• 19 mars 2024 4 h 58 min

Association GEMPPI

Aide aux victimes / Informations / Sensibilisation sur les dérives sectaires

Temps de lecture : 6 min.

Marly : les victimes de la prêtresse réclament des centaines de milliers d'euros

Le Parisien – 18 Févr. 2016 –  Frédéric Naizot

Quel est le prix de dix-huit années perdues dans une secte ? Celui d'une jeunesse « passée à la trappe » et d'une obstruction aux soins qui coûte une stérilité définitive ?

Ce jeudi après-midi, les avocats des victimes du temple de Marly-la-Ville se sont livrés à l'exercice délicat et souvent impossible du chiffrage du préjudice moral et matériel des victimes.  Au total, ce sont plusieurs centaines de milliers d'euros que les ex-fidèles réclament à leur grande prêtresse. Mélitte Jasmin, 65 ans, est jugée depuis ce mardi devant le tribunal correctionnel pour abus de faiblesse sur personnes en état de sujétion psychologique. Ses deux filles jumelles et son mari comparaissent pour complicité, tous soupçonnés d'avoir dépouillé leurs fidèles sous couvert de religion animiste.

« S'être servi de cette religion issue de l'esclavagisme pour asservir les fidèles : il est là le tour de force de Mme Jasmin », a souligné Me Frédéric Aguillon, l'avocat de plusieurs victimes d'une même famille.

Il a repris un à un les critères de la (mission de contre les dérives sectaires) : « Brimades, humiliation, violence, le code vestimentaire, un lexique propre au groupe, le manque de sommeil, les exigences financières, l'endettement…, nous sommes bien en présence d'une dérive sectaire. » …« Il y a de toute façon, au départ, un état de faiblesse, un accident de la vie, un décès, la maladie. Cela débute par un processus de réassurance qui va vous redonner confiance. Puis vient le stade de l'infantilisation. On l'appelle Maman. C'est une façon d'annihiler la personne. Vient ensuite le stade du parcours initiatique qui permet de développer davantage la soumission. On perd le contrôle de sa vie. » –  Il évoque celle de Septime, 86 ans aujourd'hui.

« Dix-huit ans à faire le larbin, à construire la maison des Jasmin à Mortagne-au-Perche, dans l'Orne, cassant la glace l'hiver pour se laver. »

L'avocat réclame pour lui 50 000 € de préjudice moral et 265 000 € de préjudice matériel.  Toutes les parties civiles ont demandé à leur ancienne grande prêtresse de les indemniser à hauteur de 15 000 € et plus, au titre du préjudice moral, et jusqu'à 200 000 € de préjudice matériel. Leurs avocats dénonçant « la manipulation mentale sur des personnes en détresse psychologique ». Comme Murielle, rincée dès son entrée au temple : 30 000 € de retraits d'espèces, dont 15 000 € « pour rendre fidèle son mari ».  Auparavant, des proches de Mélitte Jasmin étaient venus témoigner en sa faveur, à l'initiative de Me Frédéric Delaméa, l'avocat des prévenus qui contestent toutes les accusations, notamment celle de secte. « Ils n'ont apporté que de bonnes choses aux gens qui ont porté plainte », assure une jeune femme à la barre.

 « Leur vie est aujourd'hui brisée en mille morceaux. Ils ne l'ont pas mérité. La famille a été marquée au fer rouge comme au temps de l' ! » …Réquisition du procureur ce vendredi matin.

http://www.leparisien.fr/marly-la-ville-95670/marly-les-victimes-de-la-pretresse-reclament-des-centaines-de-milliers-d-euros-18-02-2016-5558279.php

 

La grande prêtresse vaudou renvoyée en correctionnelle

Le Parisien, Frédéric Naizot, 03 Mai 2015. Marly-la-Ville.

Le pavillon où se déroulaient les cérémonies orchestrées par Mélite J. La prêtresse vient d'être renvoyée devant le tribunal correctionnel. (LP/Fr.N.).

La prêtresse présidait le rituel vaudou : elle devra s'expliquer devant le tribunal. Mélite J., 65 ans, vient d'être renvoyée avec ses deux filles et son mari devant le tribunal correctionnel par un juge d'instruction de Pontoise. Ce procès d'une secte présumée, une première dans ce département, aura lieu dans les prochains mois.

Marly-la-Ville : Sylvie a passé 18 ans sous la coupe de la prêtresse vaudoue. Voyante, guérisseuse, celle qui se faisait appeler « Maman » par ses fidèles est poursuivie pour avoir « frauduleusement abusé de l'état d'ignorance ou de la situation de faiblesse de personnes en état de sujétions psychologique ou physique ». Une qualification juridique qui recouvre parfaitement la notion de secte, comme en témoignent les nombreux fidèles de la communauté antillaise, originaire de toute l'Ile-de-France, atteints psychologiquement mais aussi dépouillés financièrement, qui ont porté plainte ou ont été entendus.

L'enquête des gendarmes de la brigade de Montmorency (Val-d'Oise) a débuté en 2006. Les premiers témoins décrivent des cérémonies hallucinantes. Dans le temple, des dizaines de poulets sont sacrifiés à coup de sabre au cours de la nuit, quelquefois des chèvres. Les adeptes sont aspergés de sang dans un rituel de purification. En transe, la prêtresse change de voix, habitée dit-elle par les Saints qui s'adressent aux fidèles. Elle brandit un crâne humain, ses filles jouent du tambour.

Des scènes d'hystérie collective racontées par des fidèles qui préfèrent, à l'époque, rester anonymes, parfois par peur des maléfices.

Ils détaillent aussi une organisation précise. Les fidèles réunis constituent la « société », et parmi eux figurent les « initiés debout » et les « initiés couchés ». Et tout au sommet de la pyramide, « Maman », assistée de son mari, qui veille à la sécurité.

Les premières plaintes qui arrivent en 2007 décrivent les cérémonies qui regroupent toute la nuit des dizaines de personnes dans une salle exiguë. Il est aussi question de violences, d'humiliations et, au final d'emprise sur des hommes et des femmes qui ont souvent rejoint le temple par le bouche à oreille, après avoir rencontré de graves difficultés dans leurs vies, des deuils, parfois d'enfants, des séparations, des problèmes de santé.

L'argent était aussi au cœur du fonctionnement tarifé du temple. Autour de 100 € la simple consultation, 3 000 € pour un « travail », plus de 10 000 € pour une initiation, sans compter les nombreux dons en nourriture à effectuer pour les saints et à partager lors des cérémonies.

Certaines victimes ont évalué les sommes versées au fils des années à des dizaines de milliers d'euros. « La déstabilisation mentale, la captation de la richesse des fidèles, la rupture avec les relations passées, l'embrigadement des enfants, le langage propre au groupe, l'engagement exclusif auprès de celui-ci, l'atteinte à l'intégrité physique et psychique… La plupart des critères définis par les différentes commissions d'enquêtes parlementaires qui ont travaillé sur les dérives sectaires sont réunis dans ce dossier », souligne Me Frédéric Aguillon, avocat de plusieurs parties civiles. « Les sujets étaient complètement laminés, infantilisés, mis sous la pression du groupe. Ils ont contracté des prêts, vendu des maisons. »

La famille conteste l'accusation de dérive sectaire

« Nous ne souhaitons pas nous exprimer avant le procès. La procédure est en cours. » Contactée, la famille n'a pas souhaité présenter sa défense avant l'audience. Au cours de l'instruction, Mélite J. a reconnu des services payants, les tarifs, tout en comparant son activité à celle d'un avocat ou un psychiatre.

Elle a assuré qu'il n'y avait aucune obligation de présence. Si elle admet que les personnes venaient vers elle en situation de fragilité, son but était justement de les aider et les apaiser. Elle a réfuté toute technique d'emprise mentale par l'humiliation. Elle qualifie aussi les sacrifices de « coutume guadeloupéenne ».

Une de ses filles conteste formellement le terme de secte. Au cours de l'enquête, il est aussi apparu que la majorité des membres du temple ont contesté appartenir à un mouvement sectaire, insistant sur la liberté qui était la leur d'assister ou non aux cérémonies, estimant aussi le prix des prestations raisonnables. Après un premier , certains sont toutefois revenus sur leurs déclarations en venant déposer plainte, indiquant être sous l'emprise de « Maman » lors de leur première déposition.

http://www.leparisien.fr/marly-la-ville-95670/marly-la-grande-pretresse-vaudou-renvoyee-en-correctionnelle-03-05-2015-4742073.php

Viols et rites vaudous à Pierrefitte-sur-Seine : 14 ans de prison

metronews 30-11-2013. 

La mère et l'oncle d'une adolescente violée à plusieurs reprises sous prétexte d' vaudou ont été condamnés vendredi par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis. Il risquait 20 ans de prison, il en aura 14. Un Togolais de 28 ans, a en effet été reconnu coupable de viols, mais aussi de violences sexuelles imposées à une adolescente de 14 ans et à ses deux sœurs aînées, entre 2010 et début 2011, lors de cérémonies rituelles. Il a été condamné à quatorze ans de réclusion criminelle. La mère de la jeune , accusée d'avoir cautionné ces violences, mais aussi d'avoir fourni des préservatifs au violeur afin qu'il “désenvoûte” sa fille cadette, a été condamnée à sept ans de prison.

Ces personnes ont-elles été guidées par la folie ? La justice a tranché. “C'est elle (la mère, ndlr) qui a convaincu sa fille, c'est elle qui l'a mise en confiance. Elle a ni plus ni moins livré sa fille au violeur, sous son toit”, avait souligné la représentante du parquet, évoquant un “tandem redoutable” formé par les coaccusés. “Cette croyance vaudou qui est invoquée n'est qu'un habillage”, avait-elle ajouté. L'accusé “ne souffre d'aucune pathologie mentale, il n'est pas dans un délire.

“Il lui disait qu'il agissait pour son bien”

L'adolescente, aujourd'hui âgée de 17 ans, vivait à l'époque des faits au domicile de sa tante, à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), où elle avait emménagé pour suivre des études dans un établissement jugé plus strict par sa mère. C'est dans une chambre de cet appartement, situé dans la Cité des Joncherolles, qu'elle a été violée à cinq reprises par l'accusé. L'adolescente était priée de se taire. “Il lui disait qu'il agissait pour son bien”, “pour la libérer d'un esprit moitié poisson moitié femme qui habitait en elle”, raconte la source proche du dossier, qui évoque une situation de “manipulation psychologique”.

Des faits reconnus par l'accusé, qui s'est excusé à plusieurs reprises lors de l'audience auprès des victimes, mais pas par la mère des adolescentes, qui a nié fermement avoir été au courant des viols infligés à sa fille cadette.

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