le-dernier-tabou-de-l-eglise-11-06-2018-7766382.php

Après la démission des évêques chiliens, des scandales d’abus en cascade

La Croix. Céline Hoyeau , le 28/05/2018. Depuis la démission des évêques chiliens, à qui le pape reproche une faillite collective dans la lutte contre les abus sexuels, plusieurs nouvelles affaires viennent d’être révélées…La boîte de Pandore est ouverte au Chili et il semble bien qu’il faille s’attendre à des révélations en cascade, dans cette Église gangrenée par les scandales de pédophilie. Cinq jours après la démission de l’ensemble des évêques chiliens, épinglés par le pape François pour leur gestion calamiteuse de ces affaires, le diocèse de Santiago a confirmé jeudi 24 mai une information publiée dans les médias locaux selon laquelle le chancelier, le père Oscar Munoz Toledo, c’est-à-dire l’homme chargé notamment de recueillir les plaintes des victimes de prêtres pédophiles, s’était auto-dénoncé pour avoir abusé d’une personne  le 2 janvier dernier, soit deux semaines avant la visite du pape François dans ce pays. Le père Munoz aurait lui-même couvert des abuseurs - Le diocèse indique, dans une note publiée sur son site Internet, lui avoir alors retiré toute fonction et l’avoir interdit de tout ministère public, lançant à son encontre une enquête préliminaire avant d’envoyer le dossier à Rome. Mais au-delà de son cas personnel, il se pourrait que le père Munoz ait lui-même couvert des abuseurs : c’est lui en effet qui avait reçu en 2003 les premières plaintes des victimes de Fernando Karadima. Cet ancien curé d’une paroisse huppée de Santiago s’était révélé un redoutable prédateur sexuel, dont les abus ont été à l’origine de la violente crise qui secoue l’Église chilienne.

Or, il fallut attendre 2007 pour qu’un procès canonique s’ouvre et 2010 pour que le dossier soit transmis à Rome qui renvoya aussitôt Karadima de l’état clérical. Aux yeux de l’une des victimes, Juan Carlos Cruz, l’annonce du retrait du chancelier du diocèse est à mettre en lien avec la lettre incendiaire envoyée il y a dix jours par le pape François aux évêques chiliens, dans laquelle il affirmait que des « documents compromettants » avaient été détruits. « La famille », une quinzaine de prêtres aujourd’hui suspendus – La semaine dernière toujours, un autre scandale d’abus sexuels, dans le diocèse de Rancagua (centre), a été révélé qui met en cause, celui-là, une quinzaine de prêtres, suspendus en attendant que lumière soit faite sur leurs agissements. Selon des témoignages diffusés par la chaîne de télévision Canal 13, ces clercs ont fait partie d’un groupe qu’ils ont baptisé « la famille », au sein duquel ils auraient eu pendant dix ans une conduite sexuelle inadéquate et se seraient livrés à de possibles abussexuels sur des jeunes. L’évêque du diocèse et ancien président de la conférence épiscopale chilienne, Mgr Alejandro Goic, aurait été alerté au moins à quatre reprises. Éclaboussé par ce scandale, ce dernier a démissionné ce week-end de la présidence du Conseil national de prévention des abus sexuels, l’instance créée en 2011 au sein de l’épiscopat chilien pour empêcher, précisément, de tels abus…Son remplacement a suscité une nouvelle polémique. Nommé samedi à la tête de ce Conseil, Mgr Juan Ignacio González Errázuriz, évêque de San Bernardo et membre de l’Opus Dei, est lui-même très décrié par les victimes de Fernando Karadima. Il les avait notamment critiquées par le passé, en affirmant que « leur demande de pardon » était « exagérée », tout en défendant dans les médias Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno accusé d’avoir couvert les agissements de Karadima. Toutes ces affaires manifestement entremêlées mettent en évidence l’urgence, pour le pape de prendre des décisions drastiques, alors qu’il a entre les mains les 2 300 pages du rapport que lui ont remis les deux enquêteurs dépêchés au Chili et qu’il doit recevoir vendredi 1er juin un nouveau groupe de victimes… Les victimes lui ont remis 17 pages de propositions portant sur la prévention et la réparation de ces abus. Certaines suggèrent qu’une commission nationale soit mise en place sur le modèle de la Commission royale chargée d’enquêter sur les abus sexuels dans toute la société australienne.

Mon frère a rejoint la Légion du Christ, ordre catholique et ultra-conservateur                            ..

VICE – 17.04.2018. Matern Boeselager. La réalisatrice allemande Zita Erffa a perdu son frère : un jour, il a décidé de rejoindre la Légion du Christ... László Erffa, 19 ans, venait tout juste de finir le lycée quand il a décidé de rejoindre la Légion du Christ, un ordre catholique ultra-conservateur et très controversé. Quelques jours après, il commençait ses études au séminaire dans l’État allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Ses proches avaient le cœur brisé – ils s’inquiétaient de ne plus jamais le revoir. La Légion du Christ a été fondée au Mexique par le père Marcial Maciel en 1941. D’anciens membres ont comparé l’ordre à une secte et, pendant longtemps, les allégations selon lesquelles Maciel aurait abusé sexuellement des séminaristes ont été rejetées par le Vatican. Finalement, une enquête menée en 2006 l’a reconnu coupable de viols sur des dizaines de garçons, dont certains avaient à peine 12 ans. Après la mort de Maciel en 2008, soit deux ans après l’arrivée de László, une deuxième enquête a révélé que Maciel avait eu plusieurs enfants avec au moins deux femmes. Les problèmes au sein de la Légion n’ont pas pris fin avec la mort de son fondateur. Dans un rapport des Nations Unies de 2014, le groupe était accusé d’éloigner délibérément de jeunes enfants de leurs parents, limitant souvent leurs communications à quelques fois par an. Et récemment, en octobre 2017, on a découvert que le directeur du séminaire romain de la Légion avait secrètement eu deux enfants. Quelques membres ont quitté l’ordre en réponse aux scandales – mais pas László. Après plus d’une décennie d’efforts pour le convaincre d’en partir, sa sœur Zita a décidé de réaliser un documentaire sur son quotidien dans la Légion, pour mieux comprendre sa décision de rester. Son film, The Best Thing You Can Do With Your Life, figurait dans la sélection officielle du Festival du film de Berlin cette année, et a été nominé pour le Prix du meilleur documentaire.

VICE : Comment László vous a-t-il fait part de sa décision de rejoindre la Légion du Christ ?                                                                   ..
Zita Erffa :
 Il me l’a dit au téléphone. Il était déjà là-bas depuis trois jours. J’ai passé une demi-heure à lui crier dessus. On s’est reparlé pour la première fois un an plus tard, quand il a eu le droit de recevoir des visiteurs                                             …                                                                                                                                                  
Est-ce qu’ils essayaient de vous recruter au camp d’été ?
Oui. Ils ont un club de jeunes appelé ECYD, qui est une abréviation espagnole pour « Education, Culture et Sport ». L’activité physique est ce qui distingue les légionnaires des autres ordres – ils se vantent d’être sains. Les membres du club de jeunes encourageaient tout le monde à s’inscrire. C’était déjà un peu sectaire à l’époque, donc pour moi, il était évident qu’aucun de nous ne le ferait réellement. Mais j’avais tort                                                             …                                                                                                                                                            
Que s’est-il passé ensuite ?
Il a pratiquement disparu pendant les quelques années qui ont suivi. On avait le droit de lui rendre visite une fois par an et de l’appeler trois fois par an. Toutes les lettres qu’on lui a envoyées ont été ouvertes et lues par l’ordre. Après notre première visite, environ un an après son admission, ma mère a dit qu’elle aurait préféré ne pas l’avoir vu parce qu’elle ne supportait pas de voir à quel point il avait changé.                                                                        ..
Pourquoi László n’a-t-il pas quitté l’ordre après que l’affaire des abus sexuels a éclaté ?
Les rumeurs concernant les viols allaient déjà bon train quand mon frère a rejoint l’ordre. Beaucoup de dirigeants de la légion devaient savoir ce que Marcial Maciel faisait à ces garçons, mais les légionnaires s’encouragent mutuellement à ne rien dire à leurs supérieurs, quoi qu’il arrive…https://www.vice.com/fr_ca/article/gy88e4/mon-frere-a-rejoint-la-legion-du-christ-ordre-catholique-et-ultra-conservateur

Un abbé intégriste condamné à 19 ans de réclusion en appel pour viols sur des enseignantes

La Croix – AFP, 16/02/2018 – Un abbé intégriste qui comparaissait en appel depuis mardi à huis clos à Nanterre pour viols aggravés sur trois enseignantes, dont certains assortis d’actes de torture, a été condamné vendredi à 19 ans de réclusion criminelle, contre 16 en première instance. Le ministère public avait requis 20 ans. Comme en première instance, la cour a assorti cette peine d’un suivi socio-judiciaire pendant six ans et d’une injonction de soins pour ses « problèmes de déviance sexuelle ». Christophe Roisnel, 44 ans, sera par ailleurs inscrit au fichier des délinquants sexuels. Impassible à l’énoncé du verdict, l’homme avait été mis en examen et écroué en avril 2014 pour des actes commis en 2010 au sein de l’école qu’il dirigeait, Notre-Dame de la Sablonnière, à Goussonville (Yvelines, un établissement proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X.  D’autres faits s’étaient déroulés à Villette (Yvelines), ainsi qu’au domicile des parents du religieux, dans la Manche, selon une source proche du dossier. Les victimes, toutes trois enseignantes, l’accusaient d’avoir usé de son ascendant psychologique pour parvenir à ses fins : il évoquait avec elles des agressions sexuelles, réelles ou inventées, que celles-ci auraient subies par le passé et leur faisait revivre ces épisodes traumatiques pour, disait-il, qu’elles puissent les dépasser. Leur avocat François Souchon, interrogé par l’AFP, a qualifié la peine infligée de « juste ». « On a eu plus de vérité à cette audience d’appel » qui a eu « des vertus bénéfiques et salvatrices pour toutes les parties », selon lui. La cour a estimé, comme en première instance, que l’abbé avait abusé de l’autorité que lui conférait son statut d’ecclésiastique. Le religieux, qui comparaissait détenu, n’avait cependant été condamné en mai 2017 que pour viols et non pour actes de torture.  Il a aussi été condamné cette fois pour avoir violé l’une des victimes à l’aide de ciseaux, d’aiguilles à tricoter, de manches à balai et d’autres ustensiles (brosse à dent, pinceau, gant de crin…) et l’avoir flagellée avec sa chemise. Christophe Roisnel a cette fois encore été jugé à huis clos à la demande des parties civiles (BIEN: des parties civiles). Il a cinq jours pour se pourvoir éventuellement en cassation. Ses avocats n’ont pas souhaité s’exprimer. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X est une communauté intégriste proche des milieux d’extrême droite, fondée en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre. Elle ne reconnaît pas le Concile Vatican II (1962-1965) qui a, selon elle, rompu avec la tradition. Elle compte près de 600 prêtres dans une soixantaine de pays dans le monde, dont 150 en France. L’abbé Roisnel avait été écarté de ses fonctions de directeur d’école en 2011 par les autorités ecclésiastiques après que les trois femmes s’étaient plaintes de ses agissements. Il avait alors été envoyé dans un couvent de capucins dans la région lyonnaise, puis muté dans une école de garçons. Mais, selon une source proche du dossier, il avait tenté de faire pression sur les enseignantes pour qu’elles se rétractent et celles-ci avaient alors déposé plainte pénalement en 2013. Seules deux des trois victimes s’étaient constituées parties civiles: une institutrice de 38 ans, que l’accusé dirigeait au sein de l’école, et une amie de celle-ci, enseignante dans un autre établissement, âgée de 32 ans. Un procès canonique devrait avoir lieu dans les mois qui viennent: l’abbé pourrait alors être « réduit à l’état laïc » (renvoyé de l’état clérical), selon une source proche du dossier.

https://www.la-croix.com/France/Un-abbe-integriste-condamne-a-19-ans-de-reclusion-en-appel-pour-viols-sur-des-enseignantes-2018-02-16-1300914430?from_univers=lacroix

« Marie Porte du Ciel » : Augustin Valencourt condamné à 2 ans de prison ferme

Le verdict est tombé ce jeudi matin. Augustin Valencourt est condamné à 5 ans de prison dont 36 mois avec sursis et mise à l’épreuve. Pour sa compagne Marie-Cécile Nurbel, la peine reste la même qu’en première instance, soit deux ans dont 16 mois avec sursis. Leur fille, Carole, écope elle aussi de deux ans avec sursis et mise à l’épreuve…Le 1er mars dernier, l’affaire de la secte « Marie Porte du Ciel » était de retour devant la justice, plus précisément à la Cour d’appel de Saint-Denis. Car quelques jours après le délibéré le 29 juin dernier, au tribunal de Saint-Pierre, le couple Valencourt, Augustin et Marie-Cécile, ainsi que leur fille Carole, avaient fait appel…Lors de ce procès en appel le 1er mars donc, l’avocat général Pierre Bernard a requis une peine de cinq ans dont trois ferme à l’encontre d’Augustin Valencourt. En première instance, ce sont cinq ans de prison dont deux fermes qui avaient été prononcés. Pour sa compagne Marie-Cécile Nurbel, alors absente à l’audience « pour raisons de santé », il a requis deux ans dont un ferme, et enfin deux ans dont 16 mois avec sursis pour leur fille Carole qui espère elle aussi une relaxe. Si le fils Yannick Valencourt, l’ancien curé du Chaudron, n’a pas fait appel de sa condamnation à 18 mois avec sursis – le parquet de Saint-Pierre avait demandé, sans l’obtenir, à ce qu’il n’ait plus le droit d’exercer en tant que prêtre -, Gladys, l’autre fille du couple, réclame pour sa part une minoration du montant des dommages et intérêts à verser aux parties civiles.

Le délibéré sera rendu ce jeudi matin. Pour rappel, entre 2012 et 2015, les Valencourt ont su rassembler jusqu’à 700 adeptes dans leur chapelle, au sein du groupe de prière « Marie Porte du Ciel » créé en 1988. Les réunions de prière étaient l’occasion surtout pour cette famille du Tampon de vendre des statuettes religieuses à des tarifs cinq à six fois plus élevés qu’en paroisse. Ou encore des fioles d’huile « sainte » censée provenir de Lourdes… Un « business » qui leur aurait rapporté environ trois millions d’euros sur plusieurs années. De quoi s’offrir des berlines de marque BMW ou encore des voyages. L’enquête était partie du décès suspect d’un enfant malade du cancer. Les parents ont affirmé qu’Augustin Valencourt a bien failli les convaincre d’interrompre le traitement médical de leur enfant, persuadé qu’il aurait été capable de le guérir uniquement au moyen de prières et de cérémonies. Il a finalement été démontré que l’enfant était décédé sans aucun doute possible des suites de sa maladie. Lors du procès en appel, Augustin Valencourt niait toutefois toute dérive sectaire au sein de son groupe de prière.

« Je n’ai d’emprise sur personne ! J’insiste, je persiste et je signe ! », clamait l’ancien policier de 73 ans. « À aucun moment, a-t-il répété à plusieurs reprises, je n’ai mis de couteau sous la gorge de quelqu’un ! », poursuivait-il, même si quelques instants plus tôt, Carole Valencourt faisait comprendre le contraire face à la présidente. La Tamponnaise de 40 ans était convaincue que son père recevait directement ses instructions de Dieu, et a confirmé qu’Augustin Valencourt demandait à ses adeptes de le suivre aveuglément au risque, menaçait-il, de subir catastrophes, maladies et accidents… « Non, Dieu ne me parle pas. Je ne fais que reprendre la Bible », avait répliqué Augustin Valencourt, tout en faisant comprendre que seuls des « abrutis » auraient pu croire autre chose. Mais ce ne sont pas les seuls faits que le patriarche a contesté ce jour-là : Augustin Valencourt conteste également le blanchiment d’argent découlant des dons en espèces, révélés par les enquêteurs qui avaient observé des mouvements d’argent suspects sur les comptes bancaires de la famille. Des escroqueries multiples qui ont contribué au patrimoine de 3 millions d’euros cumulé en quelques années par les Valencourt… alors qu’il n’y avait quasiment pas d’argent sur le compte de l’association « Marie Porte du Ciel ».       https://www.clicanoo.re/Faits-Divers/Article/2018/03/14/Marie-Porte-du-Ciel-Augustin-Valencourt-condamne-2-ans-de-prison

Willy Claes: « L’Opus Dei a influencé le procès Agusta »

Le Vif – 18/01/18 – Source: Knack – Il y a vingt ans, Willy Claes, ancienne figure de proue du sp.a, était condamné pour son rôle dans l’affaire Agusta. Interrogé par quatre étudiants en journalisme de la haute école Artevelde, il revient sur l’affaire qui lui a coûté sa place de secrétaire général de l’OTAN. Dans les années 1990, le constructeur d’hélicoptères italien Agusta a payé un pot-de-vin aux socialistes francophones et néerlandophones pour décrocher un contrat pour l’armée belge. En tant que ministre des Affaires économiques (1988-1992), Willy Claes (SP) était responsable des compensations économiques de ce contrat. Il s’est avéré que son chef de cabinet était l’un des titulaires d’un compte en banque suisse secret sur lequel Agusta avait versé 51 millions de francs (1,25 million d’euros). En 1998, la Cour de cassation a déclaré Claes coupable de fraude. Pourtant, Claes, âgé entre-temps de 79 ans, clame toujours son innocence: « Ce n’est pas à mon cabinet que l’opération corrompue a été montée, mais dans le parti – probablement avec le trésorier SP de l’époque, Etienne Langé. Je ne suivais ces dossiers qu’indirectement, ce que j’ai fort regretté après. »  Survenu en 1995, le scandale Agusta coïncidait avec les élections parlementaires. Malgré le climat de scandale, la figure de proue du SP Louis Tobback a remporté une victoire électorale et a réussi à faire rentrer le SP au gouvernement, même s’il a fallu en payer le prix. À la question si le parti l’a laissé tomber, Claes répond : « C’est exact. Les négociations gouvernementales primaient manifestement sur le maintien de mon haut poste international (entre-temps, Claes était secrétaire général de l’OTAN, NDLR). Pour le SP, je suis devenu une victime expiatoire servant à survivre au scandale. Après ma démission, Tobback est venu me rendre visite. Il semblait vouloir s’excuser que le parti ne puisse pas me défendre. Quand je regarde en arrière maintenant, je le comprends. Il fallait sauver les meubles, et c’est ce que Louis a remarquablement bien fait. » Claes répète dans l’interview que c’était surtout l’organisation catholique (certains opposants parlent d’une secte) qui voulait sa peau (« je suis un franc-maçon avoué »). C’est ce que lui a raconté un « homme d’Église haut placé ». L’influence de l’Opus Dei est apparue quand certains témoins se sont fait connaître comme membres de cette organisation. Ils le faisaient en criant « Que Dieu me vienne en aide ». Le président de la Cour de cassation les rappelait à l’ordre, mais le signal était donné. Il est clair qu’Opus Dei a influencé le procès Agusta », déclare-t-il. Même le Premier ministre n’a pas pu lutter contre ces forces : « Après ma démission comme secrétaire général, le Premier ministre Jean-Luc Dehaene (CVP) m’a assuré que j’aurai à nouveau un mandat, il est vrai en marge politique. Ensuite, on m’a toutefois déclaré que « la haute société » l’en avait empêché et manipulaient l’affaire. » Et le ministre de la Justice de l’époque, Melchior Wathelet (PSC, aujourd’hui PSC) était impliqué : « Vous pouvez écrire : je serais étonné s’il n’avait pas joué de rôle », confie Claes. Pourtant, Claes balaie aussi devant sa porte. « Je n’ai jamais vu un sou de ces pots au vin, mais en tant que ministre j’étais effectivement politiquement responsable…                       http://www.levif.be/actualite/belgique/willy-claes-l-opus-dei-a-influence-le-proces-agusta/article-normal-785961.html

Philippe Liénard: « L’Opus Dei est devenue une multinationale financière »

Le SoirELODIE BLOGIE, 30 janvier 2018.  Si l’institution catholique est en déclin, son pouvoir économique est immense. Entretien – Philippe Liénard, juriste de formation, franc-maçon revendiqué (auteur de nombreux ouvrages sur ce thème), publie un livre sur l’Opus Dei. Il tente d’y faire la lumière sur le pouvoir réel de « l’Œuvre ».  On observe une chute des vocations de prêtres, car cela implique des contraintes qui ne sont plus compatibles avec une vie au XXI e siècle : porter le cilice, faire cinq prières par jour, etc. Mais c’est précisément car il y a une chute des vocations que l’Opus Dei a multiplié les centres de formation. On en trouve 80 en France, une vingtaine en Belgique. Il y a une volonté de formater la jeunesse…Ce qu’on demande à ces enfants en termes de pression scolaire, d’obligations spirituelles est lourd… L’Opus Dei est devenue aujourd’hui une multinationale financière très bien structurée. Selon ses statuts, l’Œuvre doit être « pauvre ». Or, l’Opus Dei n’ayant rien mais possédant beaucoup, il y avait une incohérence. La réponse est à chercher du côté de cette galaxie de personnes morales, d’associations, de fondations que l’Opus Dei a développée partout, en Espagne, en France, beaucoup en Suisse, mais aussi en Belgique. Ensuite, à travers ses coopérateurs, l’Opus Dei a pu engranger des sommes extraordinaires. Ces coopérateurs ne sont pas membres ; ils vivent dans la société civile, sont mariés, pères de famille, chefs d’entreprise, mais sont proches des idées de l’Opus Dei et y versent des dons.  Dans les deux cas, je peux développer les sources et faire la démonstration. Je ne le fais pas dans ce livre car je ne voulais pas en faire un livre à scandale. J’ai beaucoup de respect pour ces deux messieurs. S’ils veulent attaquer le livre, ils peuvent le faire. Mais dans l’ouvrage, j’use du conditionnel et de beaucoup de précautions : je ne dis rien qui offre le profil d’une certitude absolue.  En Belgique, l’Œuvre est présente dans le monde judiciaire, dans celui des entreprises, dans la politique aussi, mais de façon marginale, c’est-à-dire uniquement par personne interposée. Dans tous ces cas, les coopérateurs et proches de l’Opus Dei véhiculent évidemment un projet de société particulier et se servent de leur fonction pour le faire aboutir, d’une façon ou d’une autre. L’Œuvre est sortie de son rôle spirituel « pur jus » : c’est devenu une entreprise de conquête d’un pouvoir économique. J’ai chiffré les recettes de l’Œuvre à 100 millions de dollars par jour. L’Opus Dei a compris avant tout le monde que les Eglises avaient une durée de vie et qu’il fallait que l’Œuvre survive à l’Eglise… Un peu plus de la moitié des entreprises du CAC 40 sont dirigées par des proches de l’Opus Dei. L’entreprise Renault, par exemple, a toujours été dirigée par des proches, voire par des membres, dont certains ne se cachent pas.  On parle beaucoup de la maçonnerie comme pouvoir d’influence, mais c’est parce que les franc-maçons ne sont pas secrets (contrairement à l’Opus Dei), juste discrets. Si vous connaissiez les difficultés rencontrées par les loges pour payer les factures d’électricité, vous comprendriez qu’on est loin du grand complot mondial. L’Opus Dei, par contre, a développé des structures mondiales. Les tentatives d’être présent sur le terrain politique existent, en Belgique aussi. L’Opus Dei joue-t-il un rôle politique majeur et décisif pour autant ? Non. Mais la Belgique n’est pas une île, elle subit les influences de ses voisins. Il faut comprendre que l’Opus Dei vit dans l’intemporalité. Ils ont tout le temps. Ce qui n’est pas le cas de nos politiques. Je ne connais aucune institution qui ait une telle vision froide, sur le long terme, avec une redoutable efficacité de ramification dans tous les milieux.

Abus spirituels : Une sœur de Saint-Jean lève le voile 

La Vie – Christine Florence – le 26/10/2017 – À 24 ans, en 1999, Marie-Laure Janssens entre chez les sœurs contemplatives de Saint-Jean (la branche féminine des frères du même nom, appelés aussi « petits gris »). Elle y restera 11 ans. Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, elle affirme avoir été la « victime d’un crime que ni le droit pénal ni le droit de l’Église catholique ne reconnaissent : l’abus spirituel ». Elle déroule dans un livre écrit avec le journaliste Mikaël Corre, Le Silence de la Vierge (Bayard).

Au départ, une jeune femme, qui termine ses études à Sciences Po Paris, et qui, catholique convaincue, se pose la question de la vie religieuse. Désirant étudier la théologie, elle se laisse persuader par un frère de Saint-Jean que c’est à Saint-Jodard, en Bourgogne, qu’elle trouvera son bonheur. Enthousiaste, Marie-Laure part pour un premier séjour à « Saint Jo ». Là, elle étudie tout son saoul en compagnie de 40 nouvelles jeunes recrues, sort de son isolement… et se réjouit d’habiter dans un village des bords de Loire et d’avoir fui « les beaux parleurs de la rue Saint-Guillaume ». Mais des doutes sur sa vocation l’assaillent en permanence. Elle s’en ouvre à la maîtresse des novices, sœur Marthe, qui, elle, n’en a pas : « Ta place est chez les sœurs. Quand veux-tu rentrer ? » Et puis cette sœur est une femme tellement « exceptionnelle »… par « sa présence », « son regard », « son discernement » et tellement adulée des autres religieuses aussi. 

Le décor est planté dès les premières pages, sous le signe d’une emprise affective et spirituelle qui va monter crescendo. Sœur Marthe est une femme puissante à plus d’un titre : auréolée des charismes qu’on lui prête et très influente auprès de la religieuse fondatrice de la communauté et vieillissante, sœur Alix, dont elle est l’assistante. Elle va tisser sa toile autour de Marie-Laure dont elle a repéré la vive intelligence et les fragilités. Au quotidien, l’esprit d’obéissance est un véritable tremplin à la manipulation. Les sœurs ne se confient personnellement qu’à leur supérieure, même pas les unes aux autres dont elles ignorent tout, jusqu’à l’âge… Tout état d’âme est banni, ce qui conduit à « enfouir tout ressenti personnel », renier son vécu, pour mieux obéir à « la réalité objective », soit la volonté de Dieu telle qu’elle s’exprime par la supérieure… 

Une interprétation très particulière de la philosophie du père Marie-Dominique Philippe, qui a fondé les frères de Saint-Jean en 1975, et qui est accusé d’être un gourou par l’Union nationale de défense de la famille et de l’individu (Unadfi) en 1999. Les dérives sectaires dans certaines communautés nouvelles, dont la famille Saint-Jean, ont été ensuite révélées dans plusieurs journaux et en particulier dans La Vie, par de longues enquêtes. 

Cramponnée à un navire qui tangue sous les accusations et les avertissements de l’Église, Marie-Laure se réfugie plus que jamais dans le giron de sœur Marthe, devenue sa « sœur responsable » et pour laquelle elle ressent « autant d’attirance que de malaise ». Celle-ci l’expédie bientôt à Cébu, aux Philippines, pour fonder un nouveau prieuré, puis à Taïwan… Mais très vite, la jeune femme est assaillie de « crises nocturnes récurrentes » et, sur ordre de sa supérieure, doit se livrer à un exorciste, un frère de Saint-Jean qui tente vainement de la délivrer des « agressions du démon »… alors que ses symptômes n’étaient, dit-elle, que l’expression de ses « troubles » à l’égard de la sœur gourou. 

Le récit se termine au Québec, où elle a été envoyée dans « un état d’épuisement physique et psychique » alors que la communauté « est en plein chaos » : Rome a repris celle-ci en main et nommé un administrateur en 2009, Jean Bonfils, évêque émérite de Nice… La religieuse finit par sortir de cet enfer mental et de cette dépendance mortifère envers sa supérieure – qui l’a harcelée un temps par écrit –, avec l’aide d’une psychologue et de Sylvain, un ami québécois, son futur mari. 

Le livre aurait pu s’arrêter là, mais Marie-Laure Janssens pousse la réflexion plus loin. Elle a voulu écrire autre chose que la « banale histoire d’amour » d’une « religieuse défroquée »… Si elle est allée au bout de ce témoignage, c’est aussi en réaction : « Face au silence criminel de l’institution, face aussi à l’aveuglement de mes « sœurs” qui, par dizaines, souvent de manière anonyme, viennent régulièrement sur la toile témoigner de l’innocence de leurs fondateurs et du trésor de leur vocation… » Ce silence de l’institution lui a pesé lorsqu’elle s’est confiée, en 2013, à Mgr Henri Brincard, alors délégué du pape auprès de la communauté Saint-Jean, pour lui demander l’autorisation de publier son histoire. Voici la réponse de l’évêque aujourd’hui décédé : « Le silence de l’Église est à sa manière un acte de miséricorde à l’égard des personnes. Ce n’est pas avoir peur de la vérité que de garder le silence lorsque celui-ci est le langage du don de soi, le langage du service comme la Vierge vous le fait comprendre. » La jeune femme, indignée, affirme ne pas comprendre. D’où le titre de son livre : le Silence de la Vierge.   

À lire : Le Silence de la Vierge, de Marie-Laure Janssens, avec Mikael Corre, Bayard, 18,90 €. 

http://www.lavie.fr/culture/essais/abus-spirituels-une-soeur-de-saint-jean-leve-le-voile-26-10-2017-85730_680.php?utm_content=bufferf3d52&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer

Ces dérives sectaires qui ébranlent l’Église


Pèlerin n°7036 du 5 octobre 2017 – Publié par Agnès CharetonÉdité par Cécile Picco Dans un livre publié ces jours-ci, une ex-religieuse de la communauté Saint-Jean raconte l’emprise mentale dont elle a été victime. Ce récit éclaire une réalité encore taboue dans l’Église : l’abus spirituel. Marie – Laure Janssens a 42 ans, elle est mariée et a deux enfants. Pendant onze ans, « sœur Marie-Laure » a porté le grand voile blanc et l’habit sombre des religieuses contemplatives de Saint-Jean, cette communauté française catholique fondée en 1975 par le P. Marie-Dominique Philippe, à Fribourg, en Suisse. Culpabilisation, isolement, verrouillage de l’esprit… Dans un témoignage écrit en collaboration avec Mikael Corre, journaliste à Pèlerin, la jeune femme décrit les mécanismes d’un système qui l’a privée de sa liberté intérieure, et manipulée dans ce qu’elle avait de plus intime : sa foi en Dieu. C’est la première fois qu’une ancienne religieuse de Saint-Jean prend la plume sans recourir à l’anonymat (1). Issue d’une famille catholique de Compiègne (Oise), Marie-Laure pousse les portes du couvent de Saint-Jodard, près de Lyon, en 1998, après des études à Sciences-Po. À l’époque, elle a « soif de Dieu » et rêve de donner sa vie au service des pauvres. Lever à 5 h 30, offices, service communautaire, travail au potager… De l’extérieur, c’est une jeune religieuse souriante. À l’intérieur, les doutes sur sa vocation la tiraillent. Marie-Laure voue une obéissance aveugle à la toute-puissante sœur Marthe, à la fois directrice spirituelle, maîtresse des novices, assistante générale de la fondatrice, sœur Alix… Elle reste prisonnière de cette relation toxique, malgré les envois en mission aux Philippines, à Taïwan, aux États-Unis et au Canada. En 2009, la communauté est reprise en main par Rome, et quatre supérieures – dont sœur Marthe – sont exclues de la vie religieuse par le cardinal Barbarin. Épuisée physiquement et psychologiquement, Marie-Laure quitte l’habit six mois après. « Je n’ai pas décidé d’écrire pour soigner mes blessures, affirme-t-elle. Je veux interpeller l’Église, car des dysfonctionnements perdurent. » Son témoignage n’apporte pas de nouvelles révélations sur la communauté Saint-Jean, qui a pudiquement reconnu, en 2013, que son fondateur, le P. Marie-Dominique Philippe, « a parfois posé des gestes contraires à la chasteté ». Son originalité réside dans le fait qu’il documente, de l’intérieur, le phénomène encore tabou des dérives sectaires dans certaines communautés catholiques. Le récit, enrichi d’extraits de sa correspondance avec sa famille (177 lettres ont été retrouvées), met en évidence la réalité de « l’abus spirituel », rendu possible quand un supérieur est en même temps directeur de conscience. Il y a alors confusion entre le « for interne » et le « for externe », distingués par le droit canon. LE DÉSARROI DES VICTIMES  – De fait, son expérience n’est pas un cas isolé, même si aucun chiffre n’existe sur les dérives sectaires dans l’Église. Celles-ci concernent souvent des communautés « nouvelles », fondées par une personnalité dotée d’un fort charisme. En 2015, une enquête canonique a été ouverte visant les Sœurs de Bethléem, et en 2016, les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée ont fait l’objet d’une visite apostolique. Parmi les affaires les plus retentissantes, qui impliquent aussi des abus sexuels, on peut citer la suspension du P. Maciel, fondateur de la Légion du Christ, en 2006 ; celle, en 2008, du F. Ephraïm, fondateur de la communauté des Béatitudes ; la condamnation canonique du fondateur de Points-Cœur, le P. de Roucy, en 2011… En 2013, une quarantaine de victimes et de familles avaient écrit leur désarroi à Mgr  Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF). Celui-ci leur avait répondu dans une lettre très bien accueillie par les associations de victimes, comme l’Avref (2). Dans la foulée, la CEF avait renforcé sa vigilance, en créant différents services, regroupés en une Cellule pour les dérives sectaires. « Notre travail consiste à accueillir, écouter et accompagner les victimes qui se font connaître, explique Mgr  Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne, placé à sa tête. Nous constituons ensuite des dossiers et alertons les autorités religieuses compétentes : l’évêque, le supérieur de la congrégation, Rome, etc. » Mais, dans les faits, les choses ont peu bougé. Les dossiers, complexes, aboutissent rarement à des décisions concrètes. Les raisons sont multiples : difficulté à recueillir la parole des victimes, responsabilité diluée entre des acteurs ecclésiaux qui se renvoient la balle, culture du secret, etc. « Sœur Chantal-Marie Sorlin fait un gros travail à la Cellule pour les dérives sectaires, mais son pouvoir d’action est limité. La seule manière de secouer le cocotier est d’aller en justice ou d’alerter les médias », déplore Aymeri Suarez-Pazos, président de l’Avref. « L’Église ne communique aucune information sur les enquêtes canoniques, regrette de son côté Yves Hamant, dont la fille a été concernée par ces dérives. Or ce problème ne concerne pas juste quelques familles. Il implique l’ensemble des baptisés parce qu’il touche les communautés nouvelles, sur lesquelles l’Église mise pour son avenir. » Le silence de la Vierge, Marie-Laure Janssens avec Mikael Corre, Ed. Bayard, 260 p.; 18,90 €.    (1) Félicité, la vérité vous rendra libre, témoignage anonyme d’une ancienne sœur apostolique de Saint-Jean, a été publié en 2014 aux Éd. Sentinelle. (2) Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles.  http://www.pelerin.com/A-la-une/Ces-derives-sectaires-qui-ebranlent-l-Eglise  

La parole se libère, à visage découvert, sur des abus dans la vie religieuse

France Soir – Mercredi 11 Octobre 2017 – « J’ai bel et bien passé onze ans dans une secte »: une ancienne religieuse s’exprime sans recourir à l’anonymat dans un livre paru mercredi, signe d’une parole qui se libère sur des dérives subies, et longtemps enfouies, dans certaines communautés catholiques.

« Le Silence de la Vierge » (Bayard) est le témoignage d’une femme « victime d’un crime que ni le droit pénal ni le droit de l’Église catholique ne reconnaissent: l’abus spirituel », « variante religieuse », souligne l’auteure, de « l’emprise affective et psychologique ».

Marie-Laure Janssens a quitté en 2010 la communauté des sœurs contemplatives de Saint-Jean et leur vie de prière. Aujourd’hui, fait exceptionnel, cette femme de 42 ans a décidé de parler sous son nom. Et même de poser à visage découvert dans l’hebdomadaire catholique Pèlerin dont un journaliste, Mikael Corre, a mis en forme son récit.

Les dérives passées au sein de la « famille Saint-Jean », qui compte des frères et des sœurs contemplatives ou apostoliques – engagées « dans le monde » -, sont connues. Son fondateur, le père Marie-Dominique Philippe, décédé en 2006, théoricien de « l’amour d’amitié », a été accusé jusqu’à Rome de « déviances dans sa vie affective et sexuelle ». Plusieurs frères de Saint-Jean – surnommés les « petits gris » en raison de la couleur de leur habit – ont été jugés pour abus sexuels.

En 2009, les quatre principales responsables des sœurs contemplatives ont été destituées. En cause: un gouvernement de la communauté jugé problématique, et des soupçons d’abus spirituels, qui surviennent quand la direction de conscience et l’autorité hiérarchique sont assumées par un même responsable. Au prix d’une obéissance aveugle, d’intrusions permanentes dans la vie de personnes fragilisées.

– « Tout commence » –

« Les conséquences psychologiques de l’abus spirituel sont comparables à celles de l’abus sexuel, car il y a un viol de l’intimité », dit Aymeri Suarez-Pazos, président de l’association Avref (Aide aux victimes de mouvements religieux), qui a consacré un « livre noir » à la communauté Saint-Jean.

« Rome a reconnu en 2016 le travail entrepris pour corriger ce qui devait l’être et nous a invité à poursuivre dans cette voie », indique à l’AFP une source proche de la communauté, qui n’élude pas « les dysfonctionnements profonds » et l' »emprise manipulatoire » ayant existé chez les sœurs.

Pourtant, Marie-Laure Janssens n’a pas été entendue quand elle a voulu raconter son histoire dès 2013 et s’est ouvert de son projet à Mgr Henri Brincard, alors délégué du pape auprès de la communauté.

« Le silence de l’Église est à sa manière un acte de miséricorde à l’égard des personnes », lui a répondu l’évêque, décédé depuis. Une invitation au mutisme qui l’a justement convaincue de prendre la plume.

« Ce livre est important car il tend à briser la loi du silence », indique à l’AFP Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Cette instance gouvernementale n’a pas vocation à se substituer à l’Église dans le règlement de ses affaires internes, souligne l’ancien député. « Notre rôle c’est d’aider les victimes », rappelle-t-il, citant les dossiers instruits ces dernières années, des Béatitudes aux Travailleuses missionnaires.

La Conférence des évêques de France (CEF) s’est saisie du sujet depuis plusieurs années. Son président, Mgr Georges Pontier, avait dénoncé en 2013 un « silence » face « au danger de certains groupes ». Des communautés souvent jeunes, reposant sur l’aura d’un fondateur charismatique et ayant connu une forte croissance.

La CEF abrite une « cellule pour les dérives sectaires dans des communautés catholiques ». Mais « c’est une cellule isolée, sans moyen d’agir si ce n’est de prévenir tel ou tel évêque qui en fait ce qu’il veut », accuse le président de l’Avref, qui attend « une parole claire du Vatican ».

« Des évêques sont réticents parce qu’ils estiment que tout a été dit. Nous, nous estimons que tout commence », fait valoir Laurence Poujade, présidente d’une association Sentinelle, en soutien aux victimes d’emprise communautaire. Une emprise dont cette ancienne « sœur Félicité » chez les religieuses apostoliques de Saint-Jean a elle-même fait le récit en 2014, à compte d’auteur, sous couvert d’anonymat et sous ce titre: « Félicité, la vérité vous rendra libre ». Auteur : Par AFPhttp://www.francesoir.fr/actualites-france/la-parole-se-libere-visage-decouvert-sur-des-abus-dans-la-vie-religieuse

Le cardinal George Pell, numéro trois du Vatican, est arrivé lundi en Australie, où il doit être entendu dans deux semaines pour des soupçons d’agression sexuelle.

AFP, publié le lundi 10 juillet 2017. Le pape François a accordé un congé au responsable des finances du Saint-Siège pour lui permettre d’assurer sa défense. Le prélat de 76 ans a été inculpé fin juin pour « des délits d’agressions sexuelles anciennes », sans aucune précision sur les faits supposés ni l’âge des victimes présumées. Il est convoqué le 26 juillet devant le tribunal de Melbourne pour une audience préliminaire.

Le cardinal Pell a atterri à Sydney et rapidement quitté l’aéroport. Son porte-parole a indiqué dans un communiqué qu’il ne ferait aucune déclaration, mais précisé qu’il était reconnaissant pour « les nombreux messages de soutien qu’il continue de recevoir ». « Quand il a été informé de son inculpation par la police de l’Etat de Victoria, le cardinal Pell a déclaré à Rome qu »il rejetait catégoriquement les accusations, qu’il était complètement innocent et qu’il rentrerait en Australie pour se défendre », a-t-il dit…L’annonce de son inculpation fin juin avait coïncidé avec la fin d’une longue enquête nationale portant sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux abus sexuels commis sur des enfants, finalement demandée par le gouvernement en 2012 après une décennie de pressions de la part des victimes. La commission d’enquête royale ayant conduit pendant quatre ans ces investigations a recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes. L’avocate présidant ces travaux, Gail Furness, avait annoncé en février que 4.444 faits de pédophilie avaient été signalés aux autorités de l’Eglise australienne et qu’entre 1950 et 2010, « 7% des prêtres étaient des auteurs présumés » d’abus sexuels sur des enfants. Le cardinal Pell avait été entendu trois fois dans ce cadre et avait reconnu devant la commission d’enquête avoir « failli » dans sa gestion des prêtres pédophiles dans l’Etat de Victoria dans les années 1970. L’ecclésiastique avait été ordonné prêtre en 1966 à Rome, avant de revenir en Australie en 1971 où il avait gravi les échelons de la hiérarchie catholique. Nommé archevêque de Melbourne en 1996, puis de Sydney en 2001, il avait été accusé en 2002 d’abus sexuels pour des faits présumés très anciens mais avait été innocenté par la suite. Il avait été choisi en 2014 par le pape François pour mettre davantage de transparence dans les finances du Vatican.

Thierry de Roucy, le prêtre intenable que l’Eglise menace d’excommunier

Libération , Par Bernadette Sauvaget — 16 mars 2017 – Le curé, sorte de gourou catholique, a été condamné en 2011 par un tribunal religieux pour abus sexuel et abus de pouvoir, mais refuse de se plier aux décisions de l’institution. S’il n’était question d’abus sexuels et de dérives sectaires, l’affaire serait hautement cocasse. Un curé français chic et choc, Thierry de Roucy, vivant jusqu’à récemment près de New York, est menacé ni plus ni moins d’excommunication, c’est-à-dire d’être radié de l’Eglise, la peine maximale que l’institution peut infliger à ses fidèles. Bref, une sanction rarissime, d’autant plus pour un abbé. Prêtre très controversé, Thierry de Roucy est surtout devenu très embarrassant pour la hiérarchie catholique. En 2011, il a été condamné par un tribunal ecclésiastique pour abus sexuel et abus de pouvoir sur l’un de ses bras droits, un jeune homme majeur au moment des faits. Puis en 2015, en appel devant l’officialité (le tribunal catholique) du Languedoc-Roussillon, il a été sommé de verser 80 000 euros de dommages et intérêts à sa victime, ce qu’il se refuse à faire. Aucune procédure n’a été enclenchée devant la justice française, car la victime n’avait pas porté plainte à l’époque. «L’Eglise n’a pas de gendarmerie. Menacer Thierry de Roucy d’excommunication, c’est le moyen qu’a l’institution pour faire pression», explique à Libération une source proche du dossier. Seul moyen aussi de l’obliger à s’acquitter de ses 80 000 euros.

Dans les milieux catholiques, Thierry de Roucy n’est pas n’importe qui. Il a connu son heure de gloire en fondant, en 1990, une association humanitaire, Points-Cœur, très en vogue auprès de jeunes cathos de bonne famille pendant une quinzaine d’années. L’objectif était d’envoyer ­bénévolement à l’étranger des jeunes en mission dans des quartiers pauvres. Aujourd’hui, Points-Cœur est toujours actif dans une quinzaine de pays. En parallèle, le prêtre a créé, sous son autorité, trois associations de prêtres et de religieuses qui comptent, en 2017 une centaine de membres.

«Culte de la personnalité»

Tout allait bien jusqu’à ce que les premiers témoignages parviennent aux autorités ecclésiastiques au début des années 2000, mettant en cause des dérives internes. «Tout tourne autour de la personnalité de Thierry de Roucy. Il y a un vrai culte de la personnalité et une idéologie très enfermante. On envoie, sans les former, des jeunes vivre dans des conditions très extrêmes», nous raconte une jeune femme, partie en mission au Liban il y a une douzaine d’années. Au même moment, l’ex-bras droit de Thierry de Roucy alerte l’Eglise sur les abus sexuels dont il a été la victime. L’affaire remonte au ­Vatican, où la Congrégation pour la doctrine de la foi demande l’ouverture d’une procédure judiciaire interne qui aboutit, en 2011, à la condamnation du fondateur de Points-Cœur. Homme de réseaux, Thierry de Roucy a toujours bénéficié d’importants soutiens, notamment dans la grande bourgeoisie catholique, ce qui lui a permis de faire traîner les choses. En 2013, il est même promu par l’Etat officier de la Légion d’honneur malgré sa condamnation par l’Eglise. Depuis 2011, la pression s’est nettement accentuée, obligeant l’évêque de Toulon, Mgr Dominique Rey, à réagir. C’est de lui dont Thierry de Roucy et ses œuvres dépendent hiérarchiquement. Chef de file des milieux ultraconservateurs catholiques, Rey a longtemps traîné les pieds pour régler la question de Points-Cœur et de Roucy. Il est même intervenu en 2013 (mais sans succès) pour que le prêtre condamné puisse aller s’installer à ­Genève. Prudemment, l’évêque suisse du lieu a refusé de l’accueillir.

«Il n’en fait qu’à sa tête»

Coup sur coup, deux rapports commandés par Rey, le premier en 2014 et le second fin 2016, ont mis en cause les dysfonctionnements internes de Points-Cœur. L’évêque a dû aussi exiger que Thierry de Roucy rentre des Etats-Unis, le menaçant même, puisqu’il n’obtempérait pas, de le déchoir de son statut de prêtre pour «désobéissance»«Roucy n’en a toujours fait qu’à sa tête», explique un prêtre, très bon connaisseur du dossier. En fait, c’est l’archevêque de New York, Timothy Dolan, qui a demandé expressément le départ de Thierry de Roucy, qui vivrait désormais en région parisienne. Frappé de plein fouet par les scandales liés à la ­pédophilie, l’épiscopat américain est devenu très sourcilleux. De son côté, l’association Points-Cœur se terre dans son silence. Au siège, dans le sud de la France, on fait savoir que le responsable actuel, le père Laurent Pavec, «est à l’étranger». Pour ce qui est du fondateur, il est injoignable malgré plusieurs tentatives, vivant probablement en région parisienne. Thierry de Roucy, malgré tout, bénéficie encore de solides appuis, rassemblés au sein d’une association, Compassion et Vérité, qui regroupe des parents de religieux engagés auprès de lui. En septembre 2016, son président, Thierry Palluat de Besset, a envoyé un très long courrier aux évêques français, dénonçant des «manipulations malhonnêtes» et contestant la régularité des procédures engagées contre le prêtre et ses œuvres. De son évêché, Dominique Rey a été contraint, à son tour, de réagir et d’écrire, en octobre, à ses confrères évêques. Dans sa missive, Rey ne cachait guère que l’avenir de Points-Cœur était de plus en plus compromis. Pour l’heure, à Toulon, on attend surtout les directives en provenance du Vatican où plusieurs services planchent sur ce dossier complexe. Procédurier et tenace, Thierry de Roucy, comme ultime ­parade, a introduit un recours pour contester la menace d’excommunication qui plane sur lui. Son chant du cygne, sans doute.

TRAVAILLEUSES MISSIONNAIRES  (TM)

DU RÊVE SPIRITUEL À L’ESCLAVAGE – 01/06/2016 – Marie Claire – Par Pascale Tournier

 « La prière et la messe étaient secondaires, on les sautait s’il le fallait. L’essentiel c’était de faire la cuisine, servir le client, sans oublier de chanter pour lui des Ave Maria. En boubou et avec le sourire, bien sûr. »… Marie, 41 ans, déroule ses quinze années d’ancienne travailleuse missionnaire (TM). « J’ai honte. Je me suis fait berner », soupire-t-elle. A l’adolescence, cette Burkinabée pensait embrasser une vie de religieuse instruite et en contact avec le monde. C’était ce que promettait la brochure colorée de la communauté spirituelle de la Famille missionnaire Donum Dei, qui n’a rien d’un ordre religieux.  En réalité, de 1991 à 2006, Marie a été exploitée. En vraie esclave moderne. Neuf ans après sa sortie de la communauté, en 2015, elle porte plainte contre X. Sans un centime perçu, ni de cotisations sociales versées, la jeune femme a trimé dans les nombreux foyers d’accueil et une vingtaine de restaurants L’Eau vive, que possèdent ou gèrent les TM, ouverts au tout-venant pour certains et aux pèlerins pour les autres dans des lieux de pèlerinage du monde entier, avec souvent l’accord de nombreux diocèses. « Le premier restaurant a été ouvert à Toulon, en 1960. C’est devenu une vraie multinationale, qui recrute de nombreuses jeunes filles issues de familles modestes et de pays émergents. Elles seraient aujourd’hui environ trois cent cinquante dans le monde », explique Aymeri Suarez-Pazos, président de l’association d’Aide aux victimes des dérives des mouvements religieux et leurs familles (Avref), qui a collecté en 2014 une quinzaine de témoignages sans équivoque d’ex-TM… Avec son visa de « visiteur » collé sur son passeport puis confisqué par ses responsables, Marie a ainsi été cuisinière, serveuse, plongeuse, lingère, jardinière, comptable entre douze et quinze heures par jour. Ballottée entre Toulon, Lisieux, Liesle, l’ermitage de Notre-Dame-de-Consolation, dans le Doubs, Rome et Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, elle a astiqué à quatre pattes les planchers, préparé des entrées froides, assuré l’accueil de centaines de pèlerins, ramassé du bois dans le froid mordant du petit matin et chanté des hymnes religieux sous l’œil ravi des prélats du Vatican en train de se sustenter au premier étage d’un magnifique palais Renaissance, à Rome. Enfin, quand l’expression « banane flambée » était prononcée, elle savait qu’il fallait se cacher pour échapper à la vigilance des inspecteurs du travail venus opérer un contrôle. Marie n’est pas la seule à avoir porté plainte. Trois femmes et un homme – une branche masculine a été créée à partir des années 2000 – ont poussé la porte des tribunaux la même année, à Caen, Paris et Versailles. Au même moment – faut-il y voir un lien ? –, en septembre 2015, des cartes Vitale ont enfin été distribuées à des sœurs en mission en France. En attendant le travail de la justice, l’Église, qui a longtemps fermé les yeux, malgré les alertes d’un cardinal et de quelques prêtres(3), a pris conscience de la situation dramatique. Une enquête du Vatican est en cours… De son côté, l’organisation a déjà préparé sa défense. Dans son Memorandum publié sur Internet en 2014, elle précise que la « tâche » de Marie, comme celle des autres, est « librement acceptée ». C’est une « offrande » et « un moyen d’apostolat ». Dans un e-mail adressé à Marie Claire, la responsable générale, Agnès Brethomé, minimise les plaintes : « Elles semblent émaner d’ex-membres ayant quitté la communauté après avoir pris conscience qu’elles n’avaient pas de vocation à la vie consacrée. » Et d’insister sur le fait que les TM ne sont pas dans une relation de travail salarié avec la communauté : « Notre régime à l’égard des institutions sociales est celui des religieuses. » Sauf que les TM forment en réalité une association membre du tiers ordre carmélitain, reconnue par le Vatican depuis 1988 mais laïque (c’est-à-dire indépendante du clergé). Elles ne sont pas des sœurs, mais relèvent donc du droit commun.  « Les responsables semblent entretenir une ambiguïté sur le statut de ces jeunes femmes. Elles sont tantôt laïques tantôt religieuses, au gré des besoins », explique Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, qui a accompagné les victimes dans leur parcours judiciaire et demandé le regroupement des plaintes auprès du parquet de Caen. La mission prend très au sérieux le dossier : « Cela dépasse le cadre du droit du travail, parce que ces jeunes filles, sous couvert d’une vie spirituelle, sont sous emprise et privées de leurs droits élémentaires », note Serge Blisko.

 Au quotidien, la vie d’une missionnaire rime en effet avec enfermement, humiliation et atteinte à l’intégrité physique. « Les filles en ressortent psychologiquement détruites. Certaines ont même tenté de se suicider », alerte Jeanne, une TM « historique », qui a accueilli chez elle dès les années 80 plusieurs ex-missionnaires. « Il faut que cela cesse. Leurs agissements ne sont pas du tout catholiques », appuie Daniel, qui a quitté la communauté en 2005.

Brigitte et Madeleine reçoivent dans un foyer étudiant de religieuses, où elles vivent depuis leur départ des TM, en 2007 et 2010. Comme Marie, ces deux quadragénaires burkinabées ont porté plainte pour esclavage moderne. Autour d’une assiette de sablés au sésame, une recette apprise « là-bas », elles racontent comment, dès leur arrivée, on leur bourre le crâne. « Obéissance, pureté, travail sont les maîtres mots, tandis que l’argent est diabolisé », confient les deux femmes. La figure du père fondateur, l’abbé Roussel, mort en 1984, est sans cesse invoquée : la fidélité à sa parole permettrait, selon la direction actuelle, de garantir la pérennité du système. L’homme était pourtant sulfureux : il est réputé pour des abus sexuels présumés envers celles qu’il considérait comme des « vierges pures ». Selon plusieurs témoignages, il aurait eu pour habitude de regarder les jeunes filles faire leur gymnastique en culotte, le matin, et être lavé à main nue par plusieurs TM, elles-mêmes déshabillées. Des accusations qui ont totalement cessé avec sa disparition. Il n’empêche, ses écrits sont lus trois fois par jour et gravés sur des CD. « Sa chambre à Rome, où il est mort, est devenue un lieu de pèlerinage », précisent Brigitte et Madeleine.

 Au sein de la communauté, l’autonomie n’existe pas. « Quand nous avions besoin d’un nouveau soutien-gorge, nous devions déposer notre demande par écrit aux pieds de la statue de la Sainte Vierge. Et elle t’en donnait un quand elle voulait », rit jaune Madeleine. Tout contact avec l’extérieur est aussi réduit. Le courrier avec la famille ? « On devait lire nos lettres à voix haute pendant les repas. Et pour celles qu’on écrivait à nos proches, il ne fallait pas cacheter les enveloppes », complète-t-elle.  Autre rituel obligatoire : à l’époque, on vérifiait tous les mois le poids des filles. Un critère alors déterminant pour faire tourner les restaurants. « Celles qui avaient grossi devaient se mettre au régime, pour rester élégantes auprès des clients. Les maigrichonnes étaient condamnées au steak saignant », détaille Madeleine. Lors des entretiens réguliers en face à face avec la direction, les jeunes femmes doivent avouer leurs « pêchés », et surtout dénoncer les collègues. Résultat : entre les membres de la communauté, la solidarité fait défaut. « Une fois, j’avais besoin d’aide pour étaler de la crème sur mon dos endolori. J’ai dû en mettre sur le rebord du lavabo et me coucher dessus », relate Brigitte, encore écœurée. Dans ce qui est devenu un enfer, la fatigue et la déprime finissent par prendre le dessus. « J’en oubliais mon anniversaire et je ne dormais pas. Mais je pensais que je n’aimais pas assez Jésus », se souvient Madeleine.

 C’est une maladie qui pousse Brigitte à partir : « Comme pour les autres, on ne voulait pas me soigner par manque d’argent. » Pour Madeleine, c’est la rencontre avec une religieuse d’une autre communauté, lors d’une formation à Rome, qui lui « ouvre les yeux ». Au bout d’un an de discussions houleuses, la direction finit par la laisser partir, pariant qu’elle se sentira trop honteuse pour en parler à ses proches. Et cache le motif réel aux autres. Même si la foi est toujours là, le retour à la vie normale n’en demeure pas simple.  Madeleine, Brigitte et Marie aident aujourd’hui des TM à s’échapper à leur tour. Parfois de façon rocambolesque : « Une jeune fille a quitté son service au restaurant en catimini, pour nous confier ses affaires et nous rejoindre plus tard, à l’insu des autres ». Les « sœurs » les contactent via les réseaux sociaux, qui leur sont accessibles au compte-gouttes. « Internet et Facebook ouvrent une brèche dans ce système clos », se réjouissent Madeleine et Brigitte. Il y a peu, elles ont encore reçu dans leur boîte e-mail cet appel à l’aide : « S’il vous plaît, aidez-moi, je n’en peux plus, c’est infernal cette vie. »

http://www.marieclaire.fr/,du-reve-spirituel-a-l-esclavage,823773.asp

Fraternité des Saints-Apôtres

L’archevêque de Malines-Bruxelles suspend la dissolution de la Fraternité des Saints-Apôtres

Marie Malzac, le 30/06/2016 – L’évêque belge a différé sa dissolution, pour laisser à un évêque français le temps d’éventuellement manifester son intention d’en prendre la responsabilité.  Le 15 juin, Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles et président de la Conférence des évêques belges depuis quelques mois, annonçait que la Fraternité des Saints-Apôtres, issue du charisme du P. Michel-Marie Zanotti-Sorkine, ne serait plus accueillie dans son diocèse. Cette œuvre avait été érigée en « association publique de fidèles » par son prédécesseur, Mgr André-Joseph Léonard.  « L’initiative pose problème », pouvait-on lire dans le communiqué. En cause : la plupart de ses membres sont originaires de France « où de nombreuses régions connaissent un manque cruel de prêtres ». Ce qui manifeste « un grave manquement à la solidarité entre évêques, tant avec ceux de notre pays qu’avec nos voisins français ».  Cette décision et le motif invoqué avaient suscité une vive émotion, en particulier parmi les fidèles de la paroisse Sainte-Catherine, en plein cœur de la capitale belge, confiée aux prêtres de la Fraternité. Le lieu attire depuis deux ans, date de l’arrivée de cette œuvre sacerdotale, des personnes du quartier mais aussi de tout Bruxelles. Fermée pendant plusieurs années et promise à la vente, elle avait retrouvé une nouvelle vie grâce à cette œuvre, installée un an plus tôt dans le diocèse belge, après avoir dû quitter le diocèse de Toulon (Var).

 À leur demande, Mgr De Kesel a dès lors accepté de recevoir une délégation de laïcs « attachés à ce que l’élan missionnaire dégagé par la Fraternité puisse continuer en Belgique et que tous les prêtres et séminaristes qui désirent le poursuivre y soient accueillis avec bienveillance »… Le P. Tommy Scholtes, responsable presse de la Conférence des évêques de Belgique, a confirmé à la Croix que Mgr De Kesel n’avait pas encore signé de décret de dissolution, et qu’à ce jour aucun évêque français ne s’était manifesté…Pour d’autres, il s’agirait d’une mesure suscitée par les réticences de certains, dans l’Église belge, mais aussi en France, à l’égard de la personnalité du P. Zanotti-Sorkine, l’inspirateur de la Fraternité.

Source : http://www.la-croix.com/Religion/Monde/L-archeveque-de-Malines-Bruxelles-suspend-la-dissolution-de-la-Fraternite-des-Saints-Apotres-2016-06-30-1200772600

Michel-Marie Zanotti-Sorkine, une passion marseillaise (Pour rappel)  

CÉLINE HOYEAU , à Marseille, le 04/01/2012 – Ce curé en soutane, qui fut pianiste dans les cabarets parisiens, attire fidèles et curieux dans sa paroisse de la Canebière, suscitant engouement et critiques dans son diocèse… Le P. Michel-Marie Zanotti-Sorkine, 51 ans, grand brun au regard intense, est une figure dans le quartier. On vient de tout Marseille à sa messe. Même en semaine, il y a toujours du monde devant les grilles de son église, Saint-Vincent-de-Paul, qu’il ouvre et ferme lui-même matin et soir. Mais si cet étonnant curé à l’ancienne, qui ne lâche jamais son chapelet et n’a de cesse de vouloir «ramener le plus d’âmes possibles à Dieu», passe des heures dans son confessionnal, jusque tard chaque soir, il tient invariablement ses autres rendez-vous dans son bureau de prédilection : le bistrot. «Tout se fait dans le contact personnel, d’homme à homme», confie ce prêtre chaleureux.  Dans cette ville où l’on dénombre 1% de catholiques pratiquants, Zanotti-Sorkine ne se veut pas prêtre «pour le ghetto catholique». Sa soutane, il dit la porter comme un bleu de travail, bien visible dans un monde sécularisé. «Ce qui m’intéresse, c’est le boulanger ! La masse éloignée de Dieu et de l’Église. Il faut que nous soyons anachroniques pour que le monde puisse se tourner vers une autre source…» – Il bondit dès qu’on lui parle d’«équipes d’animation pastorale», défend avec opiniâtreté une vision «familiale» de la paroisse, où le prêtre, au centre, «tient l’esprit de la maison». Il affirme d’ailleurs recevoir des lettres et des visites de prêtres de toute la France, «qui n’en peuvent plus de devoir organiser une réunion pour changer de place un bouquet de fleurs!» Le cheval de bataille de cette forte tête, au parcours ecclésial compliqué : les normes, les systèmes clos. Nulle méthode, si ce n’est la pastorale du cas par cas. «Il ne faut jamais sacraliser les moyens mais partir des personnes elles-mêmes. Je ne vois pas pourquoi il faut attendre absolument deux ans pour recevoir le baptême…Pour certains, il le faudra, mais pour d’autres non. Il faut être au rendez-vous de l’Esprit Saint!»… Un prêtre, poète et musicien

 Nulle morale chez lui. «Je ne commence pas par les refroidir. J’accueille chacun. Nous sommes là pour annoncer notre Seigneur Jésus-Christ qui nous attend après la mort.» «La charité doit s’exercer dans la démesure», poursuit cet homme qui dit connaître le cœur humain. Car avant d’être prêtre, Michel-Marie Zanotti-Sorkine a mené une carrière d’auteur-compositeur-chanteur à Paris. Monté de Nice, il a chanté Piaf, Trenet, Montand et Brel de pianos-bars en cabarets pendant près de dix ans. «J’ai appris à aimer au contact de ce monde de la nuit, de ces hommes en apparence si loin de l’Église mais qui avaient une qualité d’amour exceptionnelle», raconte-t-il. 

De ce passé dont il regrette pudiquement certaines errances, le P. Zanotti-Sorkine a gardé une sensibilité à fleur de peau, une miséricorde pour les «histoires maladroites, désaxées, dont nous ne saurons jamais, du moins avant le ciel, si Dieu en était totalement absent». Et un art de la mise en scène indéniable. «C’est un homme de la scène qui sait se mettre en valeur médiatiquement, remarque son éditeur et ami Grégory Solari, des Éditions Ad Solem, mais il n’y a rien de factice, il est brûlé de l’intérieur.» –  Sa paroisse, qui vivotait avant son arrivée il y a sept ans, est passée à 500 fidèles. Une trentaine d’adultes se préparent au baptême, une soixantaine à la confirmation. Et son livre s’est déjà vendu à 10000 exemplaires. Le prêtre cultive les paradoxes. Sa soutane pourrait laisser croire à quelque velléité de restauration catholique. Il n’en est rien. En matière d’apostolat, il prise tout ce qu’il y a de plus moderne, sans hésiter à se mettre lui-même en avant. Il vient d’enregistrer un CD avec l’ancien pianiste de Trenet et le guitariste d’Aznavour. Derrière l’église, il a aussi ouvert une boutique «tendance» où l’on vend aussi une gamme de parfums d’ambiance intitulée «Parce que mon curé aime!»… S’il s’est entouré d’une soixantaine de laïcs à qui il délègue le catéchuménat ou le catéchisme, le P. Zanotti-Sorkine veille en revanche jalousement sur la liturgie. Sa messe est préparée avec le plus grand soin. «C’est notre carte de visite. Si elle n’est pas attirante, ça ne marche pas. Il faut que ce soit évident qu’on est dans un autre univers. Ce n’est pas une question de rite mais d’habitation du mystère.» … Atypique, franc-tireur, ce prêtre dérange, agace. Dans l’Église de Marseille, on rechigne à en parler. Tout juste dit-on tout bas «qu’il n’en fait qu’à sa tête, qu’il vide les églises alentour». Certains critiquent son manque d’œcuménisme et de participation au dialogue interreligieux. Il n’en a cure. «Je fais une anti-carrière», concède-t-il.

http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Michel-Marie-Zanotti-Sorkine-une-passion-marseillaise-_NP_-2012-01-04-754099

Civitas peut désormais financer les partis politiques

Considérée comme le bras armé des catholiques intégristes, l’organisation a vu sa structure inscrite en qualité d' »association de financement ».

SOURCE AFP le 28/06/2016 – L’institut Civitas, proche de l’extrême droite catholique, est désormais reconnu comme éligible au financement des partis politiques, ce dont s’est ému le député de gauche Olivier Falorni, qui a dénoncé un « scandale » dans un courrier au ministre de l’Intérieur transmis mardi à l’Agence France-Presse. Considéré comme le bras séculier de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX, traditionalistes lefebvristes), Civitas a vu sa structure de gestion « agréée en qualité d’association de financement » de parti politique, selon une décision parue le 12 juin au Journal officiel.  « Civitas, sorti par la porte, rentre par la fenêtre », a déploré auprès de l’Agence France-Presse Olivier Falorni (apparenté Parti radical de gauche), alors que l’association avait été privée en janvier de la capacité de délivrer des reçus permettant à ses donateurs de bénéficier d’une déduction fiscale. « Le contribuable n’a pas à financer le fonctionnement d’une association qui prône la discrimination, prêche la haine, conteste la démocratie », a ajouté le député de Charente-Maritime. Comme tout parti politique, Civitas, qui s’était illustré lors de la mobilisation contre le mariage homosexuel en dénonçant « l’homofolie », peut désormais recevoir des dons jusqu’à 7 500 euros par personne, avec une possibilité de réduction d’impôt de 66 %.

 « Une théocratie totalitaire » –  « Je ne peux accepter qu’on ait demain des bulletins de vote Civitas alors que cette organisation prône une théocratie totalitaire, ne s’intègre pas dans le champ d’une république laïque », a poursuivi le parlementaire, qui a écrit lundi au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour dénoncer ce « véritable scandale ». Joint par l’Agence France-Presse, le président de Civitas, Alain Escada, a dit ne pas voir « pourquoi les mouvements pro-vie, pro-famille, catholiques enracinés ne pourraient pas disposer d’une représentation politique autonome… Il est évident que nous sommes aujourd’hui des orphelins politiques », a-t-il relevé, en disant ne pas se reconnaître, par exemple, dans le programme du Front national… »

http://www.lepoint.fr/politique/civitas-peut-desormais-financer-les-partis-politiques-28-06-2016-2050315_20.php

 

Pédophilie : comment l’Eglise a tenté d’étouffer l’affaire Preynat à Lyon

LE MONDE | 04.06.2016. Par Emeline Cazi et Cécile Chambraud

Depuis qu’a éclaté, en janvier, l’affaire du Père Bernard Preynat, accusé d’avoir commis des agressions sexuelles sur des dizaines de scouts lyonnais dans les années 1970 et 1980, l’Eglise est soupçonnée d’avoir étouffé les agissements de ce prêtre et de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour l’écarter des enfants.

Les éléments du dossier judiciaire dont Le Monde a pu prendre connaissance confirment que le diocèse de Lyon savait depuis longtemps l’attirance de l’aumônier pour les jeunes garçons – ce dernier a très tôt reconnu les faits – mais qu’à aucun moment elle n’a songé à saisir la justice.

Une première famille s’est manifestée en 1978 auprès du diocèse de Lyon pour dénoncer les caresses qu’aurait commis l’aumônier scout sur leur jeune garçon. Le prêtre a été convoqué par son supérieur, et fut prié de ne pas recommencer…Une nouvelle alerte est survenue en 1982. Une troisième en 1985. Puis une quatrième en 1990 qui a conduit au départ du curé de Sainte-Foy-lès-Lyon et à sa mise à l’écart chez les sœurs pendant six mois.

Très tôt, l’Eglise a eu connaissance de la gravité des faits. Les quatre cardinaux qui se sont succédé à Lyon, après la mutation du prêtre, ont tous convoqué l’ancien aumônier scout pour faire le point. A chacun d’eux, le Père Preynat a expliqué « que ce n’était pas des faits isolés qui s’étaient passés une ou deux fois mais que c’était sur une longue période (…). Il est clair que j’ai parlé d’attouchements sexuels sur des enfants ». Au cours de sa formation au séminaire, le prêtre avait déjà expliqué avoir « caressé » de jeunes garçons lorsqu’il était moniteur de centres de vacances…Déplacé en 1991 dans une paroisse de la Loire, le prêtre a été surveillé de près par l’archevêché pendant quelques années…Après quelques années, la surveillance s’est relâchée. Il faut attendre le 29 juillet 2015 pour qu’un cardinal, Philippe Barbarin, sur consigne de Rome, prenne un décret interdisant à Bernard Preynat « tout exercice du ministère pastoral et toute activité comportant des contacts avec des mineurs dans l’attente de la décision de la Congrégation pour la doctrine de la foi ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/06/04/pedophilie-comment-l-eglise-a-tente-d-etouffer-l-affaire-preynat-a-lyon_4935216_1653130.html#DOrB0IlkubByVbqa.99

Trois questions sur le témoignage d’une ancienne membre de l’Opus Dei

La Croix 14/04/2016, par Claire Lesegretain. Publié en Espagne en 1992, le livre de Maria del Carmen Tapia, ancienne « numéraire » de 1948 à 1966, vient de paraître en France pour la première fois. Le fondateur et les méthodes de l’Opus Dei y sont présentés sous une face très négative.

Quelle est l’origine de ce livre ? En 1992, paraissait en Espagne Tras el umbral (1), un témoignage très critique sur l’Opus Dei, cette institution de l’Église catholique fondée en 1928 par le prêtre espagnol Josemaria Escriva de Balaguer, et devenue prélature personnelle en 1982. L’auteur de ce livre, racontait de manière précise ses dix-huit années (1948-1966) au sein de l’Opus Dei. Elle en était devenue membre à 23 ans, en partie sous l’influence du P. Raimon Panikkar (2), et s’y était engagée comme « numéraire » (célibataire consacrée).

Après huit ans passés à servir dans des maisons de l’Œuvre à Madrid et à Rome, elle fut envoyée au Venezuela pour prendre en charge l’apostolat des femmes. Ce qu’elle fit avec succès pendant neuf ans… jusqu’à ce jour d’octobre 1965 où, sans la moindre explication, dit-elle, elle fut renvoyée au siège de l’Œuvre à Rome. Là, elle fut assignée à résidence et traitée en paria. « Tu es une misérable, une ordure ! », lui hurle le P. Escriva en lui laissant le choix entre démissionner ou provoquer « le déshonneur ». Elle quittera l’Opus Dei fin mai 1966, tout en restant célibataire consacrée. En publiant son témoignage, Carmen Tapia souhaitait apporter des éléments à l’« avocat du diable », chargé d’argumenter contre la béatification de Mgr Escriva de Balaguer. Bien que salué comme l’un des témoignages les plus documentés sur l’Opus Dei et traduit en anglais, en allemand, en portugais et en italien, ce livre n’était jamais paru en France. Jusqu’à ce que Jean Mouttapa, éditeur chez Albin Michel, décide de le faire traduire.

En quoi ce témoignage pose-t-il question ? Neuf ans après la publication de son livre, et quelques mois avant la canonisation par Jean-Paul II de Mgr Escriva, le 6 octobre 2002, Carmen Tapia avait envoyé une déclaration à l’agence de presse italienne ANSA. « Ma position par rapport à l’Église catholique a toujours été celle d’un amour filial, indiquait-elle en décembre 2001. Ce serait donc une lourde erreur que d’utiliser mon livre pour mettre en doute la sainteté du fondateur de l’Opus Dei. J’ai connu personnellement Mgr Escriva et j’ai toujours constaté que ses efforts s’orientaient entièrement vers le bien de l’Église et des âmes. » Carmen Tapia ajoutait même qu’elle avait « eu recours de nombreuses fois » à l’intercession de Mgr Escriva depuis son décès et qu’elle avait été « souvent exaucée ». Aujourd’hui âgée de 91 ans, Carmen Tapia « ne renie rien » de son livre et explique sa déclaration de 2001 par son seul désir d’« aller dans le sens de l’Église et ne pas donner l’impression de m’opposer à une décision du pape ». Elle avait appris, en 1992, que son livre n’avait pas été utilisé lors du procès en béatification, l’avocat du diable étant membre de l’Opus Dei.

Quelles sont les réactions à ce livre depuis sa parution en France ? Pour Béatrice de La Coste, porte-parole de l’Opus Dei en France, « les changements d’attitude de son auteur suffisent à discréditer ce livre ». « Les contre-vérités et distorsions de la réalité qui émaillent l’ouvrage ont été largement et formellement démenties par nombre de témoins oculaires », peut-on lire également sur le site de l’Œuvre. De son côté, Aymeri Suarez-Pasos, ancien « numéraire » (1991-2005) aujourd’hui président de l’Avref (Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles), affirme que « tout ce qui est décrit par Carmen Tapia est toujours vrai, car l’Opus n’a pas changé d’un iota ». Selon lui, l’Œuvre continue de « manipuler l’histoire, de piétiner les consciences, de contourner le droit canonique et de cacher ses documents internes ».                                                                   

 (1) Au cœur de l’Opus Dei », Marie del Carmen Tapia, Albin Michel, 464 p., 22,90 €. (2) Ce théologien indo-espagnol (1918-2010) fut prêtre de l’Opus Dei de 1940 à 1966.

http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Monde/Trois-questions-sur-le-temoignage-d-une-ancienne-membre-de-l-Opus-Dei-2016-04-14-1200753314

Les Béatitudes, une secte aux portes du Vatican : un reportage éclairant

Médias-Presse-Info – IN RELIGION CATHOLIQUE/ BY FRANCESCA DE VILLASMUNDO / ON – 9 MAI 2016

Communauté charismatique, Les Béatitudes s’apprêtent à être reconnues par le Vatican comme ordre religieux. Le reportage de Sophie Bonnet pour LCP est éclairant sur les dérives de cette communauté. Fondée en France, dans la mouvance du Renouveau charismatique, elle s’est d’abord appelée communauté du Lion de Juda et de l’Agneau immolé. Elle appartient à ses communautés nouvelles nées avec Vatican II. Proche du protestantisme évangélique, elle pratique les rites charismatiques d’imposition des mains, d’exorcismes, de transe, de séances de « parler en langues ». Gérard Croissant, dit « Frère Ephraïm », né dans une famille protestante en est l’un des fondateurs. Avec le premier supérieur général Philippe Madre, tous les deux diacres permanents, il est accusé d’agressions sexuelles sur mineur. Ils sont réduits à l’état laïc. Par ailleurs, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires l’a dans son viseur pour « des comportements porteurs de dangers sectaires. »

C’est pourtant cette communauté controversée et sulfureuse, ayant un prédateur sexuel comme fondateur, que le Vatican, où règne le pape François très ami des mouvements charismatiques en général, protestants et catholiques, est sur le point de reconnaître comme ordre religieux. C’est cela l’Église conciliaire : un grand fourre-tout  ! C’est aussi pour cela qu’il est très dommageable de ne plus savoir faire la différence entre appartenir à l’Eglise Catholique reposant sur la communion des Saints et l’adhésion à la Foi, et cette Eglise conciliaire qui colonise les structures et la hiérarchie pour effectuer son œuvre de destruction.

TRAVAILLEUSES MISSIONNAIRES

Marseille : la table de la Bonne Mère sous surveillance

La Provence – 19/10/2015. Par Delphine Tanguy. En 2014, une association consacre un « livre noir » aux conditions de travail des Travailleuses missionnaires, qui gèrent des restaurants attachés aux diocèses, dont celui de L’Eau Vive, à Notre-Dame de la Garde. Alors que les plaintes se multiplient, leur regroupement au tribunal de Caen est demandé par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Non, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France ne « parlera pas ». C’est que le sujet est, depuis plus d’un an, un bien gênant caillou dans la chaussure de l’Eglise et de ses représentants. A-t-on laissé, depuis des années, des femmes travailler dans des conditions « proches de l’esclavage », dans des restaurants sous contrat avec les diocèses ? La charmante cafétéria de L’Eau vive, au coeur même de Notre-Dame de la Garde, abrite-t-elle ainsi une réalité plus sombre que ses nappes aux fleurs passées, que les sourires doux de ses employées en tenues traditionnelles ? De cela, l’Avref, qui a, la première, donné l’alerte, est convaincue. En 2014, l’association publiait un « livre noir » des Travailleuses missionnaires de l’Immaculée. Intégrées au sein de la Famille Donum dei, un ordre créé en 1950 et ne rendant toujours de comptes qu’au Saint-Siège, celles-ci ont généralement été recrutées jeunes filles au Burkina Faso, dans les îles Wallis, au Vietnam et au Pérou, pour travailler dans ces cafétérias jusqu’à 15 h par jour, « pour 10 à 15 € par mois ». Ebranlé par les plaintes, l’ordre a entrepris une régularisation. Souvent sans papiers ni Sécurité sociale, certaines se sont enfuies à Caen, à Paris, à Versailles, à Marseille ou Toulon. L’été 2014, nous avions retrouvé, à Aix-en-Provence, certaines de ces femmes, des laïques et non des religieuses, qui dénonçaient l’isolement, le manque de soins et d’accès à la formation, le travail harassant et continuel, une expérience de « soumission totale », loin de ce qui avait été présenté aux recrues, dans leur pays d’origine. Ces témoignages ont alerté jusqu’au sommet de l’Etat. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), directement rattachée aux services du Premier ministre, a ces derniers mois auditionné six anciennes travailleuses et relevé « des éléments qui caractérisent la déstabilisation mentale », pointant « la diabolisation du monde extérieur, les ruptures avec l’environnement d’origine, l’absence de soins et les atteintes à l’intégrité physique. » L’affaire « est prise très au sérieux », confirme t-on dans l’entourage de Serge Blisko, le président de la Miviludes, qui est d’ailleurs venu à Marseille en mai dernier. Aujourd’hui, une demi-douzaine de plaintes ont été déposées dans toute la France. En juillet, Serge Blisko a défendu auprès de la garde des Sceaux leur regroupement au tribunal de Caen, afin « d’augmenter les chances de (les) faire aboutir ». Selon la Miviludes, « les responsables de la communauté sembleraient entretenir volontairement une ambiguïté sur le statut des membres ». L’organisation décrit, elle, « la tâche librement acceptée » comme « une offrande » et qualifie les critiques de « caricature outrancière ». Cependant ébranlée par la révélation de certaines pratiques, la Famille Donum dei a entrepris depuis janvier une régularisation de ces femmes. Elles ont ainsi, en France, reçu… la première carte Vitale de leur vie.

http://www.laprovence.com/article/actualites/3629693/marseille-la-table-de-la-bonne-mere-sous-surveillance.html

Norvège, L’Etat accuse l’Église catholique de fraude

AFP 29 juin 2015

La Norvège réclame à l’Église catholique 4,6 millions d’euros en réparation d’une fraude consistant à exagérer le nombre de ses fidèles pour toucher plus d’aides publiques.

Le diocèse est accusé d’avoir passé au crible les annuaires téléphoniques à la recherche d’immigrés aux noms laissant penser qu’ils étaient originaires de pays catholiques, et de les avoir ajoutés à la liste des membres de l’Église catholique, parfois à leur insu.

La minorité catholique romaine de Norvège, pays à majorité protestante, revendiquait 140’000 membres début 2014, plus du double de 2010.

Le quotidien Dagbladet, qui avait fait éclater le scandale, a révélé lundi que le diocèse avait reçu une lettre de l’administration lui réclamant ces 40,6 millions de couronnes de trop-perçus.

Interrogée par l’AFP, la porte-parole du diocèse, Lisa Wade, a confirmé le contenu de la lettre. Elle a indiqué que l’Église ne paierait pas la somme pour le moment, pour la contester à l’échelon supérieur, devant le ministère de la Culture.

«Nous avons une interprétation très différente de la loi. Elle est complexe. Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’une affaire claire et nette», a-t-elle expliqué.

Vague d’immigration

En mars, le diocèse avait publié les résultats de son enquête interne sur le sujet. Il avait découvert près de 7000 «inscriptions erronées» et près de 21’000 autres demandant un examen approfondi, mais avait nié toute intention de fraude.

Pour expliquer ce recensement généreux, l’Église a fait valoir qu’à partir de 2005, le pays avait connu une importante vague d’immigration de catholiques, notamment polonais, qui ont pratiqué sans être recensés. Cet afflux aurait fait augmenter les dépenses sans que les aides publiques suivent.

Y voyant une affaire de «fraude aggravée», la police avait effectué une perquisition dans des locaux de l’Église catholique en février, dans le cadre d’une enquête visant le diocèse, l’évêque et son trésorier.

(afp)

http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/L-Etat-accuse-l–glise-catholique-de-fraude-30085647

COMMUNAUTE DES FRERES DE SAINT JEAN

Agressions sexuelles : un diacre condamné à huit ans de réclusion

Le Parisien, 28 Mai 2015,

La communauté des Frères de Saint-Jean se base sur la théorie de « l’amour d’amitié», un texte de son fondateur qui entretient une ambiguïté entre amour spirituel et charnel. Ici, le prieuré de la communauté de Saint-Jean à Rimont (Saône-et-Loire)
Un diacre de la communauté de Saint-Jean, accusé d’agressions sexuelles et de viols de jeunes filles, a été condamné jeudi à huit années de réclusion criminelle par les assises de Saône-et-Loire, où se trouve le siège historique de cette communauté religieuse déjà éclaboussée par plusieurs scandales.

Sur le même sujet

Assises de Saône-et-Loire : un religieux jugé pour viols et agressions sexuelles

Une peine de quatorze ans de prison avait été requise à son encontre, alors qu’il encourait jusqu’à 20 ans de réclusion. Jean-Dominique Lefèvre, 67 ans, qui comparaissait libre depuis le 21 mai, était  jugé pour des agressions sexuelles commises entre 1991 et 1999 contre cinq fillettes, en France et en Roumanie, ainsi que pour les viols de l’une d’entre elles, Roumaine, et d’une jeune femme de 33 ans, en situation fragile et qui s’est suicidée. La Cour a retenu l’accusation de viol dans le premier cas, mais pas dans le deuxième. Le condamné a quitté le tribunal sous escorte policière pour être incarcéré.
Après plusieurs cas d’attouchements de fillettes en France, il avait été envoyé entre 1992 et 1996 en mission dans ce pays du sud-est de l’Europe.  S’il a reconnu les agressions sexuelles, des «gestes déplacés», liés à des «pulsions», il a en revanche nié les viols.

L’accusé admet des caresses sur six enfants en Roumanie
Vendredi après-midi, lors de son témoignage à la barre, la première victime à avoir déposé plainte en 2006, de nationalité roumaine, a raconté que la première année où elle a connu le diacre, au début des années 1990, elle était «joyeuse de le voir». Issue d’une famille pauvre, battue par un père alcoolique, la fillette, âgée alors d’une dizaine d’années, vivait dans la rue. Elle avait trouvé refuge dans une association, qui partageait ses locaux avec la communauté de Saint-Jean.
«Le premier viol, c’était avec Jean-Dominique», a assuré la jeune femme, entre colère et sanglots, et les faits auraient eu lieu à de multiples reprises, durant plusieurs années. Elle a dit avoir également été témoin de pénétrations digitales par le religieux sur «24 ou 25» jeunes enfants dans un hôpital de Bucarest. L’accusé a de son côté admis des caresses sur «cinq autres enfants» en Roumanie.

Une femme de 33 ans sombre dans la dépression
En 2007, Jean-Dominique Lefèvre a été affecté à Beaurepaire-en- Bresse (Saône-et-Loire). Catherine, une jeune femme âgée de 33 ans, est alors très impliquée dans la communauté, dont elle s’est rapprochée en quête d’élévation spirituelle, fragilisée par des viols subis dans l’enfance. A son tour, elle porte plainte, dénonçant plusieurs rapports non consentis. C’est la quatrième victime de ce procès, et la seule qui ne pourra pas venir s’exprimer : très affectée, elle a sombré dans la dépression et dans l’alcool, jusqu’à en mourir, en 2010. 
Jean-Dominique Lefèvre, qui vivait au sein de la communauté de Saint-Jean à Rimont (Saône-et-Loire), quant à lui, n’en a pas terminé avec la justice : une nouvelle plainte a été déposée en 2014 pour des attouchements à l’égard d’une fillette en Haute-Loire. La communauté déplore des «dysfonctionnements» 
Dans un communiqué, la Communauté des frères de Saint-Jean dit sa «consternation» et sa «tristesse» qu’un de ses membres «ait abusé sexuellement des personnes et les ait blessées gravement». «Nous condamnons ces comportements odieux», poursuit-elle. Elle a également déploré «les manquements et les dysfonctionnements (…) qui ont ponctué la période des faits et pour lesquels nous demandons sincèrement pardon».
A plusieurs reprises, quand les attouchements étaient dénoncés, le religieux demandait pardon à la famille et était déplacé par sa congrégation. «Aujourd’hui de tels dysfonctionnements ne seraient plus possible», a assuré toutefois la congrégation, en assurant que de tels faits seraient désormais signalés à la police.
Créée en 1975 par le père Marie-Dominique Philippe, la communauté de Saint-Jean s’est installée dès 1982 dans le prieuré de Rimont (Saône-et-Loire). Elle a rapidement rencontré un succès très important auprès des jeunes religieux et compte aujourd’hui quelque 500 membres. La congrégation a été régulièrement soupçonnée de dérives sectaires.                                                         http://www.leparisien.fr/bourgogne/agressions-sexuelles-un-religieux-condamne-a-huit-ans-de-reclusion-28-05-2015-4811045.php

Un père poursuivi pour « dérive sectaire »

 Le Télégramme- 20 mars 2015/ Loïc Berthy .  Hier soir en fin d’audience au tribunal correctionnel de Vannes comparaissait, un homme de 66 ans poursuivi pour n’avoir pas rempli ses obligations légales de père. Il n’est pas venu seul au tribunal. Il a cité pour témoin un homme tantôt désigné comme gourou, tantôt appelé le grand monarque, voire le Pape. « C’est un prêtre pèlerin, qui chemine en portant la parole », précise le prévenu, lui-même très porté sur la religion. Pour son entourage et sa famille, il aurait pourtant complètement changé sous l’influence de ce guide. En 2011, le prévenu s’installe en famille à Mohon. Ils viennent du Maine-et-Loire, où les trois enfants ont été déscolarisés après un conflit avec l’équipe enseignante d’une école catholique. Dans le Morbihan, les enfants ne seront pas rescolarisés. Bien que vivant très chichement, la famille part régulièrement en pèlerinage à Lourdes, Jérusalem, Fatima, Rome. C’est au retour d’Italie, en 2013, que les trois enfants seront confiés à un couple suisse, vivant dans une yourte. De leur côté, le père, la mère et le gourou reviennent à Mohon. Quelques jours plus tard, le prévenu met littéralement sa femme à la porte. S’en suivra un dépôt de plainte de celle-ci, une injonction faite au père d’aller rechercher ses enfants, âgés de 6, 10 et 13 ans, en Suisse, puis leur disparition. Un mandat de recherche est délivré. Ils seront retrouvés en Slovénie, en route vers un pèlerinage à Medjugorje en Bosnie. Le parquet a soulevé le fait qu’il y avait non seulement déscolarisation mais que le père avait interdit que ses enfants soient soignés ou pris en charge par des secours y compris en cas d’accident. Chez l’aînée des enfants, un expert a noté « une absence de règles de vie et une manipulation mentale fondée sur une idéologie religieuse sectaire ». « Cette manipulation mentale, c’est une fable montée de toute pièce par ma famille. Je suis quelqu’un de normal et qui aime ses enfants », a répondu le prévenu. Des enfants qu’il a montés contre leur mère. Depuis deux ans, c’est bien à elle qu’ils ont été confiés par la justice. Ils sont scolarisés depuis et bénéficient aussi d’un accompagnement psychologique. Leur avocate a demandé pour chacun d’eux 4.000 € d’indemnités pour préjudice moral. Le procureur, qui a dénoncé une   « dérive sectaire » du prévenu, a requis 12 mois de prison avec sursis. Le tribunal, qui devra tenir compte de l’altération du discernement décrétée par un expert psychiatre, rendra son délibéré le 9 avril.

Exorciste: entre fonction officielle et charlatan dangereux

Le Soir,  Mardi 8 juillet 2014, Ludivine Ponciau, Elodie Blogie. http://jn.lesoir.be/#/article/155840

Le Vatican vient de reconnaître une association de prêtres exorcistes. Rien de bien sorcier: les prêtres exorcistes sont nommés officiellement par leur diocèse. Mais ce n’est pas le cas partout: les exorcistes, en Belgique comme ailleurs, changent de visages selon les cultes…

Tommy Scholtès, porte-parole des évêques belges: «Il s’agit davantage d’un accompagnement spirituel et psychologique de personnes qui expriment un certain mal-être. Le prêtre conseillera d’ailleurs parfois de rencontrer un psychologue. Les vrais exorcismes pour des fidèles qui ont l’impression d’avoir vu le diable ou d’être possédés sont rares». Dans de tels cas, une prière de délivrance peut être prononcée, dans une cérémonie très codifiée. Des formations sont par ailleurs régulièrement organisées à Rome pour les prêtres en question….

Une codification qui n’est pas de mise dans le culte protestant évangélique, qui ne reconnaît aucun exorciste officiel. «S’il doit y avoir un exorcisme, c’est la communauté elle-même, via son simple pasteur qui intervient», explique Yves Gabel, pasteur bruxellois, responsable pour la communication des évangéliques francophones. Là encore, parler d’exorcisme est un grand mot: «Je ne crois pas à l’acte magique, affirme le pasteur qui, sur sa carrière, a eu affaire à une dizaine de cas. Mais, comme la parole d’un psy, la parole d’un prêtre ou d’un pasteur peut amener quelqu’un à changer de vie». Par «exorcisme», il comprend donc «une écoute attentionnée» et, parfois, quelques gestes: apposer les mains sur le visage, lire un extrait de la bible, mais «sans bougies, ni cinéma!». Pourtant, des dérives existent «aux frontières des mouvements chrétiens ou protestants… ou les milieux ethniques traditionnels africains ou sud-américains».

 

L’Église de France reconnaît des dérives sectaires en son sein

Le Figaro 14/11/2013 – Jean-Marie Guénois. L’Église catholique, comme toute institution, n’aime pas reconnaître publiquement des scandales internes. C’est pourtant ce que vient de faire le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, en répondant officiellement à un groupe d’une quarantaine de «victimes de dérives sectaires au sein de différents mouvements d’Église et congrégations religieuses» qui avaient adressé aux évêques réunis en assemblée plénière la semaine dernière à Lourdes un «appel» pour dénoncer des «dégâts» humains dont ils ont été victimes dans le cadre des communautés dites «nouvelles» et dont les effets décrits peuvent aller de la «dépression», au «suicide» ou la «destruction de personnalités».

La nouveauté de cette affaire ne réside pas tant dans la dénonciation d’abus sexuels que quelques-uns des plaignants ont subis mais dans celle d’«abus spirituel», un concept encore peu usité. Le fondateur, ou le supérieur, utilise son aura et son pouvoir spirituel sur des personnalités souvent jeunes et fragiles, pour enfermer leur liberté dans une dépendance totale afin d’obtenir d’elles le silence absolu couvrant d’éventuels abus sexuels ou autres abus de pouvoir.

La seconde originalité tient au fait que c’est la première fois que sont mises ainsi officiellement en cause quatorze «communautés nouvelles» qui ont été et continuent d’être, en France notamment, les symboles de la «nouvelle évangélisation». Elle représente une floraison d’initiatives pastorales, souvent d’inspiration charismatique mais pas toujours, qui a comme réveillé le paysage catholique français ces trente dernières années et qui en fournit toujours la majeure partie des forces vives.

Sur les quatorze noms de communautés cités par les victimes, seuls cinq à ce jour ont été l’objet de procès canoniques ou de révélations publiques, objectifs et indiscutables: les Béatitudes(suspension du fondateur, Frère Ephraïm en 2008), la Légion du Christ (suspension du fondateur, le père Maciel, en 2006), Points-Cœur (condamnation canonique du fondateur père Thierry de Roucy en 2011), la Communauté Saint-Jean (accusations officiellement reconnues en mai 2013 par l’ordre contre le fondateur le père Philippe, décédé), les anciens collaborateurs du père Labaky (interdiction canonique de célébration en juin 2013).

Dans sa lettre, Mgr Pontier évite donc le risque d’amalgame que cette démarche collective contiendrait si l’on réduisait le dynamisme de ces communautés nouvelles aux graves fautes de quelques individus, fussent-ils des fondateurs, mais il souligne la question centrale de la «liberté spirituelle». En clair: la manipulation des consciences. «L’Évangile du Christ que nous voulons servir, rétorque-t-il, est une école de liberté spirituelle.»

Au nom «de tous les évêques», il reconnaît que des «pratiques» contraires à ce respect des consciences «nous heurtent et nous choquent». Il rappelle que par le passé les évêques «ont alerté les fidèles mais aussi les familles sur le danger de certains groupes» et qu’ils ont «interpellé des responsables» mais que «bien souvent» ils n’avaient alors reçu que «méfiance et silence» pour réponse.

Le président des évêques s’engage donc, auprès des victimes, à les aider dans leur «reconstruction» en demandant à tous les évêques de prêter à ces situations une «oreille attentive et compréhensive» – le service compétent de l’épiscopat a été de fait réformé en ce sens mercredi – et appelle les victimes «lorsqu’il y a matière» à «porter plainte».

L’un des signataires de l’appel ne tient pas à se mettre en avant puisque les signataires forment un collectif mais son autorité morale reconnue a joué un rôle décisif dans cette prise en compte épiscopale. Il s’agit d’Yves Hamant, professeur d’université émérite, spécialiste de la civilisation russe qui fut l’un des proches de Soljenitsyne. Sa famille a été concernée par les agissements du père Thierry de Roucy, fondateur du réseau Points-Cœur (qui envoie des jeunes dans les pires banlieues du monde pour un «ministère de compassion» avec les plus pauvres). Ce religieux a été condamné le 21 juin 2011, par le tribunal ecclésiastique de Lyon pour «abus sexuel», «abus de pouvoir» et «absolution de la victime» – en l’occurrence, son adjoint, un prêtre majeur qui a subi sept années d’emprise et a fini par s’opposer. Si Yves Hamant a décidé d’agir, ce n’est pas «pour nuire à l’Église mais pour avertir et protéger les jeunes, dénoncer la manipulation des consciences et que les fruits portés par ces œuvres ne justifient plus l’omerta imposée dans les communautés, car ce sont des vies entières qui sont détruites en silence.» Il demande aussi le respect du droit canonique «séparant le for interne et le for externe» pour la liberté des consciences. En un mot que les supérieurs des communautés n’en soient plus, aussi, les confesseurs.

Un livre-témoignage sur les légionnaires du Christ

Fait-religieux.com – Patrick Sbalchiero – 24.10.2013. 

En 1941, après une inspiration divine, Marcial Maciel, prêtre mexicain mort le 30 janvier 2008, fonde la Légion du Christ. Le but affiché de cette organisation est de soutenir l’Église catholique dans l’évangélisation de la vie quotidienne des fidèles. Au service du Saint-Siège, les légionnaires ont depuis lors essaimé sur les cinq continents. Aujourd’hui, fort de 70 000 membres laïcs (le Regnum Christi) et d’un millier de prêtres, d’une présence dans les universités et de son influence au Vatican, le mouvement est devenu l’un des principaux piliers de la papauté. De Pie XII à Benoît XVI, les papes successifs lui ont accordé confiance et aide, faisant de la Légion une armée en ordre de marche au service de la « nouvelle évangélisation ».

La face sombre

Une montée en puissance d’autant plus étrange que le père Maciel fut très vite accusé d’actes délictueux d’une extrême gravité : abus sexuels sur mineurs, toxicomanie, etc. Une première dénonciation fut suivie d’une enquête à la fin des années 50. En vain. Pendant plus d’un demi-siècle, ce fondateur va donc mener une double vie et organiser une véritable omerta quant à ses déviances et délits. Jean-Paul II lui accorde même son amitié au nom de leur lutte commune contre le communisme. Enfin, les scandales s’accumulant, Benoît XVI lui demandera de se retirer.

Quant au pape François, il a élevé l’été dernier le père Fernando Vérgez Alzaga, légionnaire du Christ, à l’ordre épiscopal et l’a nommé secrétaire du gouvernorat de l’Etat de la cité du Vatican. Poste important pour un homme qui est déjà à la direction des télécommunications du Saint-Siège. Quel sens donner à cette nomination ? On peut s’interroger, surtout après la lecture du livre-témoignage, paru en septembre, de Xavier Léger, lui-même ancien légionnaire du Christ.

Un livre courageux

Au fil des pages, l’auteur démonte les mécanismes de captation puis d’emprise qu’il a subis au cours de ses sept années au service de l’organisation. Outre la coupure avec le passé, avec sa famille et son univers habituel, il raconte l’emploi du temps démentiel n’accordant pas une minute de répit entre 5 heures 30 et 22 heures ; les manipulations mentales transformant le futur légionnaire en admirateur hébété de Nuestro Padre (le père Maciel), la surveillance et la censure des supérieurs, autorisés à ouvrir le courrier, les règlements intérieurs infantilisant, comme la coiffure avec la raie à droite, ou la façon de monter et descendre les escaliers…

On découvre ainsi une société rigoureusement fermée, extrêmement hiérarchisée, autoritaire, centrée autour du culte du fondateur et de ses écrits. Au sein de la Légion du Christ, la liberté de conscience est inexistante, la culpabilisation permanente, et une vision manichéenne du monde qui implique la présence permanente du diable et du mal et la nostalgie d’un hypothétique âge d’or de la chrétienté. Le reste n’est que décadence. A lire Xavier Léger, le terme de spiritualité est peu adapté pour rendre compte du vécu légionnaire, on découvre plutôt un ensemble de règles et d’examens pratiques qui visent à en faire un soldat obéissant et efficace dans son combat contre le changement, contre ce que Pie X avait baptisé du terme de « modernisme » pour qualifier un monde en perdition.

Une secte en bonne et due forme

L’organisation pèse aujourd’hui autour de 20 milliards de dollars. Un trésor accumulé grâce aux méthodes du père Maciel : proximité avec les milieux financiers, collusion avec tous les régimes politiques, captations d’héritages, abus de faiblesse, etc. En France, l’association « Génération Entreprise » et son leader, le père Rafael, aujourd’hui défroqué et exilé en Argentine, reste un triste exemple des capacités manipulatrices de ces religieux. Et, constate l’ex-légionnaire, rares furent les prélats (nord-américains ou français) qui ont osé interdire la présence légionnaire dans leur diocèse. Il va même plus loin dans son interrogation critique. Pour lui, le Vatican a couvert les dérives de cette organisation et de son leader charismatique. Certes, Benoit XVI a bien demandé au père Maciel de se retirer dans la solitude, mais il ne fut guère obéi et souligne Xavier Léger, le pape n’osera jamais engager un procès ecclésiastique à son encontre.

Aujourd’hui, une question demeure : que va faire le pape François de cette puissante armée? Moi, ancien légionnaire du Christ, 7 ans dans une secte au cœur de l’Eglise – Xavier Léger, en collaboration avec Bernard Nicolas – Edinitions Flammarion – 352 pages ; 21 euros

http://www.fait-religieux.com/culture/livres/2013/10/24/un-livre-temoignage-sur-les-legionnaires-du-christCHAMANISME

L’Église de France crée un service national d’accueil des victimes de dérives sectaires.

À l’occasion du réaménagement de son Service national Nouvelles croyances et dérives sectaires, et sous l’impulsion de Mgr Michel Dubost (Évry), président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux dont il dépend, la Conférence des évêques de France (CEF) s’est dotée d’un service national d’accueil des victimes de dérives sectaires dans les communautés ecclésiales.  « Il y aura enfin un accueil officiel des victimes dans l’Église. C’est une excellente nouvelle, car elles souffrent d’une suspicion systématique, se félicite un bon connaisseur du dossier. Bien sûr, certaines victimes exagèrent, ou sont dans la reconstruction, mais il s’agit d’une minorité. ».                                                                                                       La Croix – 10/9/13

Les Béatitudes peuvent-elles être sauvées ?

La vie -Publié le 14/06/2012

Ébranlée par de graves scandales et dérives, cette communauté de religieux et de laïcs connaît une refondation délicate.

C’est un château perdu dans la forêt aveyronnaise… Ils sont quatre, le père Jean-Baptiste Tison, Alain, Gisèle et Murielle, à faire vivre ­Bonnecombe. Quatre anciens des Béatitudes, à se battre depuis dix ans pour dire leur vérité, celle des vic­times d’une certaine époque de la communauté. Une mémoire qui ­permet de comprendre le travail de refondation qui a lieu en ce moment dans cette communauté nouvelle, issue du renouveau charismatique.

Quand il arrive en 1975, Alain est toxicomane « et complètement paumé ». Il rencontre Ephraïm, le fondateur et modérateur général, qui en fait rapidement l’un de ses possibles successeurs. À l’époque, il ressent de violentes douleurs dans les articulations, une conséquence de son addiction à la drogue. Ephraïm le convainc qu’il vit la Passion du Christ : « Chaque vendredi, je restais alité en me tordant de douleur, je ne laissais personne m’approcher. » Ephraïm pra­tique alors sur lui des exorcismes à répétition et expérimente ses techniques psychospirituelles : « J’étais son cobaye, je subissais des séances de
programmation neurolinguistique, d’hypnose… Pour se justifier, il disait que la Vierge lui était apparue. »

Ephraïm lui faisait porter un habit religieux, lui disait qu’il était prophète, voulait en faire un prêtre. Près de 30 ans plus tard, Alain, aidé par les trois autres, finit par consulter un psychiatre qui pose un diagnostic. Sous traitement médical, il prend conscience de ce qui lui est arrivé, de ce que, sous influence, il a fait subir aux autres. Depuis, il essaie de se reconstruire en acceptant ses souvenirs. Lucide, il explique : « La reconstruction passe par l’acceptation de la vérité. »

Mais évidemment il n’y a pas que ceux de Bonnecombe. En 2006, d’anciens communautaires, Myriam, infirmière en psychiatrie, et Pascal Michelena publient un livre choc, les Marchands d’âmes (Golias). Ils y racontent leur passage aux Béati­tudes de 1998 à 2002. Ils dénoncent des abus de pouvoir et des problèmes de confusion mentale consécutifs à des dérives dans l’exercice de pratiques mélangeant le psychologique et le spirituel. En 2007, le Vatican donne une série de directives à la communauté pour améliorer la situation, notamment celle de « choisir entre la vie monastique ou celle d’une communauté de laïcs ». En effet, l’intuition originale d’Ephraïm est de rassembler laïcs, religieux et religieuses pour vivre pleinement la communion des états de vie dans l’esprit de Vatican II… »

Le Vatican place donc la communauté sous l’autorité de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée (CIVC), à la fin de l’année 2008. C’est alors que survient un nouveau scandale. Une affaire de pédophilie met en cause le chantre de la communauté, Pierre-Étienne Albert, un proche d’Ephraïm, qui avoue une cinquantaine d’agressions perpétrées sur des enfants âgés de 5 à 14 ans, commises entre 1985 et 2000, et accuse les anciens modérateurs d’avoir couvert ses agissements malgré ses appels à l’aide. Jugé coupable par le tribunal de Rodez, en décembre 2011, il purge une peine de cinq ans de prison. Face à la complexité des problématiques, la CIVC a nommé un commissaire pontifical, Henry Donneaud, frère dominicain, pour reprendre les rênes des Béatitudes en 2010. Pour être sauvées, explique le Vatican, les Béatitudes doivent accepter de se refonder. Cesser les pratiques d’accompagnement psychospirituel. « Je me souviens d’une femme qui avait subi un viol, raconte Gisèle. L’animateur de la session lui a demandé de revivre son viol en souvenir… Pendant des semaines, elle a été hantée par des cauchemars de plus en plus traumatisants. »

Décompensations, ruptures fami­liales : en 2005, déjà, un rapport confi­dentiel de l’Église catholique adressé aux évêques de France et aux responsables de communautés religieuses tirait la sonnette d’alarme sur « la confusion entre psychologique et spirituel dans les communautés ». À l’époque, certains « praticiens » cumulaient les pouvoirs de psychothérapeute, d’accompagnateur spi­rituel et, parfois, de responsable de maison. Depuis la parution des directives vaticanes en 2007, affirme Henry Donneaud, « les pratiques mélangeant le psychologique et le spirituel ont complètement cessé dans la communauté ». La difficulté est que « des dérives résiduelles ont persisté, dans des endroits fondés par Ephraïm à un moment où il n’était plus à la tête de la communauté. Des endroits qui n’ont rien à voir avec les Béatitudes et sont sous la surveillance des dio­cèses concernés. »
Pour ce qui concerne les Béatitudes, à Cuq-­les-Vielmur (Tarn), des « sessions de restauration intérieure » dites « Nicodème » ont succédé aux anciennes sessions de « guérison »… D’anciens communau­taires craignent que le contenu des retraites ne soit le même qu’avant. Une accusation que réfute le frère Bernard-Marie, responsable du lieu : « Ce sont des retraites spirituelles… Si la personne manifeste une difficulté psycholo­gique, nous l’incitons à faire un travail thérapeutique avec un spécialiste. En aucun cas, nous ne pratiquons nous-mêmes de thérapie, il est évident que ce n’est pas de notre ressort. »

Par ailleurs, depuis les débuts, laïcs et religieux partagent une même vie communautaire. Mais, à force d’être proches, des couples et des familles calquent leur mode de vie sur celui des moines, décidant d’être aussi pauvres, obéissants et chastes qu’eux. Inversement, Ephraïm, diacre et fondateur, a reconnu des « unions mys­tiques » avec des sœurs… En 2007, le Vatican notait même « avec surprise l’expression “enfants communautaires” », ce qu’il juge « inadmissible ». Pour remédier à cette confusion, pointée comme « l’un des principaux points de dérive »… Il est désormais obligatoire, dans les couples, que l’un des conjoints travaille : le but est de s’assurer que les familles soient financièrement indépendantes. Les situations ne sont cependant pas comparables d’une maison à l’autre et évoluent avec le temps. Dans certains lieux, les laïcs bénéficient d’une grande auto­nomie depuis les débuts… D’anciens membres des Béatitudes se retournent aujourd’hui contre la Communauté : ils portent plainte devant les prud’hommes pour obtenir le recouvrement de cotisations de retraite non payées. À 60 ans, Gisèle se trouve dans cette situation. Dans sa cuisine fraîche où elle nous reçoit, elle jette quelques bûches dans le poêle à bois et commence son récit. Infirmière, elle a vécu en communauté de 1982 à 2009 comme laïque consacrée. À l’époque, elle fait don de ses biens. Pendant près de 30 ans, elle s’est occupée successivement du tri des médicaments, de la garde d’enfants, de chantiers de réfection, de convois humanitaires en Russie, de la formation des nouveaux arrivants… Jusqu’en 2000, aucune cotisation retraite n’a été versée. En quittant les Béatitudes, elle se retrouve sans économies, avec pour toutes ressources 400 € de RSA mensuels et demande un rappel de salaires pour les cinq dernières années, ainsi que le recouvrement de ses cotisations non payées… Henry Donneaud évoque la situation financière avec gravité : «… Si la communauté devait tout assumer immédiatement, elle n’aurait plus qu’à se mettre en liquidation, et tout le monde serait perdant. »

Le deuxième défi, et non des moindres, est celui de la mémoire. En 2011, quand ils apprennent les « graves manquements » d’Ephraïm et les « faits moralement graves » perpétrés par son beau-frère et successeur ­Philippe Madre, par un communiqué de presse d’Henry Donneaud, la plupart des membres tombent des nues. Certains refusent de le croire… François-Xavier Wallays, dernier modérateur général, était présenté dès 2000 comme le « sauveur de la communauté » par Ephraïm… Ses détracteurs lui reprochaient un mode de gouvernance autoritaire, un manque de dialogue et une mauvaise circu­lation des informations. Lors d’élections internes qui s’étaient tenues en octobre 2011, il avait été réélu, comme d’autres membres de l’ancienne équipe dirigeante.

Dans la communauté, certains se disaient que si l’Église avait vraiment désapprouvé son mode de gouvernement et ses conceptions, elle l’aurait dit clairement… Et les divisions s’accentuaient. Mais les choses ont changé. Le Vatican a expliqué qu’il ne souhaitait pas du tout que François-Xavier Wallays siège à la prochaine assemblée générale, ni qu’il participe à la future gouvernance de la communauté. Signe des temps, la décision de fermer la maison de ­Cordes-sur-Ciel (Tarn) vient d’être prise…

Egalement émission de Canal + “Dans l’enfer des Béatitudes” rediffusions le 2 juillet à 22h30 avec décodeur et le 8 juillet à 12h30 sans décodeur

http://www.lavie.fr/recherche/web.php?q=beatitude&x=0&y=0
http://www.lavie.fr/hebdo/2012/3485/splendeurs-et-miseres-d-un-charisme-12-06-2012-28409_326.php
http://www.lavie.fr/hebdo/2012/3485/les-beatitudes-peuvent-elles-etre-sauvees-12-06-2012-28410_326.php
http://www.lavie.fr/hebdo/2012/3485/l-histoire-des-communautes-est-faite-de-purifications-12-06-2012-28408_326.php

L’Eglise cherche à mieux baliser les sessions de « guérison spirituelle » LA CROIX 4 janvier 2012

Le nombre de sessions de guérison spirituelle organisées par l’Église catholique s’est multiplié ces dernières années, avec, selon les chiffres de « La Croix », 25 000 Français concernés en dix ans.
Suite à un certain nombre de plaintes et à certaines dérives, l’épiscopat a publié un document resté confidentiel pour mieux pointer les risques et dérives possibles.
Les responsables de ces retraites mettent l’accent sur l’indispensable formation des accompagnateurs. (…) Magali Raoul, sœur consacrée du Chemin-Neuf, médecin, responsable de la formation Siloé, confirme : « Nos sessions sont suivies par un psychiatre non pour proposer une démarche thérapeutique au sens médical du terme, mais pour nous aider à discerner dans le chemin spirituel de la personne ce qui peut relever d’un problème psychologique… Il faut être formé pour ne pas tout mélanger. Cela nous permet en outre d’orienter éventuellement les personnes vers une psychothérapie. »

Des dérives difficiles à rattraper

Pour autant, si un grand nombre salue les bienfaits de ces retraites, des plaintes de certains retraitants ou de leurs familles inquiètent l’Église. Ici c’est un prêtre qui quitte le sacerdoce, là des couples en déroute… Dans plusieurs cas, des personnes sont revenues chez elles persuadées d’avoir été victimes d’inceste et ont rompu avec leurs familles. « Trois dossiers m’arrivent chaque semaine », tempête Jeanine Dijoux, secrétaire générale du Collectif des victimes des dérives du psycho-spirituel, qui regroupe plusieurs centaines de personnes au sein du Centre contre les manipulations mentales (CCMM). « Comment des chrétiens qui n’ont aucune compétence se permettent-ils de manipuler des domaines aussi sensibles ? Ce sont des apprentis sorciers ! Il faut que l’Église reconnaisse les victimes de ces pratiques psycho-spirituelles sauvages. »  Dans les diocèses, deux centres ont récemment été fermés : Kinor, dans les Landes, tenu par l’ancien responsable des Béatitudes, Ephraïm, tandis que des responsables de la Communion Marie-Reine, dans le diocèse de Laval, ont été interdits d’enseignement.Avis divergents au sein de l’Eglise

Les plaintes sont suffisamment graves pour que les évêques aient mis en place il y a un an un comité d’experts sur le « Spirituel et psychologique » auprès du service Pastorale, nouvelles croyances et dérives sectaires de l’épiscopat. Ce dernier vient de remettre aux évêques un document resté confidentiel. « Ce qui est en jeu, c’est le sanctuaire inaliénable de la liberté de l’homme », alerte Bertran Chaudet, diacre au Mans et co-coordinateur de ce service. Le sujet est si épineux que, même parmi ces experts mandatés par l’Église, les avis sont partagés. Certains sont catégoriques : ce type de retraite est « une fausse piste », inoffensive pour des personnes relativement équilibrées, mais très dangereuse pour des personnalités fragiles. Certains estiment qu’ils conduisent à induire des faux souvenirs, à manipuler le vécu des personnes et, en « psychologisant » le message évangélique, à réduire le salut à une « idéologie » de la blessure et de la guérison.« Des dégâts terribles »

« Quand la personne entre dans un climat psycho-émotionnel fort, ses défenses tombent. Si certains ‘‘souvenirs’’ sont trop rapidement confirmés par un accompagnateur mal formé, qui plus est avec une autorité spirituelle, les dégâts sont terribles », s’alarme l’un d’eux. En clair, les chrétiens en souffrance devraient en rester à un accompagnement spirituel d’un côté et, de l’autre, une psychothérapie.

Béatitudes

Nuages sur l’abbaye de Bonnecombe – Église en Rouergue
LA DEPECHE /  le 16/04/2010.  Muriel Gauthier, ancienne membre de la communauté des Béatitudes qui a incité «Pierre-Etienne» à se dénoncer pour actes pédophiles, pousse aujourd’hui un cri de douleur. Dans un texte rendu public, elle met en cause la «campagne de dénigrement» dont elle s’estime victime, témoignages à l’appui. Au-delà de l’appel au secours, elle et les autres occupants de Bonnecombe ne savent plus vers qui se tourner. «On a quitté les Béatitudes, explique-t-elle. Mais ici on est encore cinq. On entretient les locaux et les terrains. On a créé une association pour envisager un avenir à l’abbaye, comme nous y avons été incités. Et aujourd’hui on ne voit rien venir. Nous sommes face à un mur». L’évêché a proposé il y a quelque temps un déménagement du groupe vers un ancien presbytère près d’Entraygues. «Trop petit et en dehors de tout circuit où l’on pourrait développer une activité», estime sœur Gisèle. En coulisses, côté collectivités, certains s’agitent pour monter un projet «culturel et touristique» qui pourrait avoir une cohérence, mais qui écarterait les «gêneurs». Paradoxe et injustice, ceux-là même qui ont permis de protéger des enfants en mettant fin aux agissements d’un ecclésiastique pédophile n’arrivent pas à trouver une nouvelle place dans l’église. «On demande une médiation, on nous la refuse, affirme Muriel. Nous avons un engagement vis-à-vis du Christ et entre nous. Nous cherchons désespérément un évêque qui voudrait bien nous accueillir».

Lettre ouverte : Muriel Gauthier écrit aux prêtres et catholiques. «Ma lettre n’a qu’un seul but, celui d’implorer auprès de vous une attitude plus objective quant à la dénonciation de pédophilie que j’ai faite en ce qui concerne Pierre-Etienne Albert (ancien frère de la Communauté des Béatitudes). Force est de constater que bon nombre d’entre vous atteignent ma réputation et non satisfaits de s’arrêter là, exacerbent malheureusement la faiblesse de quelques personnes qui n’hésitent pas à venir à Bonnecombe où je réside pour m’agresser publiquement. Je tiens pour responsables toutes les langues malveillantes qui participent à un acharnement qui a trop duré (…) Comment se fait-il que vous puissiez participer au lynchage d’une personne qui a protégé les enfants ? Qu’y a-t-il de tellement dérangeant pour que vous en arriviez à me faire un procès et à nuire à ma vie sociale et ecclésiale ? Laissez donc la justice rendre son verdict et ayez soin de ne plus m’accabler et m’outrager à cause du dérangement que vous procure cette douloureuse affaire. (…)Sachez que je n’ai plus l’intention de subir ce que je suis en droit de nommer des « pressions ». Dans le cas contraire je me verrai contrainte de porter ces faits devant la justice.

Béatitudes

Saint-Broladre. Incendie suspect à la fabrique de cierges
LE TELEGRAMME 17 septembre 2009. Le feu s’est déclaré hier vers 2h et a totalement détruit le grand bâtiment de 300m² qui abritait la fabrique de cierges de Saint-Broladre (35). Hier soir, la cause du sinistre restait indéterminée. Accident ou acte criminel ? Rien ne permet de privilégier la seconde piste, si ce n’est que la «Communauté des Béatitudes», dont fait partie la «Maison de l’Enfant Jésus Roi d’Amour» où est exploitée la ciergerie, souffre d’une réputation sulfureuse, alimentée par des soupçons de manipulations et de mauvais traitements.
La communauté a été créée en 1973 par deux couples qui ont fondé la première «maison» à Montpellier. Elle a ensuite pris de l’ampleur, puisqu’elle compte aujourd’hui près de 80 implantations dans le monde, dont une quinzaine en France. Deux sont situées en Bretagne: Saint-Broladre et Iffendic (35). Constituée sous la forme d’association catholique de fidèles, elle réunit des prêtres, des religieuses, des célibataires et des couples mariés. Ses rites sont inspirés des traditions judaïques et certaines maisons abritent des centres de psychothérapie. Reconnue par l’Église en 2002, l’association a perdu l’an dernier son agrément pontifical. Motif avancé: la mixité, qui «pourrait générer la confusion et favoriser des liens affectifs désordonnés».
Enquête en Midi-Pyrénées
Déjà, des accusations avaient été portées contre des «maisons» installées en Midi-Pyrénées. Une plainte pour abus de faiblesse avait été classée sans suite. D’autres témoignages ont suivi, faisant état d’«infantilisation» des membres, de manipulation mentale, de mauvais traitements, d’abus sexuels et de suicides d’adolescents. L’affaire est remontée à la Miviludes (*), qui a alerté le préfet concerné. Une enquête judiciaire est en cours et des investigations sont menées dans les antennes de la communauté, même celles qui n’ont fait l’objet d’aucune mise en cause, comme celle de Saint-Broladre qui est d’une totale discrétion et n’a jamais fait parler d’elle.

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